CARLETTI Egidio

Carletti, socialiste-révolutionnaire italien, travaillait comme maçon dans la région de Chamonix (Haute-Savoie) en 1906, quand il entreprit d’organiser ses compatriotes traditionnellement très nombreux à la belle saison sur les chantiers savoyards, particulièrement dans la commune voisine d’Argentières où l’on construisait une voie ferrée. En avril, Carletti commença une tournée de conférences, avec l’aide de Francesco Margiotti qui tenait une cantine à Vallorcine ; il en sortit un « Syndicat international des ouvriers du bâtiment et similaires de Chamonix », dont il assuma le secrétariat, et une Chambre du travail. C’étaient là les premiers exemples, dans la région, d’organisation pour une main-d’œuvre immigrée peu exigeante et particulièrement exploitée. Le 1er mai 1906, il organisa une conférence avec le docteur Rondani, député socialiste italien ; un millier de travailleurs chômèrent et, derrière Carletti, défilèrent dans les rues de Chamonix ; ce fut d’ailleurs la seule manifestation du département, avec celle de Cluses, le grand centre horloger. Peu après, Carletti déclencha une grève sur le chantier d’Argentières ; il fut expulsé de France et gagna le canton de Vaud, en Suisse.
Mais l’action de Carletti ne s’était pas bornée à Chamonix ; en liaison avec les socialistes français et suisses de Genève, il avait multiplié les conférences dans la vallée de l’Arve ; et le syndicat ouvrier de l’usine chimique de Chedde, à Passy, qui naquit en juin 1906, était pratiquement son œuvre. Aux côtés des ouvriers savoyards, il avait, avec l’aide d’Émile Argence et surtout de son compatriote et ami Cipriano Cibrario contribué à l’éclosion d’une organisation qui, depuis 1903, n’arrivait pas à naître.