DAZET Georges [DAZET, Alexis, Édouard, Georges]

Par Justinien Raymond

Né et mort à Tarbes (Hautes-Pyrénées) : 2 avril 1852-8 novembre 1920 ; avocat ; militant socialiste des Hautes-Pyrénées.

Georges Dazet à treize ans
Georges Dazet à treize ans

George Dazet était le fils d’un avoué qui fut conseiller municipal de Tarbes. Après des études secondaires dans sa ville natale et des études juridiques, il s’établit avocat à Tarbes où son talent lui assura une large audience, puis à Paris. Républicain de tradition familiale, il fut conseiller municipal de Tarbes de 1883 à 1888. À l’Hôtel de Ville, il joua un rôle actif, prit de nombreuses initiatives en faveur de l’école laïque et aussi en faveur de la classe ouvrière, attitude qui annonce son évolution future. En 1885, il posa sa candidature aux élections législatives. Sa désignation par le congrès républicain comme l’un des quatre candidats de la liste de gauche ayant été contestée, il se présenta isolément. La liste de droite l’emporta. En 1886, G. Dazet fut élu conseiller général par le canton de Lannemezan. Battu au renouvellement de 1889, il ne sollicita plus aucun mandat dans les Hautes-Pyrénées.

Dazet, jusqu’ici républicain radical, se déclara dès lors socialiste. Directeur politique de la République des Hautes-Pyrénées de 1887 à 1891, il y affirma nettement ses convictions nouvelles. En 1890, il fonda à Tarbes un groupe socialiste qui adhéra au POF et entra en rivalité avec un petit groupe allemaniste, « Les Égaux », créé en 1888 par un petit patron tapissier du nom de Romain Besques. Le POF, en 1898, le présenta aux élections législatives à Valenciennes (2e circonscription). Il participa en 1899 et en 1900 aux premiers congrès généraux des organisations socialistes françaises à Paris, salle Japy (où il vota en faveur de la participation ministérielle), et salle Wagram. En 1900, il fut encore délégué au congrès du POF à Ivry. Après 1905, Dazet appartint à la SFIO à laquelle les quelques groupes des Hautes-Pyrénées étaient reliés par l’intermédiaire d’une fédération de Gascogne. En 1909, il les en détacha et organisa une fédération départementale de soixante adhérents répartis en cinq sections, Arreau, Bagnères-de-Bigorre, Rabastens, Seinéac et Tarbes. À son congrès de Tarbes en 1911, elle en comptait cent quinze répartis dans huit sections.

En raison de son état de santé, Dazet dut renoncer au barreau. De 1912 à 1920, il exerça les fonctions de juge de paix à Monsols (Rhône) jusqu’au moment où il revint mourir au pays natal.

Dazet n’a pas été seulement un militant socialiste. Il appartint en outre à la franc-maçonnerie et fut l’auteur d’études politiques, économiques et sociales. Mais l’homme prêta le flanc à la critique. Il est présenté comme un « noceur » aux « besoins d’argent considérables ». « Marié avec Mlle Abadie, fille du fabricant de papier à cigarettes, (il) divorça après avoir englouti la dot de sa femme, 100 000 francs » (IFHS Archives Guesde, cité par Cl. Willard).

Hélène Desbrousses à réédité en 2014 l’ouvrage de Georges Dazet, Lois collectivistes pour l’an 19...

Elle écrit :

Développé avec une verve polémique particulière, ces Lois collectivistes informent sur le contexte politique général de l’époque, sur les perspectives économiques et politiques qui se trouvaient alors dressées. L’ouvrage donne à voir la relative élévation théorique des débats du temps, qui à certains égards fait contraste avec l’horizon historique et intellectuel quelque peu rétréci qui prévaut dans notre contemporanéité. Rédigé dans la foulée de la révolution russe de 1905, il fournit aussi des indications sur la "réception" de cette révolution au sein des partis socialistes de plusieurs pays européens. Il semble alors que se pose plus largement à l’ordre du jour la "probabilité" d’une "transformation fondamentale de l’ordre actuel", "d’où seront bannis les privilèges et la notion même du capital".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article79690, notice DAZET Georges [DAZET, Alexis, Édouard, Georges] par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 11 mars 2016.

Par Justinien Raymond

Georges Dazet à treize ans
Georges Dazet à treize ans

ŒUVRE : La Banque de France, fin du privilège, Paris, 1888. — Discours de clôture du Convent maçonnique de 1899, prononcé par le F... Georges Dazet. — La crise de l’opinion française, les causes, les remèdes, Paris, s. d. — « Lettre à F. Borde » in Revue du Socialisme rationnel, Bruxelles, n° de juin 1902, p. 705 du t. 1901-1902 (Bibl. Nat. 80 R. 858). — La République et les Églises, étude sur la séparation des Églises et de l’État, Tarbes, 1905. — Lois collectivistes pour l’an 19..., Paris, 1907 (réédité en 2014 par Inclinaison, Cahiers pour l’analyse concrète 74-75). — Finances socialistes, Tarbes, 1910. — Le congrès national du Parti socialiste SFIO. Le Gouvernement tunisien et l’affaire Conitéas. Mémoire présenté par George Dazet, Tarbes, 1911. — Les Orphelins de guerre, leur situation juridique, Paris, 1915. — La Liquidation des séquestres, Paris, 1916.

SOURCES : La République des Hautes-Pyrénées (Bibl. Nat. J.O. 89 214) et Le Prolétaire, hebdomadaire de la fédération SFIO des Hautes-Pyrénées, 1910-1911 (Bibl. Nat. J.O. 88 537). — Procès-verbaux du conseil municipal de Tarbes (Hôtel de Ville de Tarbes). — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes I, op. cit., pp. 480 à 483, passim. — Cl. Willard, Les Guesdistes, op. cit., p. 615.

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