Par Madeleine Guilbert
Ouvrière des tabacs à Marseille ; militante syndicaliste.
Marie Deleuil assista comme déléguée au Ve congrès national des syndicats et groupes corporatifs ouvriers de France tenu à Marseille en septembre 1892. Elle y représentait, avec Aubert Victorine, Bourgueil Marie, Jay Marie et Lautier Irma, le syndicat des ouvrières fédérées aux tabacs de Marseille. Elle fut également déléguée, en décembre de la même année au deuxième congrès de la fédération des Tabacs (Paris, 6-11 décembre 1892).
Au cours de la discussion dans ce dernier congrès sur le taux des cotisations que certains voulaient voir abaisser, Marie Deleuil soutint qu’il fallait le maintenir afin de créer une caisse de résistance. Le délégué de Tonneins (Lot-et-Garonne) lui répliqua : « De résistance... à quoi ? » Elle répondit : « Contre toutes sortes d’accidents possibles... une grève ». Son interlocuteur, hostile aux grèves, s’exclama : « Nous y voilà ! » Malgré l’opposition de quelques délégués, Marie Deleuil rédigea alors, proposa et fit adopter une motion. Au cours de la réunion plénière du dernier jour, elle raconta comment des militants de Marseille, dont elle-même et la citoyenne Jay, étaient allés à Riom et à Orléans pour aider à la création de syndicats. Ils ont, dit-elle, obtenu la promesse que « les hommes travaillant dans les manufactures allaient se joindre aux femmes qui, une fois de plus, ont montré le droit chemin à ceux qui croient être les plus forts ».
Par Madeleine Guilbert
SOURCE : Comptes rendus des congrès.