GIRARD Henri, Clément (pseudonymes : Boudin, Pasteur)

Né à Paris le 11 juin 1850 ; mort le 30 mai 1902 ; marié, père de quatre enfants ; secrétaire durant près de dix ans, 1894-1902, du Comité de la Grève générale ; indicateur de police.

Les parents de Girard tenaient chacun un restaurant. Henri, leur fils, n’eut qu’une instruction rudimentaire — Voir lettre citée par R. Brécy p. 70 — et travailla de 1883 à 1893 chez un fabricant d’articles de ferblanterie ; payé aux pièces, il gagnait 8 f par jour environ, ce qui était une assez bonne paie. Mais il était marié, chargé de famille (quatre enfants en 1897) et s’adonnait au jeu, à la boisson et était « coureur de femmes ». Il changeait fréquemment de domicile : il habita, 184, rue Saint-Maur, dans le Xe arr. en 1894 ; 52, rue Saint-André-des-Arts, dans le VIe arr., et 19, rue Bichat, dans le Xe arr., en 1897 ; 13, rue Michel-le-Comte, dans le IIIe, en 1898 ; 42, avenue Parmentier dans le XIe en 1901, et il eut peut-être d’autres lieux d’habitation dont nous n’avons pas eu connaissance.
Au début de l’année 1893, Girard appartenait à la commission administrative de la chambre syndicale des tourneurs-repousseurs sur métaux qui le délégua au congrès corporatif mixte, hors série, qui se tint à Paris du 12 au 16 juillet, et il fut élu au comité d’organisation de la grève générale. Le comité comprenait onze membres : Besset, Blanchard, Capjuzan, Cordier, Genermont, Girard (trésorier puis secrétaire), Lagarde, Ledunois, Pannetier, Pelloutier, Riom.
Dès cette époque, Girard appartenait, semble-t-il, aux services de police puisque Lépine, préfet de police, ou un de ses adjoints annota de ces mots un rapport du 25 août relatif à Girard : « Ne rien faire au sujet de ce Girard sans m’en parler ».
Durant dix ans, Girard manifesta une très grande activité. Il fut de tous les congrès et exerça des fonctions dirigeantes au comité fédéral des Bourses du Travail auquel il fut élu en septembre 1893 et dont il sera trésorier à partir de juillet 1895 et presque sans interruption jusqu’au 23 mars 1901 (évincé par 9 voix contre 8, il fut remplacé par Albert Lévy) à la commission provisoire qui dirigea la CGT après sa création en septembre 1895 à Limoges, au comité fédéral de la Métallurgie en août 1897. Il remplaça Capjuzan comme gérant de la Grève générale en décembre 1895 et en 1901, fut pendant quelques mois gérant de la Voix du Peuple et membre de la commission du journal à la fin de 1901.
Girard, qui adhéra en juin 1894, semble-t-il, au POSR y joua également un rôle important, puisqu’il présenta un rapport à son congrès de Dijon en juillet. Cette même année, en septembre, il demanda son admission à l’Ordre des Chevaliers du Travail. Sur le plan international même, il fut présent, puisqu’il participa au congrès de Londres en juillet 1896.
On ignorait à sa mort son rôle au service de la police et, à ses obsèques, Latapie, qui le remplaça au secrétariat du comité de la grève générale, célébra les mérites exceptionnels de cet « apôtre » et avec lui Griffuelhes et autres dirigeants de la CGT.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article80884, notice GIRARD Henri, Clément (pseudonymes : Boudin, Pasteur), version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

ŒUVRE : En collaboration avec F. Pelloutier : Qu’est-ce que la grève générale, Paris, s. d. (1895), 16 p.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13 933. — R. Brécy, La Grève générale en France, pp. 65-71, Paris, 1969 (voir dossier Ba/1095 des Arch. PPo.). — M. Dommanget, la Chevalerie du Travail française, op. cit. — Comptes rendus des congrès. — C. Chambelland, L’Idée de grève générale en France (1871-1914), DES, Paris, 1953.

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