CALVIGNAC Raymond, Albert

Par Jean Belin, Monique Bermond

Né le 18 avril 1878 à Graulhet (Tarn), mort le 1er juillet 1957 à Graulhet ; ouvrier mégissier à Graulhet puis de la chaussure à Dijon (Côte-d’Or) ; syndicaliste CGT du Tarn, puis de Côte-d’Or.

Fils de Jean Joseph Calvignac, menuisier, et Rose Marie Carmes, Raymond Calvignac devint ouvrier mégissier à Graulhet après la fin de sa scolarité. À cette époque, Graulhet fut le premier centre de mégisserie en France et la plupart des ouvriers et ouvrières travaillèrent dans les 80 usines des métiers des cuirs et peaux de la ville. Le 25 juin 1904, Raymond Calvignac épousa Marie Albertine Vidal, une jeune ouvrière de dix-neuf ans dont il eut un fils, Jean Raymond né en 1910. Syndiqué à la CGT avant son incorporation, il milita très tôt, et fut élu secrétaire du syndicat des ouvriers moutonniers en 1907. Homme d’action et organisateur, il fut de tendances syndicalistes révolutionnaires. Il devint, en 1908, secrétaire permanent aux appointements de 100 f par mois. Raymond Calvignac put alors se consacrer exclusivement à la vie syndicale. Il participa à de nombreux congrès : à ceux de la fédération des Cuirs et Peaux, Limoges, septembre 1907 ; Fougères, septembre 1909 ; à des congrès nationaux corporatifs : au XVIe — 10e de la CGT — Marseille, octobre 1908 ; au XVIIe, Toulouse, octobre 1910. En novembre 1908, Raymond Calvignac participa activement à la conduite de la grève des ouvriers mégissiers et, grâce à sa diplomatie, la journée de travail fut réduite de trente minutes pour les hommes et d’une heure pour les femmes. Il organisa aussi la grève de décembre 1909 à mai 1910 qui dura 144 jours. Il fit venir de Paris des dirigeants syndicalistes comme Henri Dret et Victor Griffuelhes, secrétaire général de la Fédération des cuirs et peaux, ainsi que Jean Jaurès. Il favorisa la solidarité en faisant une tournée dans les principaux centres mégissiers de France, entreprit la distribution quotidienne d’une « soupe communiste » mais, la grève fut un échec et le syndicat qui regroupa 1800 syndiqués, soit presque toutes les ouvrières et ouvriers de la mégisserie de Graulhet, fut considérablement affaibli. Calvignac, assigné en justice par les patrons, fut condamné à payer une forte amende pour diffamation. Pendant quelques mois, il continua d’assurer le secrétariat du syndicat, mais la caisse, grevée de lourdes dettes, ne pouvait plus lui verser ses appointements. Considéré comme indésirable par les patrons, rejeté par certains ouvriers déçus et aigris par l’échec de la grève, Raymond Calvignac dut quitter Graulhet et s’en fut travailler à Dijon (Côte-d’Or) en 1912.
Embauché dès son arrivée comme ouvrier peaussier à l’usine Belorgey à Dijon, il fut élu secrétaire général du syndicat CGT de la chaussure de Dijon. Il devint membre du Comité général de l’Union des syndicats de Dijon et de Côte-d’Or et du conseil d’administration de la Bourse du travail de Dijon. Raymond Calvignac fut aussi membre du comité de rédaction du Réveil Syndical, organe de l’Union des syndicats. Il fut un des principaux orateurs avec François Véland, Michel Chanceaux, Léon Jouhaux, Henri Barabant, du meeting régional du Carrousel à Dijon le 22 juin 1913 qui rassembla plus de 4 000 personnes contre la loi des trois ans et la guerre. Mobilisé d’août 1914 à février 1919 dans un régiment d’infanterie au Maroc, à sa démobilisation, il reprit son activité militante dans son syndicat et à l’UD-CGT de Côte-d’Or. Délégué au 20e congrès confédéral corporatif de la CGT à Orléans du 27 septembre au 2 octobre 1920, il représenta les syndicats dijonnais de la chaussure, des Tabacs, des employés et comptables, du bâtiment, des ouvriers boulangers et des ouvriers manutentionnaires et ateliers de Dijon. Au 8e congrès de l’Union des syndicats CGT de Côte-d’Or qui se tint le 12 juin 1921, il présenta avec Albert Manière et Félix Bardollet, une motion qui mit en garde la direction confédérale sur les dangers d’une scission de la CGT. La motion qui fut adoptée par le congrès fut adressée aux délégués du prochain congrès confédéral qui se tint à Lille en juillet 1921. Pour Raymond Calvignac, la scission qui se produisit en décembre 1921 au niveau confédéral, et qui se répercuta en Côte-d’Or, quelques semaines plus tard, fut une nouvelle épreuve douloureuse dans son parcours militant, et on peut penser que ce nouvel échec put expliquer sans doute un abandon de ses engagements militants par la suite. Domicilié au 2 rue Neuve-Dauphine à Dijon, le recensement de la population de 1926 indique qu’il exerça encore son métier de peaussier chez Belorgey. Il revint à Graulhet qu’en 1943 pour y vivre sa retraite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article78532, notice CALVIGNAC Raymond, Albert par Jean Belin, Monique Bermond , version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 9 janvier 2020.

Par Jean Belin, Monique Bermond

SOURCES : Monique Bermond, Syndicalisme et revendications ouvrières à Graulhet de 1880 à 1914, mémoire de maîtrise sous la direction de Rolande Trempé, Faculté des Lettres de Toulouse, 1971. Léon de Seilhac, Les grèves du Tarn, Mazamet et Graulhet (1909-1910)Le Populaire de Bourgogne. — Compte rendu du 20e congrès corporatif de la CGT. — Le Réveil Syndical, 1912 à 1914, organe de l’Union des syndicats CGT de Dijon et de Côte-d’Or, BM de Dijon. — La Bourse du travail de Dijon et le syndicalisme en construction de 1890 à 1930, Jean Belin, édition de novembre 2016. — Arch. Départementales de la Côte-d’Or, recensement de la population. — Arch. Départementales du Tarn, état civil, fiche de recrutement militaire.
Jean Belin

ICONOGRAPHIE : série de cartes postales de la grève de Graulhet, 1909-1910, L. Blanc éditeur.

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