RAULIN Gaston, Eugène

Par Jean-Jacques Doré

Né le 20 novembre 1881 à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 19 septembre 1930 à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; chaudronnier puis ajusteur aux chemins de fer de l’État ; syndicaliste révolutionnaire ; secrétaire adjoint du syndicat CGT des Cheminots de Sotteville de 1911 à 1914, secrétaire des Cheminots du Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) en 1917, secrétaire de la section syndicale des ateliers de "Quatre-Mares" à Oissel de 1918 à 1920.

Fils d’Angéline Leforestier, tisseuse de 16 ans, Gaston fut reconnu par son père Louis Raulin le 16 novembre 1889. Selon son matricule militaire, ce "blond aux yeux bleus d’1m58 au front fuyant" fut mobilisé dans l’infanterie le 16 novembre 1902 alors qu’il exerçait le métier de chaudronnier. Démobilisé le 23 septembre 1905, le sergent Raulin fut embauché par la Compagnie des Chemins de fer de l’Ouest et affecté comme chaudronnier aux ateliers de Sotteville-lès-Rouen le 4 août 1905. Il militait dans les rangs du syndicat CGT des Cheminots.

Catalogué comme syndicaliste révolutionnaire, très actif pendant la grève de 1910, il fut révoqué le 16 octobre. La Compagnie de l’Ouest ayant été rachetée par l’État, il obtint sa réintégration à Sotteville le 30 janvier 1911 comme employé de l’administration, préservant ainsi les ateliers d’un agitateur confirmé. Avec Henri Galliot, il réorganisa le syndicat CGT des Cheminots de Sotteville, amputé de ses principaux militants Jules Buissonnière et Pierre Berthelot, révoqués eux aussi. Secrétaire adjoint d’Henri Galliot de 1911 à 1914, il avait été comme lui fiché sur la liste des antimilitaristes de Seine-Inférieure en 1911 puis inscrit au carnet B le 26 juin 1913.

Mobilisé dans l’infanterie le 2 septembre 1914, il combattit dans les tranchées avant d’être affecté spécial aux ateliers des chemins de fer du Havre le 19 juillet 1916. Le 22 février 1917, le syndicat CGT des Cheminots du Havre fut réactivé, Gaston Raulin fut élu secrétaire général, assisté de militants qui n’allaient pas tarder à faire parler d’eux, Francis Fouré et Léon Métayer (secrétaires adjoints), Gabriel Jousson (trésorier), Casimir Brillat (trésorier adjoint) et Pierre Égretaud (archiviste).

En novembre 1917, il obtint son retour aux ateliers de Sotteville et dès janvier 1918, il fut porté au secrétariat de la section des ateliers de Quatre-Mares. Un mois plus tard, le 22 février, les minoritaires, conduits par Maurice Gautier, prirent le contrôle du syndicat général . Raulin était alors avec Gustave Courage, Charles Hardy, Gustave Blard et Émile Pairaudeau l’un de ses principaux lieutenants. Très actif et souvent intransigeant, il anima, selon le préfet, le Comité de la IIIe Internationale.

Avec Maurice Gautier, il fut délégué au congrès de Laval du 14 au 17 mai 1919 et l’année suivante, il fut l’un des principaux acteurs des grèves de février et mai 1920, jouant le rôle d’agent de liaison avec la Fédération. Révoqué le 9 mai, il fut arrêté quelques jours plus tard.

En 1921, il fut à l’origine de la création du CSR de Sotteville, dont il fut le porte-parole attitré. Au lendemain du Congrès confédéral de Lyon (septembre 1919), les minoritaires de la CGT, prônant l’adhésion à la IIIe Internationale, organisèrent les Comités syndicalistes révolutionnaires dont l’objectif était de conquérir les directions des Unions, Fédérations et syndicats.

Ce fut sa dernière action militante, réintégré comme expéditionnaire aux chemins de fer de campagne à Sotteville (ce qui n’était guère une promotion) le 24 juin 1925, un rapport du commissaire spécial précisait en 1928 : "Gaston Raulin vit paisiblement dans la maison dont il est propriétaire".

Domicilié 28 rue Godefroy Cavaignac à Sotteville en 1921, il fit l’acquisition en 1928 d’une maison située 276 rue Victor Hugo.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article7935, notice RAULIN Gaston, Eugène par Jean-Jacques Doré, version mise en ligne le 2 juin 2022, dernière modification le 2 juin 2022.

Par Jean-Jacques Doré

SOURCES : Arch. Nat. F7/13091. — Arch. Dép. Seine-Maritime, série R Autorisations militaires des réunions syndicales jusqu’en juillet 1919, 1 MP 285 Radiations du carnet B pour départ, 4 MP 2521 Fonctionnaires 1911-1936, 4 MP 2410 Réunions et conférences 1914-1918, 1 MP 1332, 10 MP 1333 grèves des cheminots 1920. — Matricule militaire — La Dépêche de Rouen, passim. — Le Réveil ouvrier, passim. — J.-J. Doré, mémoire de maîtrise, op. cit.. — État civil.

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