CHALUMEAU Hector

Par Yves Lequin

Né le 10 avril 1840 à Nevers (Nièvre), mort à Saint-Étienne (Loire), le 5 octobre 1893 ; ouvrier forgeur ; militant syndicaliste et socialiste de la Loire ; secrétaire général de la Bourse du Travail de Saint-Étienne.

Chalumeau fut, à Saint-Étienne, le premier organisateur de la chambre syndicale de la Métallurgie ; comme militant du cercle l’Union des travailleurs, qui regroupait les socialistes locaux, il fit partie, avec Coupat et Crozier de la commission d’initiative du 2e congrès de la fédération socialiste de l’Est réuni à Saint-Étienne en mai 1881 et y devint membre du comité fédéral. À la fin de l’année 1882, il était, à l’occasion de la campagne de solidarité avec les mineurs de Montceau-les-Mines, signalé comme l’un des principaux meneurs révolutionnaires de la Loire : il venait de fonder une Union des socialistes stéphanois dont il assumait la présidence et qui aurait réuni les partisans de Jules Guesde.
Pourtant, Chalumeau, bien que resté à Saint-Étienne lors de la scission de 1882, semble avoir refusé de prendre parti ; aussi est-il très représentatif du socialisme stéphanois d’avant l’unité : très éclectique, peu soucieux de rigueur idéologique, refusant les factions et les sectes, désireux de maintenir l’unité du mouvement ouvrier dans sa variété, même au prix d’une certaine confusion. Il est en effet difficile de rattacher Chalumeau à un courant quelconque, bien qu’il soit resté en relations étroites avec quelques-uns des plus éminents possibilistes ; en mai 1881, il avait combattu le collectivisme affirmé par Coupat et Crozier pour se définir explicitement comme réformiste ; en 1882, il présidait à la campagne en faveur des anarchistes lyonnais emprisonnés ; en 1883, il côtoyait les guesdistes.
Tout en refusant de choisir entre les écoles du socialisme, Chalumeau n’en continua pas moins son action : il fut en mars 1884 de la délégation venue porter au préfet de la Loire les doléances des ouvriers sans travail ; au sein du conseil fédéral des Chambres syndicales créé en 1882, il participa à la lutte contre Michel Rondet. Pendant une dizaine d’années, il n’est pratiquement pas de réunion ouvrière ou de mouvement revendicatif où le nom de Chalumeau n’ait été prononcé, et c’est lui qui fut choisi en 1883 pour faire l’oraison funèbre du pionnier Ava Cottin. Avec Laurent Crozier et Jules Ledin, il fonda au début de 1889 la Bourse du Travail de Saint-Étienne et devint rapidement son secrétaire général.
Il la représenta au congrès régional des chambres syndicales à Lyon en juin 1890, mais, fidèle à ses positions antérieures, et bien qu’à ce moment-là il penchât vers Allemane, il refusa, en août 1890, d’engager la Bourse aux congrès de Calais et de Châtellerault et de choisir entre eux, car « ... le but tend seulement à organiser d’une façon plus complète les forces soit du parti guesdiste, soit du parti possibiliste [...] N’appartenant ni à l’un ni à l’autre de ces groupes [il n’y a] rien à y faire » (Arch. Dép. Loire, 93 M 44 : commissaire spécial au préfet de la Loire, 28 août 1890).
Il se consacra toujours aussi totalement à ses nouvelles tâches et au syndicat de la Métallurgie, dont il restait le leader ; les 7 et 8 février 1892, c’est la Bourse de Saint-Étienne qui, conjointement avec celle de Paris, convoqua le premier congrès national d’où sortit la Fédération des Bourses du Travail. En juillet 1892, l’une des dernières actions militantes de Chalumeau fut d’aller fonder un syndicat des Métallurgistes à Saint-Chamond. Quand il mourut, plusieurs milliers d’ouvriers suivirent le cortège, et son oraison funèbre fut prononcée par Soulageon et Dumay.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article78808, notice CHALUMEAU Hector par Yves Lequin, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

Par Yves Lequin

SOURCES : Arch. Dép. Loire, 10 M 79 et 80, 10 M 86, 10 M 96, 10 M 101, 93 M 5, 93 M 11, 93 M 44 et 93 M 56.

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