CHUILLOT Henri, Vital

Par Dominique Petit

Né à Revin (Ardennes) le 28 décembre 1864 ; ouvrier mouleur ; anarchiste de Revin, propagandiste par le fait.

Vital Chuillot commença à travailler aux établissement Morel à Saint-Nicolas, écart de Revin. Il quitta l’entreprise à 14 ans, vers 1878.

De 1884 à 1887, il était chez Faure à Revin, puis il s’embaucha comme ouvrier noyauteur chez Brichet. Le 19 février 1887, il se maria à Revin avec Hortense Servotte.

En août 1888, il demeurait 3 rue du Vieux cimetière et le 9 septembre 1888, 6 avenue du Peti-Bois à Charleville. Il y travailla chez Deville et Paillette pendant 2 ans où il fut l’un des principaux animateurs d’une grève.

En 1890, Chuillot travailla 3 mois comme mouleur chez Pestre à Donchery. Un jour de paie, trouvant qu’il n’avait pas gagné beaucoup, il déclara au comptable : « Si tu ne paie pas mieux que ça, je te ferai sauter. » Il quitta Donchery sans payer sa logeuse qui tenait un café. Elle le poursuivit jusque dans le train mais il refusa de payer et la traita de « grosse vache ». Il ne régla pas non plus ses consommations.

Très tôt intéressé par les problèmes syndicaux, Vital Chuillot quitta Donchery pour aller travailler à Revin où il continuait sa propagande et participait à la fondation de la chambre syndicale.

Du 1er juin 1890 au 12 juillet 1891, il travailla chez Mme Poncelet à Revin.

Chuillot était devenu anarchiste en lisant le Père Peinard et la Révolte et en fréquentant Druard qui était déjà anarchiste et avait achevé de le convaincre. Tout en étant anarchiste, il avait participé aux élections municipales de Revin. Il faisait également partie du Cercle d’études sociales de Revin, rattaché à la Fédération socialiste des Ardennes.

Avant le début de la grève chez Faure durant l’hiver 1890-1891, Chuillot avait participé à des réunions anarchistes chez Albaret, en compagnie de Druard, Nanquette dit le Singe, Milon, ouvrier chez Mme Poncelet. Ils avaient collecté des fonds remis à Milon qui les avait conservé pour lui.

Un lundi de la fin du mois de mai 1891, Bourgeois, Bigel, Cordier et Chuillot se trouvaient au café Caramiaux à Revin avec de nombreux ouvriers. Les conversations étaient très animées, on parlait des ouvriers restés sans travail après la grève chez Faure. On cherchait le moyen de leur procurer du travail, lorsqu’un des ouvriers cria : « C’est de la dynamite qu’il faudrait ». Un autre répondit : « Vous en auriez vous ne vous en serviriez pas. » Bigel dit alors que s’il en avait, il s’en servirait. Il alla discuter à part avec Chuillot pour lui demander de la dynamite. Sachant que Druard en avait, il alla lui en demander. Celui-ci lui remit trois cartouches. Druard avait placé d’avance l’amorce et la mèche.

Derrière la briqueterie de Revin, Bigel, Bourgeois, Cordier et Chuillot entourèrent les cartouches de terre et de chiffons. Chuillot se rendit ensuite au café Despas. Selon lui, c’était Bigel qui avait déposé la dynamite dans le soupirail de la gendarmerie, celui-ci lui ayant raconté qu’il avait été obligé de revenir sur ses pas pour souffler sur la mèche.

Il remit plus tard à Bigel des cartouches de dynamite, venant de Druard, pour réaliser des attentats à Charleville, ainsi qu’un revolver provenant de Graux.

Le 26 juillet, suite à un appel paru dans Le Père Peinard (28 juin), se tenait à Fumay, dans un auberge, place du Baty, une réunion préparatoire à la constitution d’un groupe anarchiste à laquelle Chuillot participait avec une vingtaine d’autres personnes et où il était chargé de la correspondance et de l’organisation. Le nouveau groupe avait l’intention de faire venir Sébastien Faure dans les Ardennes. C’est lors de cette réunion qu’il fut arrêté par les gendarmes avec Druard, Durbecq et Martin-Coupaye, tandis que Bourgeois était arrêté à Revin. Soupçonné d’avoir été l’instigateur des attentats du mois précédent à Revin et Charleville, il reconnut pendant les interrogatoires être anarchiste et avoir agi par lassitude après l’échec de la grève aux usines Faure. Selon Chuillot les attentats avaient pour but « de faire peur aux patrons et les empêcher ainsi de faire de nouvelles diminutions » de salaires. Il se défendit d’avoir indiqué à Bigel, les objectifs où commettre les attentats.

Traduit devant la cour d’assises des Ardennes, il fut condamné le 11 novembre 1891 à sept ans de travaux forcés pour « complicité de destruction d’édifices publics à l’aide de dynamite ».

Le 13 décembre 1891, sa peine de sept ans de travaux forcés était commuée en sept ans de réclusion.

Emprisonné à la Maison centrale de Melun il ne fut pas comme ses compagnons Bigel et Bourgeois emprisonnés au bagne de Cayenne, n’ayant pas participé aux incendies du 1er mai 1891. Chuillot fut libéré le 4 mars 1897 et vint habiter 17 Grande rue à Charleville-Mézières.

En 1910, Vital Chuillot était installé comme hôtelier, 3 rue de l’Epargne à Charleville. Le 28 novembre, Gaston Michelou, électricien, prit pension chez lui. Il le paya régulièrement jusque fin mars mais aux premiers jours de mai, voyant qu’il ne lui avait pas payé le mois d’avril, Chuillot lui réclama son dû, soit 38, 75 francs. Mais Michelou renvoyait toujours le paiement à plus tard et le 13 mai 1911, il disparut, emportant sa clef. Chuillot déposa plainte le 25 mai. Le 5 juillet 1911, Michelou ayant déjà payé la moitié de la somme et s’engageant à verser le reste, était condamné à 6 jours de prison avec sursis.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article79115, notice CHUILLOT Henri, Vital par Dominique Petit, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 17 mars 2021.

Par Dominique Petit

SOURCES :
Père Peinard 28 juin et 2 août 1891 — Archives départementales des Ardennes 3 U 2095 et 2156, 4 U 911 ; 1 R 056 Registre matricule 646, classe 1884. État-civil — Notice Chuillot Henri, Vital du Dictionnaire des militants anarchistes.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable