RAISON Marcel, Raphaël, Eugène

Par Didier Sénécal, René Lemarquis

Né le 24 juillet 1896 à Francueil (Indre-et-Loire), mort le 13 octobre 1972 à Tours ; cheminot puis ouvrier métallurgiste ; militant communiste et syndicaliste d’Indre-et-Loire.

Marcel Raison était le fils d’un artisan forgeron qui devint communiste. Après l’école primaire fréquentée de six à douze ans, il fut élève d’une École primaire supérieure jusqu’à quinze ans. Il commença à travailler comme apprenti maréchal. Il revint de la guerre réformé à 20 % avec un éclat d’obus dans le poumon droit. Il épousa une fille de petits paysans propriétaires qui sera membre du comité des femmes contre la guerre et ils eurent un fils, Pierre, qui milita aux JC.

En 1919 Marcel Raison entra à la Compagnie PO de chemins de fer à Tours comme taillandier. Membre du Parti socialiste et du syndicat CGT des cheminots il participa aux grèves de mai 1920, fut révoqué et condamné en juin à trois mois de prison. Pendant une quinzaine d’années il exerça alors plusieurs métiers : artisan forgeron de 1920 à 1927, délégué de la boucherie coopérative de Tours de 1927 à 1930, puis employé comme magasinier dans des commerces d’accessoires automobiles (Berliet puis Peugeot) de 1930 à 1935. Il fut élu conseiller prud’homal des ouvriers métallurgistes en 1926-1929 puis gérant administrateur de la boucherie coopérative. En mars 1936 Raison fut réintégré comme ouvrier au dépôt de Tours du PO où il était, en 1937, aide distributeur au magasin général des stations de Saint-Pierre-des-Corps. Il devint rapidement délégué du personnel.

Marqué par la guerre, Marcel Raison adhéra en 1919 au Parti socialiste, influencé par son père et recommandé par Ferdinand Morin* qui restera à la SFIO et deviendra député alors que Raison choisira le PC au Congrès de Tours auquel il avait assisté. Il était membre de la cellule de cheminots du dépôt de Tours.

Marcel Raison entra à la commission administrative du Réveil en février 1921. En janvier 1924, il était membre de la commission exécutive de la Fédération communiste et, en novembre, secrétaire général adjoint. Il devait rester à la direction régionale du PC jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. En janvier 1925, il participa au IVe congrès du parti, à Clichy. Il assista également aux diverses conférences nationales de Saint-Denis, Ivry, Montreuil, Villeurbanne. Il se prononça contre Boris Souvarine* puis Albert Treint*.

En 1929, des différends l’opposèrent à Olivier Doussaint* qui l’accusait d’être un « conciliateur » lors de la polémique avec Alfred Bernard*. Cependant, Marcel Raison resta membre du bureau régional et vota, en 1930, l’exclusion d’Alfred Bernard et de l’opposition trotskyste.

Dans son autobiographie il affirmait avoir été « le premier à dénoncer Alfred Bernard comme trotskyste dans une assemblée à Tours six mois avant son exclusion » et ajoutait que Bernard, devenu secrétaire fédéral SFIO, était « son plus grand ennemi politique ». Pendant cette période il connut de nouveau la répression : il fit deux fois huit jours de prison en 1925 et 1928 à la suite des manifestations contre la guerre du Maroc et pour Sacco et Vanzetti. Il fut même, en 1928, « descendu au cachot par ordre du gardien-chef de la prison membre du PS » !
Marcel Raison fut de ceux qui, à la direction du PC, votèrent l’exclusion du secrétaire régional Henri Gohard* qui avait tiré un coup de feu en direction de la police lors des manifestations du 23 mars 1934. Partisan de l’unité d’action avec le Parti socialiste, il fut l’orateur du PC au premier meeting unitaire tenu à Tours au « Trianon-Park » le 27 juillet 1934, jour de la signature du pacte d’unité d’action. Il fut réintégré en 1936 au PO de Tours où il fut rapidement élu délégué du personnel.
En mars 1937, il devint secrétaire régional du PC, succédant au cheminot Lucien Vergne obligé de quitter la région pour raisons de santé et fut l’orateur de la région tourangelle du PC au grand rassemblement qui se tint au Vélodrome à l’occasion de la venue de Maurice Thorez* à Tours. Il conserva le poste de secrétaire régional jusqu’en septembre 1939, date de la dissolution du PC (la région groupait alors 1 800 adhérents répartis entre 66 cellules locales et 21 cellules d’entreprises). Louis Biéret* prit alors la direction de l’organisation clandestine.

Marcel Raison avait été candidat aux élections cantonales de 1931 et de 1934 à Château-Renault, à celles de 1937 à Langeais et aux élections législatives de 1932 et de 1936 dans la circonscription de Chinon.

Marcel Raison, qui avait créé dès 1925 un comité de défense des petits commerçants et artisans, fut membre du conseil d’administration de la boucherie coopérative. Il adhéra en juillet 1937 à la Ligue des droits de l’Homme.

Il fut perquisitionné et interrogé en janvier 1940 par la police judiciaire d’Orléans qui menait une enquête sur l’activité clandestine du PC. Il fut arrêté le 22 avril 1940 à son travail à Saint-Pierre-des-Corps et interné près de Montignac-sur-Vézère (Dordogne) jusqu’au 25 octobre, date à laquelle il s’évada. En 1941, il participa au « triangle » de direction de la région Paris-Est du PC pour la Seine-et-Marne, s’occupant plus particulièrement des questions syndicales ; après l’arrestation de divers militants, il abandonna l’activité militante jusqu’en août 1944. À cette époque, il participa aux combats pour la libération de Paris dans les milices patriotiques du XIe arrondissement. Il fut également membre du conseil national de la Fédération CGT des cheminots de 1947 à 1949, au titre de l’Union du Sud-Ouest.

Revenu en Touraine en 1952, Marcel Raison participa aux activités de la section communiste de Langeais. Il participa également aux travaux des Fédérations ouvrières et paysannes des anciens combattants et à la direction de l’Association nationale des cheminots anciens combattants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article7893, notice RAISON Marcel, Raphaël, Eugène par Didier Sénécal, René Lemarquis, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 14 avril 2020.

Par Didier Sénécal, René Lemarquis

SOURCES : Arch. PPo. carton 88. — Arch. Fédération Indre-et-Loire du Parti communiste. — Le Réveil d’Indre-et-Loire, 1921. — L’Avant-garde, 1932-1934. — La Voix du peuple de Touraine, 1936-1939. — RGASPI : 495.270.3756 : (Questionnaire autobiographique du 2 octobre 1937).

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