DUMAS Eugène [Drôme]

Eug. Dumas fut l’un des fondateurs et le secrétaire du groupe d’études sociales de Romans et Bourg-de-Péage, constitué en 1887 et adhérant au POSR. Secrétaire adjoint de la chambre syndicale des ouvriers en chaussures, candidat sur la liste du comité socialiste-révolutionnaire aux élections municipales de 1888, il travailla à reconstituer le groupe désagrégé par la rupture entre socialistes et anarchistes. Dans un petit journal publié à Romans, Le Culu de Jacquemart, il dénonçait en 1891 l’alliance électorale d’une partie des socialistes romanais avec les radicaux, et publiait, sous les initiales E. D. une « déclaration de principes du groupe des travailleurs socialistes de Romans-Parti Ouvrier », affirmant la nécessité « d’un parti politique distinct en face des partis politiques bourgeois ». Délégué de Romans et de Bourg-de-Péage au congrès de Marseille (1892), il se rallia aux guesdistes, mais se refusa à condamner la grève générale. Le groupe socialiste romanais qu’il contribua à faire adhérer au POF le désigna comme tête de liste aux élections municipales complémentaires d’octobre 1893. Ayant une bonne instruction, mais — selon le rapport de police — « ne possédant rien, il n’a de considération que parmi les siens ». Il participa, par des conférences, à la propagande du POF et fut administrateur, puis directeur politique de l’hebdomadaire Le Socialiste de la Drôme.
Il quitta en 1899 l’Alliance républicaine et socialiste de Romans, toujours affiliée au POF pour adhérer à un groupe dissident, de tendance allemaniste, l’Union socialiste de Romans et de Bourg-de-Péage. Après la réunification des forces socialistes, il fut élu membre du comité fédéral par le second congrès de la fédération socialiste de la Drôme (1900), combattit son appartenance au POF, participa à la scission qui suivit et à la création en 1901 d’une fédération autonome dissidente ; celle-ci le désigna comme délégué au congrès national du Parti socialiste français à Lyon (1901).
Vivement combattu à Romans par les guesdistes qui le considéraient comme un transfuge et l’accusaient d’avoir détourné le syndicat des coupeurs en chaussures de l’adhésion à l’Union des syndicats ouvriers de Romans et Bourg-de-Péage, constituée en 1901, Eugène Dumas participa encore en 1902 à une tournée de propagande de la fédération socialiste autonome Drôme-Ardèche, mais il paraît avoir ensuite cessé son activité militante.