BATLLO François

Par André Balent

Né le 19 octobre 1878 à Béziers (Hérault), mort le 29 mai 1928 à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; avocat à Perpignan ; dirigeant de la fédération socialiste des Pyrénées-Orientales.

François Batllo naquit à Béziers dans une famille catalane dont les ancêtres étaient originaires d’Eyne (Pyrénées-Orientales). Son père, Pierre, François, né à Saillagouse le 23 juin 1852 était, à cette époque, employé de chemin de fer ; par la suite, installé à Perpignan, il avait ouvert une boucherie, rue de la Têt, actuelle rue Jean-Payra. Sa mère, Françoise, Marie, Rose Nohet était née le 21 août 1855 à Bolquère (Pyrénées-Orientales). Il épousa Caroline, Sophie, Octavie Haussmann, âgée de vingt-quatre ans en 1904, née à Barcelone (Catalogne, Espagne), ville où séjourna Batllo, sans doute, dans la même période que son ami Alfred Soubielle. Les deux époux fixés à Perpignan, vécurent d’abord, en plein centre ville, 7 rue du Théâtre. Leur fils, Louis, né à Perpignan le 4 septembre 1904, se maria le 4 septembre 1926 à Mont-Louis (Pyrénées-Orientales) avec Élisabeth, Henriette Bénit. Il mourut dans cette commune le 23 juin 1983.

Le jeune François Batllo fit ses études secondaires au collège de Perpignan où il connut Alfred Soubielle, de deux ans plus âgé que lui, avec lequel il se lia d’amitié. C’est dans la même unité que François Batllo et Alfred Soubielle firent leur service militaire.

François Batllo commença ses études de droit à Paris et les poursuivit à la Faculté de droit de Toulouse devant laquelle il conquit le doctorat en droit (sa thèse traitait du « Placement du Travail »).

À Paris, François Batllo habitait rue des Écoles. Il partageait un appartement avec un groupe de Catalans, étudiants dans la capitale, parmi lesquels deux de ses meilleurs amis, Alfred Soubielle et le Cerdan Lledos originaire d’Err (Pyrénées-Orientales). François Batllo assistait à la plupart des réunions socialistes de la capitale. Membre du POF en 1896, il adhéra, à Paris, au groupe des étudiants collectivistes du VIe arrondissement. Pendant son séjour à Toulouse, tirant profit de ses expériences parisiennes, il fonda un groupe d’étudiants collectivistes. Revenu à Perpignan, François Batllo s’inscrivit à l’Union socialiste des Pyrénées-Orientales, groupe local des Socialistes indépendants. À la même époque, il collabora au quotidien radical, La République des Pyrénées-Orientales, fondé par Simon Viollet dont il devint, en 1903, le secrétaire de rédaction. Ami de Jean Payra, il amena ce dernier à l’Union socialiste. En 1905, François Batllo fut l’un de ceux qui entraînèrent les indépendants du département vers l’Unité socialiste. Sa culture doctrinale, son talent oratoire en firent un militant de premier plan.

Lors de l’unification des groupes perpignanais de la Fédération socialiste des PO (PS de F) et de l’Union socialiste des PO (PSF), le 3 juin 1905, François Batllo fut élu secrétaire du nouveau groupe socialiste unifié. Au congrès fédéral de l’Unité socialiste, à Estagel, il fut élu à la commission exécutive fédérale. Il fut réélu à cette instance par les congrès fédéraux de Maury (1907), Saint-Estève (1908), Espira-de-l’Agly (1909). Il fut également élu délégué aux congrès nationaux de Saint-Étienne (1909) et de Brest (1913). Candidat au conseil général le 24 juillet 1910, dans le canton de Perpignan-Ouest, Batllo avait recueilli 522 voix mais avait été battu. Batllo fut initié à la franc-maçonnerie après 1903 à la loge L’Athénée social de Perpignan, nouvellement fondée, affiliée au Grand Orient de France (GOF). Celle fut dissoute en 1912 et ses membres adhérèrent alors à la loge perpignanaise Saint-Jean-de-Arts-et-de-la-Régularité (Grande loge de France) : il n’y eut plus dans les Pyrénées-Orientales de loge du GOF avant 1945.

Partisan de l’Union sacrée en 1914, il fut, en 1920, hostile à l’adhésion à la IIIe Internationale. Pourtant, il ne participa guère aux débats sur l’adhésion et se tint même un peu à l’écart, contrairement à son ami Alfred Soubielle.

Après le congrès de Tours, François Batllo, propagandiste inlassable, participa activement avec Jean Payra, Marius Peyre et Alfred Soubielle à la reconstruction de la SFIO dans les Pyrénées-Orientales.

