DUBÉROS Raymond, Jules

Par Jean Maitron

Né le 22 septembre 1878 à Aire-sur-l’Adour (Landes) ; coiffeur ; secrétaire de l’Union des syndicats de la Seine de 1904 à 1908.

Sa fiche militaire (archives des Landes, classe 1898, matricule 1767) nous indique que Raymond Dubéros était exempté pour bronchite chronique. On ignore à quelle date il rejoignit Bordeaux puis Paris.
Blanquiste, délégué au 1er congrès général des organisations socialistes tenu salle Japy en décembre 1899 — il avait dix-huit ans — R. Dubéros fut délégué cinq ans plus tard au XIVe congrès national corporatif — 8e de la CGT — qui se tint à Bourges du 12 au 20 septembre 1904. Il y représentait la fédération des sabotiers, deux syndicats de cette fédération, les coiffeurs de Bordeaux et d’autres organisations.
Il a été condamné le 30 décembre 1905 à 1 an de prison et 100 francs d’amende par la Cour d’Assises de la Seine pour provocation au meurtre et provocation de militaires à la désobéissance commis en octobre 1905 (Affiche rouge).

« Petit de taille, mais râblé, les joues en fleur, la lèvre riante » — ainsi l’a vu de Marmande — il développa le « Rapport sur l’organisation du mouvement d’agitation pour la conquête de la journée de huit heures » (cf. compte rendu, pp. 204, 207 et 217-219), intervention très importante qui marquait le point de départ d’une vaste campagne en vue de faire aboutir le 1er mai 1906 et par la grève générale la revendication des trois huit : huit heures de travail, huit heures de repos, huit heures de loisirs. Dubéros eut l’appui de Pouget s’il eut à faire face à quelques réserves de Griffuelhes, surpris de cette initiative. La proposition, combattue par les réformistes, fut néanmoins acceptée d’enthousiasme par le congrès.

Dubéros fut condamné à un an de prison comme signataire de « l’Affiche rouge », appel aux conscrits de 1905 (procès des 28). Membre de la CA de la Bourse du Travail de Paris, il fut l’un des secrétaires de l’UD de la Seine et collabora au Bulletin officiel de l’Union des syndicats du département de la Seine (1904-1907) et à l’Avant-garde (1905-1906).

Lors de la création, en mai 1902, de la Fédération nationale [CGT] des ouvriers de l’Alimentation, Raymond Dubéros, secrétaire général de la Chambre syndicale des ouvriers coiffeurs de la Seine, représenta son organisation ainsi que celle des coiffeurs de Marseille.

Lors du congrès des syndicats d’ouvriers coiffeurs de France et des colonies qui se tint du 1er au 3 septembre 1903 à Orléans (Loiret), Dubéros était l’un des deux représentants de la chambre syndicale des ouvriers coiffeurs de Paris.

En 1905, R. Dubéros répondit dans Le Mouvement socialiste à une « enquête sur l’idée de patrie et la classe ouvrière » ; il écrivit notamment que « l’internationalisme ouvrier ne peut avoir d’autre signification que la méconnaissance de toutes les patries, de toutes les frontières ».

Après son mariage, il s’associa avec son beau-père, démissionna de ses fonctions syndicales, devint marchand de biens et n’eut plus de rapports avec le mouvement ouvrier. Il fut remplacé par Thuillier en mars 1908 comme secrétaire de l’Union départementale des syndicats de la Seine.

Selon un indicateur de police, rapport du 29 janvier 1908 (F7/13 615), Dubéros aurait déclaré « qu’il abandonnait ses fonctions parce qu’il était écœuré des attaques et des insinuations dont il est l’objet depuis le vol de 500 f commis dans son bureau » et qu’il allait « s’occuper de la vente de terrains de la banlieue ».

Raymond Dubéros présida le meeting tenu au Manège Saint-Paul le 2 juin 1907 où parlaient notamment Jaurès avec Sembat, Luquet, Henriette Meyer, Boudet, Communay, Marmande et Monatte (L’Humanité, 3 juin 1907).

Engagé spécial le 30 novembre 1916 au titre de la 20e section des secrétaires d’État-major et de recrutement, il fut lassé service armé par la Commission de réforme, mairie du 6e arrondissement le 19 mars 1917, affecté au 46e RI le 23 mai 1917, passe au 5e escadron du train le 25 juillet 1917 puis au 20e le 7 décembre 1917. Il fut démobilisé le 18 février 1919.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article80220, notice DUBÉROS Raymond, Jules par Jean Maitron, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 3 avril 2021.

Par Jean Maitron

ŒUVRE : La Tuberculose, mal de misère, Paris, s. d., Union des syndicats de la Seine, in-16, 16 p., Bibl. Nat. 8° T Pièce 15 751.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13 615. — La CGT, op. cit. p. 579. — Dommanget, Histoire du Premier Mai. — De Marmande, in Syndicats, 26 janvier 1938. — Jean Maitron, « La personnalité du militant ouvrier français... », Le Mouvement social, n° 33-34, octobre 1960-mars 1961. — Notes de Jean-Louis Prud’homme et de Julien Chuzeville.

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