DUCAROUGE François

Par Justinien Raymond, Madeleine Rebérioux

Né le 13 octobre 1859 à Molinet (Allier), mort à Digoin (Saône-et-Loire) le 8 mai 1913 ; ouvrier potier puis cultivateur ; militant socialiste et député de Saône-et-Loire ; maire de Digoin.

Fils d’un ouvrier potier, François Ducarouge travailla tout jeune comme domestique de ferme, puis comme apprenti et ouvrier à la poterie locale. Chassé en raison de ses idées politiques, il devint marchand de vaisselle et finit par se fixer comme cultivateur sur une petite terre en Saône-et-Loire. Son activité militante depuis l’âge de dix-huit ans lui valut dès la création de la fédération autonome des groupes socialistes, en janvier 1900, d’être choisi comme membre de son comité fédéral.
La même année, il fut élu conseiller municipal de Digoin et réélu en 1904. Ses collègues lui offrirent la mairie alors que le conseil municipal ne comptait que deux socialistes, et il en fut de même en 1906, après une élection complémentaire où la liste socialiste qu’il conduisait passa tout entière, puis en 1908 et en 1912.
Le 31 juillet 1904, il devint, au premier tour, conseiller d’arr. par 1 077 voix sur 1 307 votants et il conserva son siège jusqu’en 1910 où il l’abandonna. Il avait, par contre, échoué en août 1907 au conseil général et, en août 1908, candidat au Sénat, il n’avait recueilli que 89 voix, chiffre d’ailleurs supérieur à ce qu’espérait la fédération unifiée.
« Socialiste, mais républicain avant tout », ainsi qu’il se définissait lors de sa candidature au Sénat, Ducarouge avait, dans la SFIO, une solide réputation de sérieux, de dévouement, de sentiments laïques et de compétence en matière agricole. Franc-Maçon, il démissionna à cause de la campagne des loges contre Théo-Bretin, alors instituteur à Chalon et secrétaire adjoint de la fédération SFIO.
Il entra à la Chambre le 20 décembre 1908 comme représentant de la 2e circonscription de Charolles, lors du deuxième tour d’une élection complémentaire destinée à remplacer Sarrien devenu sénateur, et où le fils de ce dernier était candidat, fort mollement soutenu d’ailleurs par son père. Le préfet, qui voyait dans sa victoire, selon une tradition bien établie à l’époque, une preuve de collusion avec les réactionnaires, devait pourtant écrire au bout d’un an que ses idées avaient beaucoup progressé (Arch. Dép. Saône-et-Loire, 1 M 5). De fait, il fut réélu en 1910, au deuxième tour toujours, mais en gagnant près de 1 000 voix.
L’appel qu’il lança à la veille du second tour à ses électeurs n’avait certes rien du théoricien : « Travailleurs des champs, de l’usine, de la mine, petits propriétaires, commerçants, industriels, vous pouvez en toute sincérité m’assurer par vos suffrages la lourde tâche de défendre vos intérêts. Je m’en acquitterai en toute impartialité en me conformant à la doctrine de mon Parti ». Au groupe parlementaire SFIO il siégea plus près d’Alexandre Varenne que de Vaillant : on le vit par exemple voter la confiance au cabinet Briand du 3 novembre 1910, puis à nouveau aux ministères Briand du 21 janvier et du 18 février 1913. Il devait mourir cette même année le 8 mai.
Modeste, mais sérieux et estimé de tous, François Ducarouge représenta la Fédération de Saône-et-Loire à tous les congrès nationaux de la SFIO de Saint-Étienne (1909), à Brest (1913). Il fut un des premiers députés paysans de son parti.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article80267, notice DUCAROUGE François par Justinien Raymond, Madeleine Rebérioux, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 23 janvier 2019.

Par Justinien Raymond, Madeleine Rebérioux

SOURCES : Arch. Dép. Saône-et-Loire 1 M 5, et dossier « Affiches électorales ». — Le Socialiste de Saône-et-Loire. — Renseignements fournis par M. Rougeron, sénateur de l’Allier. — Dictionnaire des Parlementaires français, sous la direction de Jean Jolly, t. IV.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, La France socialiste, op. cit., p. 353.

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