RÉGHEM Albert, Auguste

Par Odette Hardy-Hémery, Frédéric Stévenot

Né le 28 mai 1910 à Trélon (Nord), fusillé le 8 avril 1944 à Saint-Quentin (Aisne) ; cheminot à Hirson (Aisne) ; secrétaire de l’UL CGT clandestine ; résistant FTPF.

Albert Réghem
Albert Réghem

Fils de cheminot, Albert Réghem, marié, père de deux enfants, Jean et Daniel, était lui-même cheminot. Certaines sources le mentionnent comme ouvrier soudeur au service du matériel de la traction au dépôt d’Hirson (Aisne), comme chef de wagon de secours, ou même comme chaudronnier SNCF sous l’Occupation à Hirson (Aisne) où il demeurait, au 34 rue Duverdier.

Secrétaire de la CGT clandestine, il rejoignit très vite les FTPF et participa à des actions de sabotages sur les voies ferrées. Un jour où il accompagnait une grue pour relever un train, un Allemand s’assit sur sa musette qui contenait des explosifs.

Après une vague d’arrestations qui toucha gravement le dépôt d’Hirson, Camille Grisot et lui cherchèrent à éliminer le dénonciateur, Jean Caramin, agent infiltré à la SNCF travaillant pour les Allemands. Mais ils furent tous les deux arrêtés très rapidement après l’échec de leur entreprise.

Albert Réghem fut dénoncé par un habitant d’Hirson d’idées opposées aux siennes. Il fut arrêté le 21 février à son domicile, ainsi que son épouse Suzanne Réghem, par la Sipo-SD. Une arme fut découverte lors de la perquisition. Albert Réghem, condamné à mort par le tribunal allemand FK 602 de Saint-Quentin le 6 avril 1944, a été fusillé le surlendemain au champ de tir de La Sentinelle.

Dans sa dernière lettre, Albert Réghem s’adressa à sa famille, mais il évoque également Camille Grisot, fusillé en même temps que lui :

« A l’heure ou vous recevrez ma lettre, écrit-il, je n’y serais plus. Je vous demande pardon à tous, du mal que je puis vous commettre.
 
Chère Suzanne, je te demande pardon, ma petite femme, du mal que je t’ai fait. J’aurais bien aimé te revoir, ça m’a été impossible. Tu embrasseras bien Jean et mon petit Daniel.
 
A mes chers parents, frères et sœurs, je leur demande de veiller du mieux qu’ils pourront sur mes enfants, qui j’espère, se tiendront bien.
 
Je viens de me confesser et de communier avant d’aller à la mort et, croyez-moi, j’y vais courageusement et je te demanderais ma chère Suzanne que si tu retourne à Ohain de me faire un cimetière d’Ohain ou Trélon afin que je sois dans la famille.
 
Je pars avec mon camarade Grisot et beaucoup d’autres. Vous remettrez bien mes amitiés à sa femme qui a été très bonne et courageuse. Vous remettrez aussi mes amitiés à tous mes copains du dépôt.
 
Ma chère Suzanne, Jean, Daniel, papa, maman, mon grand frère Jean, Madeleine, Suzanne ainsi que mes beaux-parents et toute la famille, je vous embrasse tous de tout mon cœur et soyez courageux, comme, tous, nous l’avons été. Merci à ma belle sœur Marie à qui je souhaite le retour de son mari.
 
Cher Victor, je lui demandais de faire son possible pour aider Suzanne dans son malheur. Le temps presse, j’ai peut-être oublié quelque chose, excusez moi, je ne sais pas où l’on nous fusille. Merci à tous et pardonnez-moi encore une fois, mais, surtout, que Jean soit un homme et me remplacera du mieux qu’il pourra ainsi que son petit frère Daniel.
 
Je ne vous ai pas parlé du jugement, vous l’apprendrez bien plus tard. C’est un aumônier allemand qui nous a communié. Je vous demande d’être courageux à votre tour et de regarder l’avenir en face.
 
Au revoir et tous mes meilleurs baisers et derniers souvenirs. »

Suzanne Réghem fut déportée le 18 juillet 1944 à Ravensbrück (matricule 47375), puis à Schlieben, dans un kommando de Buchenwald. Elle ne survécut que peu de temps à sa libération et elle mourut le 17 décembre 1948. Les deux fils d’Albert Réghem et de Suzanne Réghem, Jean et Daniel, furent élevés par leurs grands-parents retirés à Périgueux (Dordogne) ; c’est d’ailleurs dans le cimetière communal Saint-Georges, que reposent les corps de leurs parents.

Aujourd’hui, une rue d’Hirson porte le nom d’Albert Réghem. Son nom figure sur le monument aux morts et des plaques commémoratives de la gare d’Hirson, sur la stèle commémorative des victimes de la SNCF à Buire (Aisne), sur le monument commémoratif de Fourmies (Nord) et celui de La Sentinelle (Saint-Quentin).

Albert Réghem obtint à titre posthume la Légion d’honneur, la médaille de la Résistance (décoration également décernée à Suzanne Réghem), et la Croix de guerre 1939-1945 avec palme. Albert Réghem a été déclaré « Mort pour la France » le 20 septembre 1950.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article7978, notice RÉGHEM Albert, Auguste par Odette Hardy-Hémery, Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 19 avril 2022.

Par Odette Hardy-Hémery, Frédéric Stévenot

Albert Réghem
Albert Réghem

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII 5. – Témoignage de la famille Réghem. – Jean-Marie Fossier, Nord-Pas-de-Calais, Zone interdite. Mai 1940-Mai 1945, éd. sociales, 1977. Mémoire cheminote en Nord-Pas-de-Calais, édité par le comité d’entreprise. – Mémorial GenWeb ; blog de Jean-Jacques Thomas (pour la dernière lettre d’Albert Reghem). – Rail et mémoire.

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