Le 9 janvier 1921, la commission administrative fédérale de la SFIO le coopta comme suppléant. Le congrès fédéral du 22 avril 1922 l’élut membre titulaire de la CAF. Celui du 9 août 1925 l’élut au poste de secrétaire fédéral. François Batllo devait rester secrétaire fédéral jusqu’à sa mort en mai 1928. À ce poste il accomplit un grand travail d’organisation de la Fédération.

Le 30 novembre 1919, Fr. Batllo fut élu conseiller municipal de Perpignan, sur la liste socialiste-syndicaliste, et le 4 mai 1925 second adjoint au maire (liste du Cartel des gauches). Candidat au conseil général dans le canton de Rivesaltes le 19 juillet 1925, il arriva en tête des candidats au premier tour, avec 1 338 voix. Il fut battu au second tour par le docteur Émile Parès, radical dissident adversaire du Cartel des gauches. La Commission administrative fédérale de la SFIO, élargie aux élus socialistes, le désigna, le 4 mars 1928, candidat aux élections législatives dans la nouvelle circonscription de Prades. Celle-ci était très vaste : elle s’étendait de la frontière andorrane à la Méditerranée sur plus de la moitié d’un département au relief tourmenté. De plus elle englobait en son sein la plupart des « petites Vendées » catalanes que sont la Salanque, le sud des Fenouillèdes (canton de Sournia), le Capcir et la Cerdagne française. Batllo fit une ardente campagne. En face de lui : le communiste Biboulet*, de Rivesaltes et le redoutable René Victor Manaut, industriel, député sortant. Ce dernier, radical « unioniste » bénéficiait de l’appui des républicains de droite regroupés autour de l’influent quotidien, L’Indépendant des PO.

Au premier tour (le 22 avril 1928), François Batllo obtint 5 997 voix (Manaut : 7 866 ; Biboulet : 2 673). Il eût été élu au second tour (où il obtint 7 664 suffrages) si Biboulet, appliquant la tactique « classe contre classe » ne s’était maintenu. La campagne de François Batllo eut un impact énorme dans des régions, comme le Capcir ou la Cerdagne, où l’implantation de la SFIO demeurait squelettique. Elle eut comme conséquence, la fondation, dans les années qui suivirent, de sections socialistes dans ces deux régions... Mais Batllo qui, pendant toute la campagne, avait fourni un effort physique considérable, tomba malade. Il mourut fin le 29 mai 1928. La municipalité de Perpignan organisa des obsèques solennelles auxquelles participèrent des centaines de militants socialistes et syndicalistes venus de tout le département.

François Batllo fut un collaborateur du Socialiste des Pyrénées-Orientales (1905-1914) et du Cri catalan (1919-1928). Après 1920, la Fédération socialiste des PO, l’élut à plusieurs reprises délégué aux congrès nationaux de la SFIO, en 1925 à Grenoble (par exemple). En 1926 il fut délégué de la Fédération socialiste des PO au conseil national de la SFIO. Humaniste au cœur généreux, François Batllo, était un réformiste partisan d’une entente avec « la fraction avancée de la bourgeoisie », en l’occurrence les radicaux. Lors de l’essor des tendances révolutionnaires du mouvement ouvrier français en 1919-1920, il se tint plutôt à l’écart de la vie militante, redoutant que le Parti socialiste ne fût entraîné irrésistiblement et irrémédiablement vers l’Internationale communiste. Par contre il participa avec enthousiasme à la reconstruction de la « Vieille Maison » socialiste dont il fut, en Roussillon, un des principaux artisans. Il accueillit favorablement la constitution du Cartel des Gauches. Au congrès fédéral du 9 août 1925, il défendit, contrairement à son vieil ami Alfred Soubielle, la thèse de la participation socialiste au ministère Painlevé.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article78921, notice BATLLO François par André Balent, version mise en ligne le 19 octobre 2010, dernière modification le 31 octobre 2022.

Par André Balent

SOURCES : Arch. com. Béziers, Eyne, Saillagouse, Perpignan, registres de l’état civil. — Le Socialiste des Pyrénées-Orientales, hebdomadaire de la Fédération socialiste des PO (années 1905-1914). — Le Cri catalan, (années 1919-1928). — Interview de Mlle Marie Bigorre, militante socialiste puis communiste à Mont-Louis (PO) qui âgée de vingt ans participa, avec son père, à la campagne électorale de Batllo en avril 1928. — André Balent, notice du Nouveau dictionnaire de biographies roussillonnaises, tome I a, Pouvoirs et société, A à L, Perpignan, publications de l’Olivier, 2011, pp. 128-129. — Horace Chauvet, La Politique roussillonnaise de 1870 à nos jours, Perpignan, 1934. — Hubert Rouger, Les Fédérations socialistes, I, Paris, 1913, p. 494 et 504. — Alfred Soubielle, « François Batllo », notice nécrologique, Le Cri catalan, 1 123, 2 juin 1928. — Compte rendu du congrès de Brest.

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