RAVET-ANCEAU

Né dans la Côte-d’Or ; ancien confiseur ruiné, devenu cheminot, employé à la gare de Lille (Nord) ; saint-simonien, candidat socialiste à l’Assemblée constituante en 1848 ; fondateur de l’Annuaire de Lille (1853).

Socialiste et républicain sous la monarchie de Juillet, influencé par le mouvement saint-simonien, Ravet-Anceau ne réussit pas dans les affaires. Ruiné, il trouva un modeste emploi à la gare de Lille, peu avant la révolution de Février. Peu après celle-ci, il devint président du club des Amis du Peuple, qui réunissait, pour des conférences philosophiques et sociales, des membres des professions libérales et des étudiants.

Ravet-Anceau se présenta à la députation en avril 1848, comme prolétaire. Sa profession de foi, sur le plan social, ne manque pas d’intérêt. Il voulait accomplir l’œuvre « colossale [...] de l’organisation du travail, l’œuvre de la constitution de l’industrie sur de nouvelles bases ». Pour cela, il préconisait : « l’union des intérêts du capital et du travail », « l’appropriation successive et la plus prompte possible aux mains du gouvernement [...] de la plus grande partie des terres, usines, maisons et capitaux de toutes sortes [...] la transformation de la propriété individuelle et morcelée en propriété actionnaire et sociétaire [...] la distribution à chacun des produits du travail suivant l’importance du capital fourni et du travail accompli ». Dans l’immédiat, il proposait des réalisations sociales à l’échelon communal, des coopératives, des colonies agricoles, une organisation du crédit par la réforme de la Banque de France. Il prenait position en faveur de l’établissement d’un impôt progressif, de l’abolition des successions collatérales, et de l’institution d’un droit de succession progressif élevé en ligne directe.

Après avoir affirmé que sa réforme se ferait « avec l’assentiment des intéressés, pacifiquement, progressivement, sans spoliations, sans violences », il s’adressait successivement aux citoyens bourgeois qui ne sont pas heureux, qui sont isolés, dont le développement intellectuel est faussé, qui sont frustrés dans leurs affections parce qu’ils sont mariés à des femmes qu’ils n’aiment pas et qui ne les aiment pas, puis aux ouvriers déshérités, plongés « dans un milieu d’ignorance et d’immoralité qui les enveloppe de toutes parts ». À tous, il promettait un véritable bonheur.

Ravet-Anceau ne fut pas élu. À la fin de 1848, ou au début de 1849, il adhéra à la coopérative ouvrière l’Humanité, dont il devint un membre actif (Voir Auguste Lebrun*). Le 4 décembre 1851, il participa, à Lille, à une protestation contre le coup d’État mais, semble-t-il, ne fut pas inquiété.

Dès 1853, il commença à publier son Annuaire de Lille et de l’arrondissement qui parut chaque année et qui, étendu au département du Nord, existe encore de nos jours. Le premier annuaire donne des renseignements géographiques, économiques et sociaux sur les communes du Nord. Son introduction contient un tableau du développement industriel de l’arrondissement qui est un véritable hymne à la production industrielle.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article7945, notice RAVET-ANCEAU, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 28 novembre 2008.

ŒUVRE : Vérité et justice sur le socialisme, Lille, 1848, in-8°, 16 p., Bibl. Nat., 8° Lb 54/1152. — Annuaire Ravet-Anceau, 1853. (Bibliothèque municipale de Lille).

SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 27/4, et M 140/28 (dossier Frémy : Ravet-Anceau y est qualifié de « chef secondaire du parti démagogique »). — H. Verly, Souvenirs d’une vieille barbe, Lille 1892, p. 24-25. — A.-M. Gossez, Le département du Nord sous la IIe République, Lille, 1904, p. 136, 307. — P. Assoignon, Lille et le quartier Saint-Sauveur, Lille, 1898, p. 272.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable