DEBUNNE Auguste

Par Biographie élaborée par M. Lentacker

Né à Menin (Belgique), le 15 novembre 1872 ; rempailleur de chaises puis cabaretier ; militant coopérateur, socialiste et syndicaliste.

Auguste Debunne est issu d’une famille ouvrière. Son père était ouvrier blanchisseur et sa mère bobineuse ; ils eurent quinze enfants. Auguste, l’aîné, devint rempailleur de chaises à l’âge de onze ans, mais continua à s’instruire.
À seize ans, en 1888, Debunne s’inscrivit au club de propagande socialiste et devint membre du syndicat des rempailleurs. Les ouvriers habitant Menin travaillaient pour la plupart en France, à Halluin (Nord) surtout ; ce fut parmi eux (à Mouscron également) que le parti socialiste connut ses premiers développements dans la province de Flandre occidentale, bien avant Courtrai où la condition ouvrière resta longtemps beaucoup plus difficile. Dès son origine, en 1882, le groupe socialiste de Menin reçut la visite des leaders gantois, Anseele et Van Beveren, dont l’influence fut décisive.
Debunne, au retour du service militaire en 1895, devint correspondant de l’hebdomadaire socialiste gantois Het Volksrecht. En 1896, il dirigea une grève du textile qui dura trois mois à Halluin. Cette grève échoua, car 90 % des ouvriers textiles travaillant à Halluin restaient inorganisés. L’administration française prit à cette occasion une mesure d’interdiction de séjour à l’égard de Debunne ; cette mesure ne fut rapportée qu’en 1906.
Manquant de travail, Debunne devint cabaretier et vendeur du journal Vooruit. En 1902, il fonda la coopérative « De Blicht » qui prit un essor comparable à celui de « La Fraternelle » de Mouscron, créée en 1892 sur le modèle du « Vooruit » de Gand.
Dès lors, Debunne devenait le principal animateur du syndicat socialiste de Menin qui groupa très vite les travailleurs frontaliers : ceux-ci acceptaient de payer des cotisations plus élevées qu’en France, mais ils pouvaient compter sur une organisation plus complète et sur des secours bien plus substantiels en cas de grève ou de maladie.
La grève des tissages Graty à Halluin (janvier à avril 1903) révéla déjà une opposition de méthode et de comportement entre les syndicats socialistes de Menin et ceux d’Halluin. La grève fut déclenchée par les deux syndicats, mais, dès février, la section d’Halluin ne recevait plus les subsides du syndicat textile de Roubaix, et la direction des établissements Graty repliait son matériel sur son usine de Wervicq-Sud travaillant à plein rendement. Dans une réunion tenue le 13 mars 1903 à Wervicq-Belgique, Debunne ne réussissait pas à entraîner les ouvriers locaux dans une grève de solidarité. Ces conditions amenèrent Anseele à conseiller la reprise du travail au syndicat de Menin ; les grévistes d’Halluin continuèrent la grève et s’opposèrent le 25 avril à l’entrée en France des ouvriers belges.
Résignée à la reprise générale, la section d’Halluin entreprit une action en justice contre le syndicat textile de Roubaix et eut même un moment l’intention de se fédérer avec le syndicat de Menin. Il n’en fut rien et les syndicats frontaliers se rattachèrent de plus en plus étroitement au réseau syndical belge comme en témoigna la grève des ouvriers du lin d’Halluin en 1910, pendant laquelle le syndicat de Menin reçut les subsides de Courtrai et de Mouscron, et la grève générale de 1913 en Belgique au cours de laquelle les travailleurs affiliés aux syndicats de la zone frontalière et occupés en France versèrent 30 000 francs de secours aux grévistes.
Le prestige de Debunne lui valut d’être élu député de l’arr. de Courtrai à partir de 1906, puis bourgmestre de Menin aux élections de 1919.
L’action syndicale de Debunne fut à nouveau décisive entre les deux guerres sur le plan local. Lors des grèves d’Halluin qui durèrent sept mois en 1928, Debunne ne put admettre les objectifs de la CGTU et accepta un accord avec les employeurs ; il dut conduire lui-même le cortège des ouvriers frontaliers reprenant le travail sous la surveillance de la police et sous les huées des « unitaires » groupés aux différents postes de la frontière.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article79706, notice DEBUNNE Auguste par Biographie élaborée par M. Lentacker, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

Par Biographie élaborée par M. Lentacker

SOURCES : Arch. Dép. Nord M 619/31. — Marius De Rijke, August Debunne en de werkersbeweging in het arrondissement Kortrij (De Wilde Roos, Brussel, 1931). — Presse régionale du Nord : l’Écho du Nord, le Journal de Roubaix, l’Enchaîné, le Travailleur, l’Égalité, l’Ouvrier textile (mensuel).

ICONOGRAPHIE : Portraits et photographies dans l’ouvrage de Marius De Rijke cité ci-dessus.

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