CORDIER Séraphin

Né le 12 décembre 1864 à Carnin (Nord) ; mort le 6 juillet 1913 à Lens (pas-de-Calais) ; Ouvrier mineur ; secrétaire de la section syndicale de Carvin (pas de Calais), délégué mineur, secrétaire, en 1911, de la Fédération du Sous-Sol, membre de la commission d’enquête suite à la catastrophe de Courrières (Pas-de-Calais) ; socialiste, adjoint au maire de Carvin, pui conseiller municipal de Lens.

Sébastien Cordier naquit à Carnin (Nord), fils d’un tisserand et d’une journalière. Il y devint mineur et s’y maria le 15 février 1890, avec Palmyre Loriaux. Il eurent au moins une fille née en novembre dans cette commune, avant que la famille ne déménage à Carvin (Pas-de-Calais), en février 1891, sans doute à la suite des grèves de 1890. Là, ses camarades ne tardèrent pas à apprécier ses qualités, son intelligence ouverte, son caractère droit, et les mineurs de Carvin lui confièrent bientôt le soin de veiller à leur sécurité en l’élisant délégué mineur.

Le 7 mai 1900, Sébastien Cordier fut élu conseiller municipal de Cavin avec 1153 voix, sur la liste de concentration républicaine et socialiste.

En 1903, il présida une conférence de Goniaux, le secrétaire général du Syndicat des Mineurs du Nord, et Desmond*, du Réveil du Nord. au grand salon de l’Alcazar, au bénéfice des grévistes d’Armentières (Nord), avec comme assesseur Deligne* Jean-Baptiste, délégué du syndicat et Derock*, conseiller municipal : Mahieu Charles*, étant secrétaire.

Sébastien Cordier et Évrard-Bernard, furent les deux délégués mineurs désignés le 31 mars 1906, par le ministre des travaux publics Barthou, comme membres de la commission d’enquête de cinq personnes mise en place à la suite de la catastrophe de Courrières le 10 mars 1906. Les trois autres membres de cette commission étaient ingénieurs des mines. Les deux délégués mineurs se désolidarisèrent des ingénieurs et produisirent un contre rapport qui fit grand bruit, car il mettait en cause les responsabilités de la Compagnie. Évrard-Bernard et Cordier avaient mené une enquête parallèle à celle de la commission, au cours de laquelle ils étaient descendus au fond de la fosse numéro 4 avec Ricq, délégué mineur à la fosse numéro 3, et Urbain*, délégué mineur à la fosse numéro 2. Au fond, ils avaient été attendus par le délégué Dacheville*, délégué mineur aux fosses numéro 4 et numéro 11. Ils visitèrent ensemble les galeries toujours encombrées de cadavres en voies de décomposition, dont plusieurs centaines n’avaient pas été tuées lors de l’explosion, mais étaient mortes de faim. Ils consignèrent leurs observations qui étayèrent leur rapport.

Sébastien Cordier, secrétaire de la section syndicale des mineurs de Carvin (Pas-de-Calais), fut un artisan de l’unité nationale de la corporation. Trésorier de la fédération des Mineurs et son porte-parole devant le Comité confédéral CGT le 15 juin 1908, il désavoua les attaques injurieuses de Basly contre la CGT et ses dirigeants et, avec Bexant, confirma par écrit ce désaveu le 4 août 1908.

Il assista au XVIe congrès national corporatif — 10e de la CGT — et à la 3e conférence des Bourses du Travail tenus à Marseille en octobre 1908. Il y représentait, avec Bartuel et Merzet, la Fédération nationale de l’industrie des Mines. Il représenta encore la fédération au XVIIe congrès, Toulouse, octobre 1910. Au XVIIIe congrès, Le Havre, septembre 1912, un Cordier, sans indication de prénom, représentait les mineurs du Pas-de-Calais. Il y a sans doute identité
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Sébastien Cordier fut gérant, à partir de février 1910 (n° 129), de la Voix des Mineurs, organe hebdomadaire de la fédération des Mineurs du Nord et du Pas-de-Calais qui paraissait depuis le 7 septembre 1907 (Bibl. Nat. Jo 91 346). En 1911, il succéda à Bexant comme secrétaire de la fédération du Sous-Sol — Voir Rondet M.

Sébastien Cordier fut adjoint au maire de Carvin, jusqu’à ce que ses responsabilités au sein de la fédération du sous-sol ne l’obligent à venir s’installer à Lens. Il fut élu conseiller municipal de Lens en mai 1913.

Séraphin Cordier mourut le 6 juillet 1913 à Lens. Le syndicat des mineurs et la fédération socialiste organisèrent des obsèques civiles grandioses qui eurent lieu le 8 juillet à Lens. Dans l’après-midi, sa dépouille mortelle fut exposée dans l’entrée de la maison syndicale des mineurs, à Lens, puis, vers cinq heures, le cortège prit la direction du cimetière. Le corbillard fut précédé par la fanfare ouvrière de Lens, les porteurs de couronnes, la fanfare de Liévin. Il fut suivi par les drapeaux des syndicats ouvriers et de sections syndicales et des sections socialistes. Suivaient les personnalités, puis la foule ouvrière. Au cimetière, prirent la parole, le député socialiste et secrétaire du syndicat du Nord Basly ; le député socialiste et secrétaire de la Fédération des mineurs du Nord et du Pas de Calais Lamendin ; du député socialiste et secrétaire du syndicat des mineurs du Nord, Goniaux ; du secrétaire de la fédération socialiste du Pas-de-Calais, Ferrand ; du secrétaire de la section syndicale des mineurs de Carvin, Destombes* ; Du secrétaire de la fédération des sociétés de la Libre-Pensée du Pas-de-Calais, Prévost ; du représentant de la loge « Fidélité » de Lille, Malbranche.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article79328, notice CORDIER Séraphin , version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 19 mars 2017.

SOURCES : Comptes rendus des congrès. — M. Perrot, « La Mine et les Mineurs », Le Mouvement social, n° 43, avril-juin 1963. — La CGT, op. cit., p. 433. — J. Julliard, Clemenceau briseur de grèves, Paris, 1965, p. 107. — La Bataille syndicaliste, 8 juillet 1913. — L’Egalité de Roubaix-Tourcoing du 10 novembre 1903, du 14 avril 1906, du 7 juillet 1913, du 9 juillet 1913Le Rappel, 16 avril 1906, — Arch. Dép. du Nord,registre matricule, cote 1R2071-325 — État civil — notes de Gilles Pichavant.

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