DEDIEU Alice (Marie, Alice, Léonie), épouse Courtois

Par Rolf Dupuy, Mauricette Laprie

Née à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 25 août 1872. Lingère. Anarchiste de Bordeaux (Gironde).

Fille de Raymond Dedieu, chaudronnier et de Marie Françoise Robert, ménagère, Marie Alice Léonie Dedieu se maria le 27 juin 1894 à Bordeaux (Gironde) avec Auguste Florentin Courtois, qui obtint une autorisation spéciale de sortie du Fort du Hâ où il était emprisonné ; Antoine Antignac était un de leurs témoins. Leur fille Antoinette Florence naquit le 1er novembre 1894 à Poitiers (Vienne) et décéda à Bordeaux le 2 janvier 1965.

Orpheline très jeune, Alice Dedieu avait été élevée à Marseille par un oncle et une tante, les époux Julien, restaurateurs à la Madrague qui possédaient une certaine fortune, ce qui lui permit d’acquérir un certain degré d’instruction. Vers la fin de 1891 elle quitta sa famille et Marseille et vint à Bordeaux où elle fit la connaissance d’Auguste Courtois dit Liard, qui à cette époque faisait une tournée de conférences. Elle se mit à voyager avec lui. Ils revinrent à Marseille pour tenir un commerce de salaisons qui périclita rapidement. Courtois fut condamné à huit mois de prison en raison du mauvais état de ses affaires. Puis, poursuivi en Cour d’assises à Bordeaux, il fut transféré dans la prison de cette ville. La Cour l’ayant acquitté, il fixa sa résidence à Bordeaux où Alice Dedieu vint le rejoindre vers le mois de juin 1893. Ils habitaient ensemble 48 rue des Retaillons. Courtois ayant été arrêté lors des grèves de la corporation du bâtiment en août 1893, elle alla demeurer avec la famille Antignac, 62 place du 14 juillet 62 au Bouscat, dans la banlieue bordelaise.

Le Commissaire central de Bordeaux rédigea le 30 novembre 1893 pour la Préfecture de la Gironde, une notice de renseignements « La nommée Dedieu, lingère, n’est que depuis quelques mois à Bordeaux où elle avait accompagné son amant l’anarchiste Liard qui est actuellement détenu au Fort du Hâ où il purge une condamnation à quatre mois de prison pour menaces par écrit et atteintes à la liberté du travail. Cette femme escortait son amant dans les réunions anarchistes où elle s’y rend encore en l’absence de Liard mais elle n’y prend jamais la parole. Depuis la détention de son concubin, ce sont des compagnons de celui-ci qui l’assistent et pourvoient à ses moyens d’existence. »

Elle fut l’objet le 1er janvier 1894 d’une perquisition qui ne donna aucun résultat, puis d’une nouvelle notice de renseignements le 2 juillet. Après son mariage, elle partit en juillet 1894 s’installer chez ses beaux-parents à Poitiers (Vienne), où elle accoucha. Elle revint à Bordeaux, accompagnée de sa petite fille, le 14 novembre 1894 pour assister au procès de son mari ; elle habita chez Antignac au Bouscat pendant son séjour. Elle repartit à Poitiers en janvier 1895 ; le 10 novembre 1897 elle y fut l’organisatrice d’une conférence de Sébastien Faure.. Elle fit de nombreux déplacements entre Poitiers et Bordeaux d’août 1895 à février 1898, elle résidait alors toujours dans la famille Antignac au Bouscat. Puis le 13 avril 1898, elle s’installa au 60 rue Naujac à Bordeaux. Aucune activité anarchiste n’était signalée les rapports du Commissaire central.

A la libération de son mari en avril 1900, elle essaya de reprendre la vie commune à Paris. Le 19 février 1904, une lettre du Ministère de l’Intérieur au Préfet de la Gironde demanda des informations : « …la nommée Dedieu, femme de l’anarchiste Courtois dit Liard a abandonné son mari et habiterait actuellement à Bordeaux… ». Le Préfet répondit le 20 : « … demeure 29 rue Pierre Noguey où elle vit maritalement avec l’anarchiste Antignac Antoine depuis 2 ans environ. Elle est toujours surveillée par la brigade spéciale et il est fourni journellement, un bulletin à son sujet. ». Le 12 novembre 1912, dans un rapport sur Antoine Antignac, le Commissaire central nota « … domicilié 87 rue Montgolfier, vit en concubinage avec la femme Courtois et sa fille. »
En 1935 elle résidait 27 rue du Général Crémer à Bordeaux et figurait toujours sur la liste des anarchistes de la Gironde.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article79443, notice DEDIEU Alice (Marie, Alice, Léonie), épouse Courtois par Rolf Dupuy, Mauricette Laprie, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 17 juin 2020.

Par Rolf Dupuy, Mauricette Laprie

SOURCES : Arch. Dép. Vienne, M 4/86 et M 4/236 (d’après le DES de J. Marion, Le Mouvement ouvrier dans la Vienne, 1871-1914, Poitiers, 1963). — CAC Fontainebleau 200 10216/170 — Arch. Nat. F7/12508, BB 186449. — Arch. Dép. Gironde 1 M 482, 489. — Arch. Bordeaux Métropole 3527 I 10. — Etat civil de Marseille (Bouches-du-Rhône), Bordeaux (Gironde), Poitiers (Vienne).

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