Par Didier Bigorgne
Né et mort à Revin (Ardennes) : le 14 février 1851-année 1920 ; d’origine belge naturalisé en 1891 ; ouvrier métallurgiste, puis épicier ; syndicaliste, libre penseur et militant du POSR ; maire de Revin (1893-1896).
Henri Delobe était le fils de Emmanuel Delobe né le 22 décembre 1822 à Gonrieux, province de Namur (Belgique), scieur de long, et de Francine Maréchal née en 1848 à Revin, mère au foyer. De nationalité belge, il épousa une jeune française, Cécile Petit, sans profession, qui lui donna deux enfants (un garçon né en 1878 et une fille en 1880).
Henri Delobe exerça le métier de mouleur à Revin. Il fut membre de la chambre syndicale de la métallurgie de Revin et du cercle d’études sociales L’Egalité, deux groupes affiliés à la Fédération des Travailleurs socialistes des Ardennes. Son engagement syndical et politique lui fit perdre son emploi. Il ouvrit alors une épicerie-bazar. En 1891, il fut menacé d’expulsion du territoire français pour avoir accordé des facilités de ravitaillement aux grévistes de l’usine Faure en conflit avec leur patron, du 19 novembre 1890 au 22 mars 1891. Il réussit toutefois à obtenir sa naturalisation.
Elu conseiller municipal de Revin, avec l’étiquette POSR, lors d’un élection municipale complémentaire, Henri Delobe devint adjoint au maire Arsène Dupont qui dirigeait la ville depuis la 9 août 1891. Aux élections municipales de mai 1892, la liste POSR l’emporta de nouveau ; réélu, Delobe fut reconduit dans son poste de maire adjoint. A ce titre, il représenta la municipalité de Revin au premier congrès national des conseillers municipaux socialistes de France et des colonies qui se tint du 11 au 13 septembre 1892 à Saint-Ouen. Il se fit remarquer par son intervention sur le socialisme municipal et démontra, preuves à l’appui, que sa municipalité avait fait plié les représentants de l’Etat dans les Ardennes.
Le 8 octobre 1893, Henri Delobe fut élu maire de Revin en remplacement de Dupont révoqué de ses fonctions. Sa première initiative fut de débaptiser la rue la Halle pour lui donner le nom de rue Jacquemart, en mémoire à l’instituteur revinois révoqué et condamné à l’exil par la Commission mixte de sûreté générale des Ardennes en avril 1852. Le 1er mai 1894, il fit voter par son conseil municipal l’interdiction des processions religieuses sur la voie publique. D’autres mesures suivirent. Il ne renouvela pas le bail de la caserne de gendarmerie qu’il fit transformer en hospice pour les vieillards et les invalides du travail. Il supprima le budget du culte et alloua la somme à l’achat de vêtements pour les enfants indigents. Il accorda la gratuité des fournitures scolaires pour tous les écoliers revinois. Il encouragea la création d’une fanfare populaire.
Le jour de deuil national décrété à l’occasion de la mort du président de la République Saidi Carnot assassiné par l’anarchiste italien Caserio le 24 juin 1894, Henri Delobe refusa de mettre le drapeau en berne à la mairie de Revin. Après avoir rencontré le leader socialiste Jean- Baptiste Clément à Charleville, il revint sur sa décision. En revanche, il ne mit pas de drapeau à son domicile privé pendant la durée du deuil national et n’assista pas au service célébré à la mémoire de Saidi Carnot le 1er juillet. Soupçonné de sympathie pour les anarchistes, Henri Delobe fut inquiété à plusieurs reprises par la police qui effectua de nombreuses perquisitions à son domicile ; Il avait déjà reçu sa visite après les attentats anarchistes de Revin er de Charleville en 1891.
Aux élections municipales de mai 1896, la liste POSR fut battue. Henri Delobe se retira de la vie politique locale. En 1903, il fonda une société de Libre pensée à Revin.
Gravement malade à partir de 1919, Henri Delobe mourut l’année suivante à Revin. Il est toutefois impossible de donner une date précise de sa mort. Le maire socialiste SFIO Georges Loth, élu le 8 décembre 1919, quitta précipitamment Revin en 1921, en emportant tous les registres qui ne furent jamais restitués.
Par Didier Bigorgne
Sources : Arch. Dép. Ardennes, 1U 2156 (recherches de Michel Vuarnet).— Arch. Mun. Revin.— Arch. Fédération des Travailleurs socialistes des Ardennes (médiathèque de Charleville-Mézières).— L’Emancipateur, 1891 à 1895.— Le Socialiste Ardennais, 1895 à 1903. — Etat civil de Revin.