BRARD Alfred, Isidore

Par Justinien Raymond

Né à Tournière (Calvados) le 15 juillet 1857, mort à Paris, le 8 mai 1902 ; gazier ; socialiste.

Employé depuis 1881 à la Compagnie du gaz de Paris, Alfred Brard était en 1893 chef d’équipe à l’usine de la Villette où il gagnait 2 100 F par an. Résidant rue de la Courneuve avant 1890, il habitait rue de Flandre en 1893 avec sa femme et ses quatre enfants ; son loyer annuel était alors de 250 F.
Archiviste du syndicat des travailleurs du gaz, il fut candidat du POSR à Aubervilliers (Seine) en 1892. Le groupe ouvrier socialiste indépendant du Pont-de-Flandre (Paris, XIXe arr.) le présenta dans ce quartier en 1893 où, à l’issue d’un 2e tour quadrangulaire, il fut élu contre plusieurs socialistes (16,02 % au 1er tour, 31,94 % au 2e. Réélu en 1896 (35,50 % puis 55,35 %), il échoua aux législatives de 1898 bien qu’ayant devancé, dès le 1er tour (59,61 %) tous ses adversaires socialistes soutenus par le comité général du Parti Socialiste et La Petite République (dont notamment l’allemaniste Jean-Baptiste Lavaud) : il fut alors accusé par les socialistes d’être acheté par le patronat et de jouer dans les conflits de travail se produisant dans son quartier le rôle de briseur de grèves. Réélu en 1900, il ne devait pas achever son mandat.
Il resta jusqu’à sa mort conseiller indépendant ouvrier de son quartier : il avait effectué un bref passage au Comité révolutionnaire central (CRC) d’où il fut exclu pour avoir demandé, sur les instances d’hommes de peine, le licenciement d’un ouvrier soudoyé, selon eux par un contrôleur (1895).
Le dossier Brard des archives de la préfecture de Police contient de nombreuses notations et coupures de presse concernant les initiatives, les « mots », les démêlés domestiques, l’orthographe et l’éthylisme d’Alfred Brard. Nominalement socialiste, sa forte implantation dans le quartier tenait aux liens très étroits qu’il noua avec les nombreux travailleurs du secteur qu’il rencontra tant au café que dans les réunions corporatives, et qu’il aida à trouver des emplois — il déclarait en 1898 avoir placé 900 ouvriers. Il les défendit contre la concurrence des ouvriers étrangers qu’il fit exclure des chantiers du quartier Tyranneau de village dont l’autorité reposait sur un clientélisme de plus en plus « apolitique ». Il n’en reste pas moins que l’ouvrier Brard, pour les travailleurs du gaz dont il était issu, défendait leurs intérêts « contre les candidatures bourgeoises représentées par le marchand de cornichons Gerrouy » (réunion du 8 mai 1896).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article78287, notice BRARD Alfred, Isidore par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

Par Justinien Raymond

SOURCES : Notes biographiques..., op. cit., Bibl. Nat. 4° Ln 25 667 (2) (p. 16). — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes III, pp. 170, 173, 177. — Offerlé Michel, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable