GRANDIN Pierre, Amédée

Par Julien Chuzeville, Jean-Jacques Doré

Né le 29 janvier 1880 à Sasseville (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; domestique, garçon de laboratoire puis employé d’alimentation ; secrétaire de l’Union départementale de Seine-Inférieure en 1913 et 1914 ; syndicaliste CGTU dans les années 1920 ; socialiste ; militant communiste à Paris, oppositionnel.

Pierre Grandin dans L’Humanité du 3 mai 1924.

Fils d’un marchand de paniers, Pierre Grandin, un temps domestique, épousa Marie Houdan le 26 janvier 1901 à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) où il venait de trouver un emploi de garçon de laboratoire à la pharmacie Goudier, place Voltaire.

Militant des Jeunesses syndicalistes révolutionnaires, il adhéra au Parti social français en 1901, puis rejoignit le sillon en 1902, pour revenir au PSF en 1904. "Il a changé plusieurs fois son fusil d"épaule" écrivait le commissaire de police qui ajoutait : "Grandin est un panier percé qui, il y a quelques années, courait après la pièce de 5 frs".

Inscrit à la CGT en 1903, son action militante allait être désormais essentiellement syndicale. Devenu permanent en 1906, il dirigea le syndicat du Textile de Rouen et le secrétariat de la Bourse du Travail. Il formait ainsi avec Léon Torton le secrétaire de l’Union locale un duo détonant qui donna bien du fil à tordre aux autorités et alimenta régulièrement la rubrique des faits divers.

Pendant la grande grève des cheminots, il fut arrêté le 19 octobre 1910 et inculpé de complicité d’entrave à la marche des trains. Lors de la perquisition qui suivit, la police saisit chez lui de nombreuses brochures anarchistes et socialistes.

Successeur de Léon Torton emprisonné, au secrétariat de l’Union locale de Rouen, de 1910 à 1913, Grandin fut élu secrétaire de l’Union départementale de Seine-Inférieure à l’issue du congrès constitutif réuni au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) le dimanche 19 octobre 1913. Il était assisté d’Albert Hodebourg (secrétaire adjoint), Émile Choix (trésorier), Fernand Capelier (trésorier adjoint) et Fernand Perier (archiviste).

Lors du 2e congrès, tenu à la Maison du Peuple de Rouen le 22 mars 1914, sous la présidence de Charles Marck, il dressait ainsi le bilan de son action : "À Rouen, le nombre des syndiqués a doublé ; j’ai fait une action sérieuse sur Elbeuf (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) qui portera ses fruits (grève de quatre semaines des ouvriers du textile), et visité un certain nombre de localités. Le permanent de l’UD doit consacrer tout son temps à la propagande, il devrait être toujours en chemin de fer". Le bureau sortant fut réélu à l’unanimité.

Mobilisé dans le service auxiliaire jusqu’en février 1915, il quitta Rouen pour Paris en avril.

Après la guerre, P. Grandin vécut et milita à Paris. Il fut membre du Comité de la 3e Internationale et des Comités syndicalistes révolutionnaires. Il fut militant de la CGTU dès sa création. En 1923, il était membre de la Commission exécutive de la CGTU. En mars 1924, il était élu au bureau du Syndicat des employés et gérants d’Alimentation.

En février 1921, adhérent du Parti communiste dans le IIe arr., il écrivit à l’occasion d’une souscription : « pour l’adhésion de tous les syndicalistes révolutionnaires au Parti communiste ». En septembre 1922, il était membre du Comité fédéral du PC du département de la Seine. Le 1er octobre 1922, il signa dans L’Humanité une déclaration de la gauche du PC (courant emmené par Boris Souvarine). Il fut délégué au IIe congrès du PC.
En mai 1924, il fut candidat du PC aux élections législatives dans le deuxième secteur à Paris. En raison de cette candidature, il démissionna peu avant de la Commission exécutive de la CGTU. Il obtint 40.727 voix et ne fut pas élu.
Opposant à la bolchevisation, il signa en février 1925 la Lettre des 80 de l’opposition communiste, menée par Fernand Loriot. Il était alors secrétaire du Syndicat CGTU de l’Alimentation, et membre de la cellule n° 319 du PC. En octobre, il signa la Lettre des 250. En janvier 1926, il figura au comité de rédaction du Bulletin communiste de Souvarine.

Le 31 juillet 1925, il fut signataire d’un appel de militants de la CGTU contre la guerre du Rif, publié dans L’Humanité. Quelques jours plus tard, il fut élu à la Commission exécutive de la Fédération CGTU de l’Alimentation.
En février 1926, il était secrétaire du Syndicat général de l’Alimentation de la Région parisienne. En février 1927, il était délégué au congrès de l’Union des syndicats de la Région parisienne (CGTU). En 1928, il était toujours secrétaire régional de la CGTU de l’Alimentation.
Il prit la parole lors de très nombreux meetings syndicaux et politiques.

Pierre Grandin s’était marié le 26 janvier 1901 avec Marie Houdan à Sotteville-lès-Rouen ; en 1913 il habitait 16 rue Damiette à Rouen et en 1921, 9 rue Saint-Sauveur à Paris (IIe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article81082, notice GRANDIN Pierre, Amédée par Julien Chuzeville, Jean-Jacques Doré, version mise en ligne le 30 mai 2020, dernière modification le 1er octobre 2022.

Par Julien Chuzeville, Jean-Jacques Doré

Pierre Grandin dans L’Humanité du 3 mai 1924.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13 567, F7/13 570 (le nom est orthographié Grondin) et F7/13 619. — La Voix du Peuple, 18-25 avril 1914. — L’Humanité, 8 février 1921, 13 septembre 1922, 25 novembre 1923, 6 mars 1924, 21 avril 1924, 3 mai 1924, 13 mai 1924, 5 septembre 1925, 11 février 1926, 21 février 1927 et 9 février 1928. — J. Chuzeville, Fernand Loriot, le fondateur oublié du Parti communiste, L’Harmattan, 2012, p. 225. — Arch. Dép. Seine-Maritime 4 MP 2410 Réunions et conférences 1914-1918, 1 MP 3245 Manifestations syndicales 1890-1939. — "Vérités" passim. — État civil. — Registre matricule militaire.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable