GRAS Philémon, Joseph

Par Justinien Raymond

Né le 22 février 1853 à Meyreuil (Bouches-du-Rhône) ; instituteur puis directeur d’un cabinet d’affaires ; militant socialiste de Marseille.

Fils d’instituteur, instituteur lui-même, très actif, caractère indépendant, Ph. Gras fut un des premiers socialistes marseillais. Il fut révoqué en 1881 à la suite d’un conflit qui, à propos de la création d’une bibliothèque pédagogique, le dressa contre son Inspecteur d’Académie et non, semble-t-il, comme on l’a écrit, pour des raisons d’hostilité personnelle pour avoir menacé ses collègues et frappé ses élèves. Il dirigea alors un cabinet d’affaires à la tête duquel il se trouvait encore en 1902.
Socialiste révolutionnaire, partisan de la grève générale, il jouissait d’une grande influence qu’il devait en grande partie à son intégrité et à son désintéressement. Appauvri par ses luttes, il refusa de nombreux emplois ; il refusa également la médaille d’or qu’on lui attribua pour son action lors de l’épidémie de choléra en 1884. Au conseil général, il émit le vœu de suppression de la Légion d’honneur. Désigné pour figurer sur la liste socialiste aux élections législatives de 1885, avec Guesde, Lombard, Cadenat, Ph. Gras s’abstint de se présenter.
En 1886, il participa à la fondation du groupe d’Union socialiste révolutionnaire. En 1889, il soutint B. Cadenat contre Guicharnaud aux élections départementales dans le 4e canton, et aux élections législatives il soutint J. Guesde contre Protot dans le quartier de la Belle-de-Mai. Il avait d’ailleurs, pour cette dernière élection, refusé toute candidature. Mais en 1884, par ce même quartier, il avait été élu au conseil municipal où il siégea deux ans et, de 1886 à 1889, au conseil général, il représenta le 4e canton qui l’avait élu par 4 000 voix. À l’assemblée départementale, il prononça un violent discours contre les fonds secrets et fit adopter un vœu tendant à leur suppression.
Le 27 mai 1888, Ph. Gras présida un meeting ouvrier franco-italien. En 1910, il participa à un rassemblement antimilitariste organisé par la SFIO et les syndicats pour protester contre les compagnies disciplinaires. Mais alors, depuis de nombreuses années déjà, il ne jouait plus un rôle de premier plan dans les luttes politiques marseillaises, tout en continuant à militer et à écrire dans les journaux avancés.
Gras figurait encore sur les listes électorales de 1913, mais non sur celles de 1919.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article81113, notice GRAS Philémon, Joseph par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 31 octobre 2021.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : Ph. Gras a collaboré au Travailleur hebdomadaire (1880), à l’Ami du Peuple, de Marseille (1884), au Travailleur, organe hebdomadaire de l’USR dont il fut le directeur-gérant (1888), au Socialiste de Marseille, hebdomadaire (1889), à la Défense sociale bimensuel qu’il dirigea (1910).

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 2/111, 56 A. M 6/3 389. — Le Petit Provençal, n° de juin 1910. — E. Castre, Le Conseil général des Bouches-du-Rhône, Marseille, 1912, 343 p. (p. 316), — G. d’Oussouville, Historique du Conseil général et des Conseils d’arrondissement des Bouches-du-Rhône, Marseille, 1902, 544 p. (pp. 368-370).

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