Par Justinien Raymond
Ouvrier typographe à Besançon ; syndicaliste et militant socialiste du Doubs.
Brédillot appartenait à une corporation d’avant-garde dans le mouvement ouvrier. Il fut un des organisateurs de la fédération ouvrière de Besançon et de Franche-Comté. En 1894, il participa à la fondation de la Bourse du Travail, et, au début du siècle, il soutint activement les grandes grèves bisontines.
Il fut un des premiers militants syndicalistes du Doubs à étendre son activité au terrain politique et il s’orienta vers l’allemanisme. En 1896, il resta fidèle au POSR, lorsque, à la suite de H. Perrin, de Zimmer et de l’ouvrier charcutier Conroy, le gros des socialistes bisontins rejoignit le PSR. Cette double orientation apporta dix ans de luttes intestines. Brédillot fonda quelques groupes allemanistes, notamment à Bavans.
En 1898, candidat aux élections législatives dans la 1re circonscription de Besançon, il obtint 597 voix contre 133 à Conroy, son rival socialiste. En 1901, il fut élu au conseil municipal de Besançon. Les démêlés et les querelles qui affaiblissaient le mouvement socialiste dans le Doubs y retardèrent l’unité jusqu’en 1907. L’attitude sectaire puis douteuse de Brédillot n’y fut pas étrangère. Il était, au début du siècle, conducteur typographe à l’imprimerie de Mme Ordinaire, Grande-Rue, quand cette dernière, femme d’un ancien préfet du Doubs, céda son entreprise aux ouvriers qui en firent une coopérative ouvrière de production, « La Solidarité ». Brédillot en devint administrateur. De là daterait l’évolution politique qui, les querelles entre socialistes aidant, l’éloigna de ses anciens camarades. Flatté d’être le fournisseur du parquet, de la préfecture, il se rapprocha des milieux qu’il avait jusqu’ici combattus et, jusqu’en 1919, il fut réélu conseiller municipal dans des conditions de plus en plus équivoques. En 1919, il figura sur une liste de coalition où la droite prédominait et fut battu.
Peu après, « il mourut tout de même en libre penseur », écrit un de ses adversaires socialistes, Henri Perrin.
Par Justinien Raymond
SOURCES : Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., pp. 63-73. — Henri Perrin, Document déposé à la Bourse du Travail de Besançon n° 46