DERVILLERS Onésime, Prudent, Jean-François, dit PRUDENT-DERVILLERS

Par Claude Pennetier, Justinien Raymond

Né le 1er décembre 1849 à Beuvardes par La Fère-en-Tardenois (Aisne) ; mort le 30 octobre 1896 à Paris (XIXe arr.) ; coupeur-tailleur ; communard ; possibiliste ; conseiller municipal socialiste du XIIIe arr. ; député du XIXe arr.

Prudent Dervillers
Prudent Dervillers
Hubert-Rouger, op. cit., p. 194.

Issu d’une famille qui comprenait des domestiques, des carriers en plâtre, des manouvrières et manouvriers, Prudent Dervillers entra en apprentissage à douze ans chez un tailleur. Son père, Louis Dervillers, fut condamné pour vol à deux ans de prison en mars 1864. Il mourut à la prison centrale de Fontevrault le 14 janvier 1871.

Opposé à l’Empire, il se fit remarquer lors des élections de 1869. Exempté du service militaire comme fils aîné d’une famille dont le père était absent, il s’engagea comme volontaire, en 1870, et combattit dans l’Armée du Nord, commandée par le Général Faidherbe.
Présent à Paris dans les premiers jours d’avril 1871, officier de la Garde nationale, il participa à la défense du fort de Vanves et fut blessé sur la barricade du Faubourg Saint-Antoine. Il resta invalide du bras gauche. La police ne put l’arrêter et elle s’interrogea dans un rapport du 16 février 1874 sur le lien possible entre le tailleur qui se fait appeler « Prudent » et un ancien « communaliste ».

Dervillers représenta le syndicat des Coupeurs-tailleurs à l’exposition universelle de Philadelphie en juillet-août 1876. Associé à la création et au développement du Parti ouvrier, il participa en 1880 au quotidien L’Émancipation, « Organe du Parti ouvrier », dirigé par Malon.
Il soutint la tendance de Paul Brousse, participa à la Fédération des travailleurs socialistes français (FTSF) et fut un des fondateurs du journal Le Prolétaire. Selon Georges Weill, Prudent-Dervillers fut « le principal défenseur du marxisme dans le Prolétaire » (Histoire du mouvement social en France, 1924, p. 225).

Ouvrier tailleur d’habits, puis maître tailleur, il avait un atelier 61 rue Ribeval (Paris, XIXe arr.) en 1891 après avoir habité 124 rue de Charonne puis rue Pascal Paris, XIIIe arr. où il payait 600 F. de loyer annuel. Délégué à l’exposition de Philadelphie de 1876 ainsi qu’au congrès de Paris, il fut rédacteur au Prolétaire et au Prolétariat, et plusieurs fois membre du Comité national de la FTSF. Lors de la scission survenue à Châtellerault en 1890, où il représentait le cercle du XIIIe arr., il demeura avec les possibilistes.

Cette même année, élu conseiller municipal dans le quartier de Croulebarbe (XIIIe arr.) sur le siège de Simon Soëns décédé, il recueillit 625 voix sur 3 171 inscrits puis fut élu au second tour. En 1893, il fut réélu au premier tour par 1 507 suffrages sur 3 146 inscrits et 2 314 votants mais abandonna son mandat lorsqu’il entra à la Chambre. En 1889, il échoua aux élections législatives dans la 1re circonscription du XIIIe arr., avec 648 voix sur 5 661 votants. Mais en août 1893, dans la 2e circonscription du XIXe arr., avec 1 151 voix sur 3 721 votants, il arriva en tête de quatre candidats socialistes, dont E. Fournière, et fut élu au scrutin de ballottage.

Dervillers devait mourir, en 1896, avant la fin de cette législature. Il fut inhumé au Père-Lachaise le 2 novembre 1896 en présence de deux mille personnes selon la police. Il fut transféré le 9 juillet 1898 dans une fosse face au mur de fédérés ; un monument fut inauguré le 15 août 1898, entre la tombe de Jean-Baptiste Clément et celle de Chabert.

Il avait une fille née en 1872 et un fils, Georges, Alphonse, né le 2 mai 1874, qui portait le nom de sa mère, Simon. Il le reconnut en mars 1879, après l’adoption de la loi d’amnistie. Un autre fils, Gracchus Albert, naquit le 4 mai 1879. Il laissa pour tout héritage 367 F, en fait un arriéré d’indemnité de député.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article79980, notice DERVILLERS Onésime, Prudent, Jean-François, dit PRUDENT-DERVILLERS par Claude Pennetier, Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 13 novembre 2021.

Par Claude Pennetier, Justinien Raymond

Prudent Dervillers
Prudent Dervillers
Hubert-Rouger, op. cit., p. 194.
Tombe au Père-Lachaise

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes III, op. cit., pp. 135 à 170, passim. — Maurice Dommanget, L’Introduction du marxisme en France, Éditions Rencontre, 1969. — Michel Offerlé, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979. — Renseignements communiqués par Jean-Marie Vernhes. — Notes de J. Chuzeville.

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