DESBALS Bernard

Par Madeleine Rebérioux

Né en 1877 à Toulouse (Haute-Garonne), mort en avril 1911 à Toulouse ; ouvrier graveur ; militant socialiste toulousain.

Bernard Desbals
Bernard Desbals
Encyclopédie socialiste, p. 90.

Bernard Desbals, né dans une famille ouvrière de Toulouse, devint graveur et fut, à seize ans, un des fondateurs du groupe de la Jeunesse collectiviste adhérent du Parti ouvrier français. L’empreinte guesdiste le marqua profondément, mais un guesdisme « de gauche », à vrai dire très proche d’un certain blanquisme : volonté d’action, faible sympathie pour les campagnes électorales et le parlementarisme, pointe d’ouvriérisme. Il avait d’ailleurs pour Blanqui une grande admiration qui s’exprima dans la conférence qu’il lui consacra en novembre 1906. Passé au Parti socialiste de France, il polémiqua en public, très durement, contre Jaurès, en 1904. Et, chose rare à Toulouse, il ne fut jamais candidat au conseil municipal.

Au moment de l’unité, l’influence des guesdistes dans la fédération de la Haute-Garonne, les bonnes relations que Desbals, par tempérament révolutionnaire, entretenait avec certains blanquistes, et ses talents d’organisateur le firent choisir pour le secrétariat fédéral. Il assuma cette tâche, difficile dans un département assez rebelle à l’organisation, jusqu’à sa mort en 1911 et représenta la fédération aux congrès nationaux de Limoges (1906), Nancy (1907), Toulouse (1908), Saint-Étienne (1909) et Nîmes (février 1910), ainsi que, souvent, au conseil national. Il fit partie, avec Jean Rogalle, de la délégation française au congrès de l’Internationale qui se tint à Stuttgart en 1907.

Secrétaire de mairie pendant la première municipalité socialiste (février 1906-mai 1908), il devint secrétaire de rédaction du Midi socialiste fondé en décembre 1908. La vie du journal était précaire et acharné le travail du secrétaire de rédaction : pendant trois ans, il ne se coucha jamais avant trois heures du matin. Il prenait néanmoins le temps de réfléchir et les succès électoraux de la fédération ne l’empêchaient pas de se sentir plus proche des syndicalistes, du groupe de Jeunesse socialiste qu’il avait aidé à reconstituer en octobre 1906, ou d’Hervé et de ses amis que de bien d’autres parmi ses camarades. Au congrès fédéral des 7-8 juillet 1907, il prit nettement position contre la nécessité des « relations » entre parti et syndicat. Il n’hésita pas, le 26 octobre 1909, à présider une conférence de Gustave Hervé et, en juin 1910, à participer activement et publiquement au « comité de Défense sociale », constitué à l’image de celui que De Marmande animait à Paris pour la défense d’Aernoult et de Rousset et la lutte contre « Biribi ». « En cette occasion, disait Desbals le 9 juin, pendant un meeting, le Parti socialiste n’a pas fait tout son devoir. Il fallait protester, mais surtout agir. Il ne suffit pas de gagner des batailles électorales et se reposer ensuite, non, la lutte de classe est de tous les jours » (Rapport du commissaire, Arch. Dép. Haute-Garonne, 4 M 114).

C’était sa pensée profonde. La mort prématurée de Bernard Desbals, à 34 ans, d’une fluxion de poitrine, en fait, d’épuisement, ne laissait pas seulement à Toulouse quatre orphelins. Avec lui disparaissait un des rares militants chez qui, dans la Haute-Garonne, à la veille de la guerre, vivait toujours l’esprit révolutionnaire des Danflous Emmanuel Danflous et des De Fitte Charles De Fitte.

A-t-il un lien de famille avec René Desbals ?

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article79987, notice DESBALS Bernard par Madeleine Rebérioux, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 5 avril 2020.

Par Madeleine Rebérioux

Bernard Desbals
Bernard Desbals
Encyclopédie socialiste, p. 90.

SOURCES : Arch. Dép. Haute-Garonne, 2 M 48, 4 M 111, 112 et 114. — Notices nécrologiques en avril 1911 dans Le Midi socialiste, Le Socialiste, 16-23 avril, Le Socialisme, 17 avril.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., p. 90.

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