DELOCHE Alexis

Par Maurice Moissonnier

Né en 1855. Tisseur puis marchand de journaux, Deloche habitait, 21-23, rue Thomassin, à Lyon (Rhône). Militant blanquiste lyonnais, il était le gendre du général Eudes.

Neveu de Christophe Deloche, fusillé le 23 mai 1871 à la suite du meurtre du commandant lyonnais de la garde nationale Arnaud (20 décembre 1870), Alexis Deloche commença, en février 1879, à participer à la vie politique lyonnaise en essayant de créer avec Bordat et Berthet — qui deviendront anarchistes — un cercle politique dans le quartier de la Croix-Rousse.
En 1880, il participa à la création de la fédération de la région de l’Est du parti ouvrier. Délégué d’un groupe de tisseurs révolutionnaires, il figura dans le jury arbitral chargé d’examiner les candidatures pour le congrès du Havre (1880). Il rejoignit la fraction anarchiste abstentionniste lors de la scission qui survint en mars 1881. Mais cette année-là, il milita surtout au Cercle d’Études sociales, 6, place de la Croix-Rousse, créé par un radical socialiste, le docteur Jantet dans le but de « faire revenir Lyon, du point de vue radical, ce qu’il était en 1848 et 1872 ». L’histoire de cette association est orageuse : le 14 juillet 1881, les partisans du drapeau rouge et du drapeau tricolore s’y affrontèrent ; le 30 août, la majorité chassa les membres du Parti ouvrier, mais les blanquistes restèrent dans la place et animèrent le cercle qui, en 1882-1883, prit position contre l’intervention armée en Egypte, le travail des enfants dans les manufactures, la loi Dufaure, le verdict contre les anarchistes (affaire Cyvoct), le nom de Gambetta donné au cours des Brosses, etc.
En avril 1883, le conflit éclata entre les blanquistes et les amis radicaux de Jantet et, le 3 mai, une commission provisoire (élue par surprise) s’empara de la direction du cercle. Deloche en fit partie et il fut chargé d’inventorier les biens de l’organisation. Un décret préfectoral de dissolution mit fin à l’activité des adversaires blanquistes du docteur Jantet. À cette époque Deloche se rapprocha des militants du POF.
En 1886, il joua un rôle important à l’Union des tisseurs et similaires, chambre syndicale qui s’était séparée du syndicat des tisseurs qui admettait dans ses rangs les petits patrons de la soierie lyonnaise. Il brigua un mandat de délégué au congrès constitutif de la Fédération nationale des syndicats (Lyon 11-16 octobre 1886), mais, le 11 septembre, il ne fut pas élu ; le 20, il tenta de faire remettre en cause le vote, mais il échoua. Il réussit cependant à obtenir un mandat des manœuvres et porcelainiers de Vierzon (Cher) et de l’Union des travailleurs de Bessèges (Gard).
Dès l’ouverture du congrès, le 11 au matin, il proposa une motion contre l’arrestation de grévistes à Vierzon. Cette protestation fut adoptée à l’unanimité après qu’elle eût été étendue à tous les cas de détention pour faits de grève. Deloche fut surtout à l’origine de l’incident qui marqua la fin du congrès : il avait apporté un drapeau rouge dont la présence avait été jugée inopportune par la commission d’organisation. Lors de la dernière séance, il obtint qu’on lui restitue l’emblème confisqué et il le déploya aux applaudissements de la majorité de la salle, mais aux protestations véhémentes de la minorité réformiste « barberettiste ». Dans son discours de clôture, Jean-Baptiste Lavaud justifia l’acte de Deloche en déclarant « qu’après le vote des diverses questions soumises au congrès, il était impossible de ne pas arborer le drapeau rouge ».
Lorsque survint la crise boulangiste, Deloche fit partie des blanquistes qui rejoignirent le parti boulangiste dont il devint, au cours des années 1890, l’un des propagandistes les plus actifs dans le Rhône.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article79870, notice DELOCHE Alexis par Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

Par Maurice Moissonnier

SOURCES : Arch. Nat., F7/12 491. — Arch. Dép. Rhône, 4 M 826/2 et 10 M 864/4. — Compte rendu du congrès de 1886.

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