DANFLOUS Emmanuel, Théodore

Par Madeleine Rebérioux

Né le 13 octobre 1848 à Lombez (Gers) ; ouvrier sellier ; militant socialiste toulousain.

Emmanuel Danflous, dont le père était sellier embrassa le même métier et s’engagea de bonne heure dans la vie politique. Dès 1868, à vingt ans, il luttait contre l’Empire en Charente-Inférieure et, à son retour dans le Gers, vers 1875, il continua à défendre des idées avancées. Il vint s’installer à Toulouse vers 1888. Les dix années qui suivirent alors forment le cœur de sa vie militante.
En 1888-1889, il participa activement à la réorganisation du mouvement syndical toulousain et en 1890 à la fondation de la Bourse du Travail où il représenta les ouvriers selliers. Cette même année il fut, à la suite d’une grève, licencié de l’Arsenal où il avait trouvé du travail. En même temps, ses idées socialistes se précisant, il devenait guesdiste. Le groupe dont il était l’animateur, dit « Groupe des républicains ouvriers » ou « L’Ouvrier », du nom du journal, se sépara en janvier 1891 de l’Union républicaine socialiste pour entretenir des rapports plus étroits avec le POF. Au même moment, il fonda un journal bimensuel, L’Ouvrier, dont le contenu nous est en partie connu par diverses polémiques, mais dont aucun numéro n’a pu être retrouvé. L’équipe guesdiste de l’Ouvrier acquit en 1891-1892 le contrôle de la commission administrative de la Bourse du Travail.
Danflous sut d’ailleurs éviter les compromis auxquels se livrèrent la plupart des membres de son groupe. Lorsque, aux élections municipales de 1892, ceux-ci furent presque tous candidats contre les radicaux alliés aux blanquistes, sur la liste opportuniste parrainée par le Sud-Ouest, Danflous ne s’y associa pas et se présenta avec Courtois et Paul Vigneau, sur une liste originale, d’ailleurs sans espoir, dite liste du Parti ouvrier.
L’aventure opportuniste de 1892 coûta cher aux guesdistes qui perdirent le 7 mai 1892 le contrôle de la Bourse du Travail, mais Danflous (qui avait été battu en août 1891 par De Fitte pour représenter au congrès international de Bruxelles les ouvriers toulousains) fut, pour sa part, délégué par 21 voix sur 43 au congrès corporatif de Marseille, en septembre 1892, puis au IIe congrès de la fédération des Bourses du Travail, Toulouse, février 1893, dont il publiera un compte rendu détaillé. En 1894 enfin, il fut délégué de la fédération de l’équipement militaire à son congrès de Bordeaux.
Délégué au congrès national du POF de 1892, gérant en 1894 du Socialiste du Midi, secrétaire de l’agglomération toulousaine du POF de 1894 à 1896, Danflous continua pendant ces années à être aux élections le porte-parole qualifié des guesdistes : candidat aux élections cantonales pour le canton du centre de Toulouse en 1895, il fut en mai 1896 candidat aux élections municipales sur une liste d’unité socialiste. Il quitta Toulouse entre mai et novembre 1896, mais il y revint en mars 1897 pour présider le banquet du POF en l’honneur de la Commune. Il fut encore délégué en septembre 1897 à Toulouse, au IXe congrès national des syndicats et au VIe congrès de la fédération des Bourses, puis on le perd de vue.
Ce travailleur assidu, ce militant autorisé et capable est le véritable fondateur du guesdisme toulousain à l’école duquel se formèrent un grand nombre des socialistes de la grande cité aquitaine.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article79592, notice DANFLOUS Emmanuel, Théodore par Madeleine Rebérioux, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

Par Madeleine Rebérioux

ŒUVRE : Compte rendu du congrès de la Fédération des Bourses du Travail en 1893.

SOURCES : Arch. Dép. Haute-Garonne 4 M 105. — J. Pradelle, Historique de la Bourse du Travail de Toulouse (Voir Pradelle). — N. Dyonet, Le Socialisme à Toulouse de 1878 à 1893, DES Toulouse, 1963. — Cl. Willard, Les Guesdistes, Paris, 1965, p. 614. — La Dépêche, 1892-1896. — Le Sud-Ouest, 1892. — Le Socialiste du Midi, janvier-juin 1894. — Le Peuple, 28 juillet 1895. — Le Progrès socialiste, 21 mars 1897.

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