RAYNAUD Jean, François

Par Madeleine Rebérioux

Né en 1854 à Albi (Tarn) ; dessinateur à la compagnie des chemins de fer du Midi ; militant syndicaliste, socialiste et coopérateur.

Jean, François Raynaud fit ses études comme boursier au lycée et entra ensuite comme dessinateur à la compagnie du Midi. Affecté à l’arr. de Toulouse, il partagea son activité entre le syndicalisme et le mouvement coopérateur, puis adhéra au socialisme à une date qui ne nous est pas connue. Ce triptyque semble dessiner le visage du parfait guesdiste. En tout cas cet homme, plus instruit que la très grande majorité des syndicalistes toulousains, était simple, de commerce agréable et bon organisateur. Un rapport secret de la Direction de la Sûreté - 1900 - le qualifie : « Homme froid, très posé, à la raison saine. »
Délégué en 1888 au congrès international de Barcelone, puis en 1889 à l’Exposition internationale de Paris et aux deux congrès internationaux (corporatif et socialiste) qui se tinrent cette année-là dans la capitale, il y représenta l’Union des syndicats ouvriers de Toulouse. C’est aussi à ce titre qu’il organisa plusieurs coopératives : celle des ouvriers malteries et layetiers, celle des ouvriers typographes « La Toulousaine », et la coopérative ouvrière de production de Grisolles. Lorsque les verriers de Carmaux décidèrent de créer à Albi, après la grande grève de 1895, la Verrerie ouvrière, c’est Jean, François Raynaud qui fut choisi en 1896 pour être trésorier du Comité de défense de la « VO ».

Il commençait la même année à figurer sur la liste des candidats socialistes au conseil municipal ; sans prendre d’ailleurs une part particulièrement active aux négociations préalables ni aux campagnes, le socialisme n’étant pas son principal terrain d’action. Il obtint plus de 3 100 voix en mai 1896, près de 6 000 en 1900 et presque autant en 1904. En février 1906, il entra au Capitole avec toute la liste socialiste et accepta les fonctions de troisième adjoint, chargé des grands travaux dans la municipalité SFIO. C’est à ce titre qu’il fit savoir, le 5 mai 1906, que la journée de travail sur les chantiers municipaux serait désormais réduite à 8 heures sans diminution de salaire. Battu avec sa liste en 1908, il ne se représenta pas en 1912.

C’est cependant au syndicat des chemins de fer qu’il consacrait l’essentiel de son temps. Secrétaire du groupe d’études des cheminots de Toulouse, il était, les 20 et 21 janvier 1899, délégué au Xe congrès national du Syndicat national des travailleurs des chemins de fer, puis au XIe qui se tint également à Paris du 1er au 3 mars 1900. Quelques mois plus tard, le 15 juillet, il recevait à Toulouse le premier congrès général du réseau du Midi et il y faisait fonction de secrétaire. Au douzième congrès toulousain également qui se tint en deux fois (29 septembre et 27 octobre 1901), il rapporta sur plusieurs points professionnels importants, notamment l’échelle des traitements. Il devint, l’année suivante, vice-président du comité syndical du réseau du Midi et c’est à ce titre que, après avoir participé aux XIIe et XIIIe congrès nationaux, il fut rapporteur au XIVe en 1903. Il sera enfin en octobre 1906 délégué au 9e congrès de la CGT (XVe congrès national corporatif) à Amiens par la section syndicale des chemins de fer de Toulouse : il avait toujours insisté pour que des liens étroits existent entre les travailleurs des chemins de fer et la CGT, en particulier pour que le syndicat soit représenté en mai 1901 au sein de la délégation française de la CGT pour la manifestation contre la guerre qui devait se tenir à Londres.

Le 30 juillet 1906, il rédigea un rapport destiné à Louis Barthou, alors ministre des Travaux publics, sur la nécessité de créer dans les réseaux ferroviaires des comités du travail paritaires détenteurs d’amples pouvoirs.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article7958, notice RAYNAUD Jean, François par Madeleine Rebérioux, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 19 avril 2023.

Par Madeleine Rebérioux

SOURCES : Arch. Nat., F7/ 13 660, dossier du 11e congrès du Syndicat national des employés de chemin de fer. — Notice biographique de Bourniquel, La Cité, 18 mars 1906. — Comptes rendus des congrès syndicaux. — Bulletin municipal de Toulouse, 1906-1908, 1912-1919.

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