GARRAUD Georges, dit Valadier Aristide

Par Jean Maitron, Maurice Moissonnier

Né vers 1846 ; indicateur de police ; membre de la Fédération révolutionnaire lyonnaise.

Quand l’anarchiste Bordat, dans sa défense qu’il présenta lors du procès, dit Procès des 66, qui s’ouvrit à Lyon le 8 janvier 1883 (Voir Bordat), accusa Garraud d’être un agent provocateur et reprocha à la police d’avoir favorisé sa fuite au moment des arrestations d’anarchistes lyonnais, ce n’était pas la première fois qu’il dénonçait l’attitude équivoque de Garraud. Lorsque ce dernier, membre du groupe anarchiste des Brotteaux, avait été élu à la commission exécutive chargée de l’administration du journal L’Étendard révolutionnaire (juillet-octobre 1882) et de la direction de la fédération révolutionnaire, l’anarchiste Crestin, Bordat ensuite s’étaient, en assemblée générale, élevés contre ce choix, accusant Garraud d’être un agent au service de la police ; Bordat avait appuyé ses accusations en affirmant qu’un employé de la préfecture, dont il refusa de donner le nom, lui avait dit posséder la preuve du double jeu de Garraud. L’assemblée, considérant, jusqu’à preuve du contraire, ces déclarations comme calomnieuses, ne voulut pas se prononcer et valida l’élection de Garraud. Mais, après de nouvelles attaques, ce dernier démissionna le 7 août 1882.

Il semble que ces accusations aient été justifiées si l’on considère le rôle louche de Garraud dans l’affaire du théâtre Bellecour de Lyon pour laquelle l’anarchiste Cyvoct fut condamné à la peine de mort, les juges retenant contre lui l’accusation de provocation à l’assassinat à cause d’un article intitulé « Un bouge » paru dans Le Droit social le 12 mars 1882 et dont ils lui reprochaient d’être l’auteur. Cyvoct, dans L’Hydre anarchiste, à partir du 9 mars 1884, puis dans L’Alarme, prétendit que Garraud était l’auteur véritable de l’article. Plus tard, l’anarchiste Damians, dans une lettre datée du 31 octobre 1902, confirma l’accusation de Cyvoct en 1884 (Voir Cyvoct).

Par contumace, Garraud avait été condamné en janvier 1883 à cinq ans de prison à l’issue du procès des anarchistes dit Procès des 66 — Voir Bordat T.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article80639, notice GARRAUD Georges, dit Valadier Aristide par Jean Maitron, Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 25 mai 2010.

Par Jean Maitron, Maurice Moissonnier

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 4 M 3. — Jean Maitron, Histoire du mouvement anarchiste en France, op. cit. — M. Massard, Histoire du mouvement anarchiste à Lyon, 1880-1894, DES, Lyon 1954. — Le procès des anarchistes devant la police correctionnelle et la cour d’appel de Lyon, Lyon, 1883.

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