Par Didier Bigorgne
Né et mort à Nouzonville (Ardennes) : 31 décembre 1856-2 octobre 1942 ; ouvrier métallurgiste, contremaître, puis industriel ; syndicaliste, militant de la FTSF, puis du POSR ; secrétaire de la Fédération des Travailleurs socialistes des Ardennes en 1888 ; maire de Nouzon (1896-1900).
Fils d’un ouvrier ferronnier et d’une mère au foyer, Pierre Grisard exerçait le métier de ferronnier quand il épousa Appoline, Julienne Piraux, née le 9 avril 1857 à Château-Regnault, sans profession, le 28 janvier 1882 à Nouzon. Le couple, qui habitait rue Kléber à Nouzon, eut deux enfants, une fille née en 1883 et un fils né en 1889.
En 1885, Pierre Grisard était secrétaire de la chambre syndicale de la métallurgie de Nouzon. Le 31 mai, il la représenta à la réunion qui se tint à Charleville, salle du Châlet, et donna naissance à la Fédération des Travailleurs socialistes des Ardennes qui s’affilia à la FTSF L’instabilité de la direction fédérale au cours de l’année 1888 amena Grisard à occuper provisoirement, du 23 septembre au 4 novembre, le poste de secrétaire de la fédération avant de le céder à Paulin Charpentier*.
Secrétaire du cercle d’études sociales La Revendication de Nouzon qui avait adhéré au POSR, Pierre Grisard devint président du comité électoral local pour soutenir Jean-Baptiste Clément, aux élections législatives des 20 août-3 septembre 1893. Il fut aussi à l’initiative de la manifestation organisée le 18 mars 1894 pour célébrer l’anniversaire de la commune de Paris : plus de trois mille personnes se rassemblèrent sur la place de l’hôtel de ville pour écouter les orateurs allemanistes, Clément*, Chausse* conseiller municipal de Paris et Toussaint *député de la Seine*.
L’activité politique de Pierre Grisard le conduisit à devenir un élu. Sa carrière locale fut brève, mais bien remplie. Aux élections municipales de mai 1892, il fut élu sur la liste POSR qui remporta la victoire à Nouzon ; il devint premier adjoint au maire Roynette en 1894. Au scrutin de 1896, Grisard conduisit la liste POSR qui obtint les vingt-trois sièges : il fut élu maire et le demeura jusqu’en 1900. Pendant son mandat, il fit voter la gratuité des fournitures scolaires pour tous les enfants de la commune et refusa tout crédit aux cultes. Le 20 novembre 1898, il accueillit dans sa ville, Jaurès, Clément, Hamelin et les élus socialistes des Ardennes à l’occasion de l’inauguration d’un dépôt de bouteilles de la Verrerie ouvrière d’Albi.
Pierre Grisard représenta la municipalité de Nouzon à plusieurs congrès. Il fut délégué au premier congrès national des conseillers municipaux socialistes de France et des colonies qui se tint à Saint-Ouen du 11 au 19 septembre 1892. Il participa, le 7 février 1897 à Mohon, au premier congrès des conseillers municipaux socialistes des Ardennes qui donna naissance à la Fédération des conseillers municipaux socialistes des Ardennes : il fut élu membre de la commission provisoire présidée par Hippolyte Médot*, conseiller municipal de Charleville. Le 13 juin suivant, il accueillit le 2ème congrès départemental dans sa ville de Nouzon. Enfin, il assista au 3ème congrès départemental le 20 mars 1898 à Charleville, puis au 3ème congrès national qui suivit à Fumay (Ardennes) du 30 octobre au 1er novembre 1898.
Lors de la préparation des élections municipales de mai 1900, Pierre Grisard entra en conflit avec le comité socialiste de Nouzon à propos de la constitution de la liste socialiste. Il rompit avec les socialistes locaux et se présenta comme candidat dissident. Il fut réélu conseiller municipal de Nouzon.
Pierre Grisard travailla alors comme contremaître en usine avant d’installer son propre atelier. Au scrutin municipal de 1904, il fut candidat sur la liste réactionnaire nettement battue par la liste socialiste au premier tour : Grisard ne recueillit que 671 voix contre 891 au maire sortant Célestin Léger*. Dans une lettre adressée au député socialiste Albert Poulain et publiée dans Le Socialiste Ardennais, il déclara regretter sa candidature. Malgré ce revirement, il fut sévèrement critiqué dans les colonnes du journal socialiste, le 7 mai 1904.
Après cet échec, Pierre Grisard quitta la vie politique locale. Il exerçait la profession d’industriel quand sa fille Irma épousa, en secondes noces, Omer Delaval, maire socialiste SFIO de Nouzon, le 27 mars 1922.
Par Didier Bigorgne
Sources : Arch. Fédération des Travailleurs socialistes des Ardennes (médiathèque de Charleville-Mézières).— L’Emancipateur, 8 au 15 mai 1892.— Le Socialiste Ardennais, 3 au 10 mai 1896 ; 4 au 11 décembre 1898 ; 7 mai 1904.— Notes d’Henri Manceau.— Etat civil de Nouzonville.