DODIN Édouard

Par Justinien Raymond

Né à Laville-au-Bois (Haute-Marne) le 15 octobre 1852 ; ouvrier gantier à Chaumont (Haute-Marne), il y fut longtemps conseiller municipal.

É. Dodin travaillait à la fabrique de gants Tréfousse. Son action s’affirma surtout sur le plan politique et, à maintes reprises, dans des conditions changeantes, il fut élu conseiller municipal. Dès 1888, une liste de modérés et de bourgeois se l’adjoignit comme représentant du monde des travailleurs, alors que le socialisme ne s’était pas encore affirmé en Haute-Marne. Le 18 mai 1890, il créa un petit scandale au concours agricole régional de Chaumont présidé par le ministre de l’Agriculture : il prit la parole au nom des ouvriers, mais, dès ses premiers mots, les notabilités donnèrent le signal du départ.
Dodin adhéra à Chaumont au cercle d’études sociales fondé en 1892 et qui le poussa à demander le renouvellement de son mandat municipal en figurant sur la liste modérée du maire Fourcoule. Celui-ci l’accepta parce qu’il représentait « la Fabrique qui n’est pas quantité négligeable » (Arch. Dép.). Il fut élu le dernier, au second tour avec un peu plus de 50 % des votants (835 sur 1 654). Les gantiers révolutionnaires groupés dans un syndicat nouvellement créé ne semblent pas avoir apprécié cette tactique, ni la conduite de Dodin : en novembre 1892, ils demandèrent au patron sa rétrogradation du rang de contremaître au rang d’ouvrier, alléguant qu’il avait trop durement abusé de son autorité.
Prit-il cette démarche comme un avertissement ? Aux élections d’avril 1896, il refusa de figurer sur la liste de l’ancienne municipalité pour se présenter avec ses camarades gantiers Exbrayat, Nicolas et Serre. Il ne passa encore qu’au second tour, mais avec 55 % des suffrages exprimés. Le 16 novembre 1896, le cercle d’études sociales l’appela à la présidence d’une conférence socialiste de Zévaès.
En 1900, les radicaux-socialistes, afin d’arracher la municipalité aux modérés, demandèrent et obtinrent l’appui des socialistes. Avec quelques camarades, Dodin figura sur la liste de « Défense républicaine » et, malgré une perte de voix (52 % des suffrages) il fut élu au premier tour.
En mai 1904, le groupe socialiste adhérant au Parti socialiste de France refusa tout accord avec les radicaux. Dodin se sépara de lui, maintint sa candidature et fut réélu au premier tour avec 57 % des voix.
En 1908, « devant l’indifférence ouvrière chaumontoise » (Arch. Dép.), la section socialiste décida de ne pas présenter de liste de candidats. Quelques-uns de ses membres dont Dodin figurèrent sur la liste radicale, et ce dernier, élu le douzième, remporta son plus beau succès avec près de 80 % des voix.
Peu après, il se retira de toute vie politique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article80125, notice DODIN Édouard par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

Par Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Dép. Haute-Marne, 37 M. 8 et 70 M. 15. — La Gazette de Bourbonne, 18 mai 1890. — Le Républicain de la Haute-Marne, 10 mai 1900. — Le Petit Champenois, 7 mai et 5 décembre 1892-28 avril 1896-1er et 3 mai 1904-2 mai 1908).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable