CHAUVIN Gustave, Eugène

Par Gilles Pichavant, Jean-Jacques Doré

Né le 10 juin 1876 au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 10 février 1953 au Havre ; tourneur sur métaux ; secrétaire de l’Union locale CGT du Havre de 1907 à 1909 ; secrétaire du syndicat des Métaux de 1912 à 1914.

Fils d’un ajusteur mécanicien Gustave Chauvin tourneur sur métaux aux chantiers de Graville près du Havre, donna son adhésion vers 1900 au syndicat CGT des Métaux du Havre dont le secrétaire était Philibert Nectoux. En 1907, il fut appelé à diriger le bureau de la Fédération des chambres syndicales.

En droite ligne de la fondation de la Confédération générale du Travail en 1895, fut créée au Havre la Fédération des chambres syndicales dont Alexandre Nonorgue fut le premier secrétaire. Son audience fut pourtant éclipsée dès 1897 par la naissance de la Bourse du Travail du Havre animée par le charisme de Charles Marck qui en fut le secrétaire de 1897 à 1902 et à laquelle adhérèrent la plupart des syndicats havrais. Il était entouré de Raveau (président), et de Legrand (vice président) en 1897 — de Raveau (président), de Philibert Nectoux (vice président) et de Ferry (secrétaire adjoint) en 1898 et 1899 — de François Montagne (président) et de Gaston Laville (vice président) en 1901. Furent secrétaires de la Bourse après le départ de Charles Marck pour Paris en janvier 1903, Gaston Laville (1903-1905) puis Raymond Millet (1906-1907).

Après les graves événements du 1er mai 1900 au Havre, la municipalité cessa de soutenir La Bourse du Travail. Elle l’expulsa de ses locaux municipaux, le Cercle Franklin. Cette expulsion eut pour conséquence la perte de cohésion, et par la suite l’affaiblissement des forces syndicales havraises. La Bourse eut alors plusieurs sièges successifs : rue de La Fontaine ; rue Lemaistre où fut fondée une Maison du Peuple qui ne dura que quelques années ; rue de Turenne ; et enfin rue Demidoff.

En 1906, quelques militants fondèrent le journal Vérités, et au commencement de 1907, la Bourse du travail et les syndicats essayèrent de se ressaisir. Ils préparèrent un grand congrès départemental qui eut lieu au Havre les 19 et 20 mai de la même année. A ce congrès il fut décidé la création d’une Union départementale, dont le siège fut fixé au Havre. Hélas les difficultés recommencèrent : difficultés causées par des rivalités entre militants, entre organisations, entre localités, Rouen refusant de donner suite au projet. Le conflit vint devant les instances de la CGT qui fut impuissante à le dénouer.
Les syndicalistes havrais décidèrent alors la fusion de la Bourse du Travail et de la Fédération des chambres syndicales, qui vivotait sous l’autorité de Gaston Laville puis de Gustave Chauvin, au sein de l’Union locale du Havre qui fut fondée le 17 novembre 1907 et s’installa dans la Maison du Peuple, rue Demidoff près de la gare. Le bureau élu le même jour était composé de Gustave Chauvin (secrétaire), René Votte (secrétaire adjoint), Auguste Basille (trésorier) et Aupée (trésorier adjoint). Cette fusion anticipait la décision du 12e congrès de la CGT de réduire le rôle des Bourses au profit des Unions. L’Union locale prenait ainsi en charge la propagande syndicale, les actions de solidarité, les services de placement et de formation ainsi que la gestion de la bibliothèque.

Le 21 novembre 1909, au congrès de l’Union des syndicats, Adrien Briollet succéda à Gustave Chauvin assisté de Carpentier (secrétaire adjoint), Michel (trésorier) et Louis Labay (trésorier adjoint). Il n’en restait pas moins très impliqué dans la vie de l’Union. Ainsi fut-il associé comme administrateur délégué à la création de l’Imprimerie coopérative le 1er avril 1910. Les autres membres du Conseil d’administration était Raoul Goument (directeur gérant), Henri Vallin (président), Adrien Briollet (secrétaire) et Henry Turlure (trésorier).

De 1912 à 1914, il succéda à Jules Buray comme secrétaire permanent du syndicat des Métaux du Havre assisté d’Abel Viandier qui gérait la trésorerie depuis 1911. En février 1913, une polémique, relayée par la presse locale ( Le Progrès du Havre et Vérités) l’opposa à Charles Le Chapelain (syndicaliste et socialiste), avec, en toile de fond, la question de l’indépendance syndicale. Ce dernier écrivit : "L’incursion de Chauvin sur le terrain de la politique locale ne m’est pas désagréable. C’est la preuve que les adversaires de l’action politique sont, tôt ou tard, pour une raison ou une autre, obligés de s’y intéresser". Bon prince, Chauvin qui ne manquait pas d’humour lui répondit : « le citoyen Le Chapelain a tout pour devenir un grand homme ». Il assista comme délégué au XVIIIe congrès national corporatif — 12e de la CGT — tenu au Havre du 16 au 23 septembre 1912, ainsi qu’au congrès constitutif de l’Union départementale de Seine-inférieure, également réuni au Havre le 19 octobre 1913.

Mobilisé dans l’artillerie en août 1914, il fut affecté le 14 septembre 1915 à l’usine Clapeireille à Argenteuil (Val-d’Oise) puis chez Brund à Bezons (Val-d’Oise) en 1917.

Marié au Havre le 30 décembre 1915 avec Eugénie Dubois, ils y habitaient 26 impasse Duquesnoy. Il se remaria avec Augustine Lablond le 29 août 1938, toujours au Havre, où il mourut le 10 février 1953.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article78995, notice CHAUVIN Gustave, Eugène par Gilles Pichavant, Jean-Jacques Doré, version mise en ligne le 2 décembre 2020, dernière modification le 10 octobre 2022.

Par Gilles Pichavant, Jean-Jacques Doré

SOURCES : Arch. Nat. F7/13 567 et F7/13 619. — AMLH 4Mi 769/770 microfilms du journal Vérités - Arch. dép. Seine-maritime 1 MP 3245 Manifestations syndicales 1890-1939, 2 Z 182, 1 MP 1032, État civil, Registre matricule militaire. — Patrice Rannou, Les 110 ans de l’Union Locale CGT du Havre, Le Havre, Éditions du Libertaire, 2007.

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