GAUTHÉ Jean

Né le 25 juin 1859 à Saint-Ouën-sur-Loire (Nièvre) ; ouvrier cordonnier à Nevers ; militant syndicaliste de tendance anarchiste.

« Taillé en hercule », infirme, se déplaçant difficilement à l’aide de béquilles, Gauthé tint un débit de boissons pendant un certain temps, tout en exerçant le métier de cordonnier. Il est dit par un commissaire de police de Nevers en 1893 « passionné par le jeu et l’amusement » et fréquentant souvent le café.
À la fin du siècle, avec le menuisier Louis Legros auquel il était lié, il passait pour un « anarchiste dangereux », et il fut soumis à une intense surveillance policière au cours des années 1893 et 1894. Le 19 février 1894, une perquisition, sans résultat, eut lieu chez lui, à la requête du ministère de l’Intérieur. Abonné au Libertaire, il diffusa Le Père Peinard à Nevers, mais « très peu de temps », d’après une lettre d’Émile Pouget en date du 20 février 1897, qui se demande s’il ne se serait pas « refroidi ». Cependant, un nouveau commissaire spécial de Nevers écrivait à son sujet dans un rapport en date du 22 janvier 1900 adressé au préfet : « Socialiste révolutionnaire, mais non anarchiste, travaillant assidûment, considéré à tort comme dangereux », et il réclamait la levée de surveillance ; mais Gauthé figurait encore sur la liste des anarchistes nivernais établie en mai 1905... avec les mêmes réserves et la même demande d’indulgence.
L’action militante de Gauthé à cette époque confirmait d’ailleurs l’opinion nuancée de l’autorité ; en effet, depuis 1901, son activité était fréquemment évoquée par L’Observateur du Centre, journal de la fédération socialiste de la Nièvre et dans Le Prolétaire de la Nièvre, journal de la Bourse du Travail de Nevers, existant depuis 1905 et de tendance plus réformiste qu’anarcho-syndicaliste.
En octobre 1901, lors de la fondation à Nevers de la cordonnerie coopérative « La Fraternelle », Gauthé en devint le trésorier, puis, l’année suivante, l’administrateur et cela jusqu’à la disparition de la coopérative, en 1908.
Gauthé semble avoir joui d’un réel crédit personnel et il fut chargé de fréquentes responsabilités syndicales à l’échelle départementale : en 1902, il était membre d’une commission pour la réunification syndicale dans la Nièvre ; en 1905, membre de la commission de rédaction du Prolétaire de la Nièvre et membre du comité de la Bourse ; en 1907 et 1908, il participa à des conférences de propagande syndicale, en particulier en janvier 1907, au moment de la fondation d’un syndicat de mineurs à La Machine ; en 1908, il fut nommé membre d’une commission créée par la Bourse, pour l’étude d’une société coopérative de consommation, en vue de lutter contre la vie chère.
Gauthé fut aussi un actif militant antimilitariste, secrétaire, à Nevers, de la section de l’Association internationale antimilitariste lors de sa création en 1904 ; mais, en 1907, le commissaire de police de Nevers écrivait à son sujet : « A toujours des idées antimilitaristes, mais ne veut pas s’exposer à des ennuis ». Et, en 1909, la préfecture considérait qu’il n’y avait pas lieu d’inscrire Gauthé au Carnet B.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article80687, notice GAUTHÉ Jean , version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13 567 et F7/13 609. — Arch. Dép. Nièvre, série M, Anarchistes 1892-1908, 1er mai. — L’Observateur du Centre. — Le Prolétaire de la Nièvre.

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