GROS Charles, Auguste

Par Justinien Raymond

Né le 22 avril 1862 à Montbéliard (Doubs) ; mort le 15 janvier 1906 à Chaumont (Haute-Marne) ; professeur ; militant socialiste.

D’une vieille souche montbéliarde implantée depuis le XVIe siècle dans la ville où ses parents étaient de petits commerçants, Charles Gros fit toutes ses études secondaires au collège de sa cité natale. Après être passé par l’École normale de Cluny (Saône-et-Loire), il fut reçu à l’agrégation de littérature (enseignement spécial) en 1884.

Esprit émancipé, républicain épris des idées de progrès social, il devint socialiste, connut Guesde et Lafargue et se fit remarquer par sa fougue à Lille et à Poitiers où il enseigna successivement. Jugé trop turbulent, il fut envoyé une première fois en disgrâce au lycée de Troyes où il continua à militer.

Membre des organisations socialistes locales, il collabora au Petit Troyen où ses articles passionnés le firent violemment prendre à partie, notamment par La Croix de l’Aube. Une seconde disgrâce et, en octobre 1902, il arriva au lycée de Chaumont.

Alors, tout en collaborant à la Jeune France, la Jeune Belgique, La Revue belge, La Revue du Siècle, Le Semeur, La Revue internationale de Florence, La Nouvelle Revue, La Revue socialiste, il mena une action locale moins exaltée. Cependant, après le départ de l’avocat Bresson, il prit la tête du groupe socialiste de Chaumont. Il composa une chanson du 1er mai que l’on entendait dans les manifestations chaumontaises. Bien que plus modérée, son action continua de susciter des polémiques, notamment dans Le Petit Haut-Marnais, organe radical-socialiste.

Cultivé, ardent, Charles Gros était poète à ses heures. Il publia plusieurs recueils : Les Poèmes habituels (1887), Sous l’Étoile (1897) et, peu avant sa mort, chez Cornély : Qu’importe, dont son ami Henri Focillon fit un compte rendu dans l’Aurore du 12 février 1906. « J’y trouve, écrivait ce dernier, une muse à la fois instinctive et réfléchie qui me dit de méditer et de m’exalter (...) Elle est une protestaire. Elle lutte dans les combats d’à présent et pour les causes d’à présent, mais elle demande leur autorité et leur solennité à ces vieux noms mystérieux et à ces fables éternelles qui sont ce que la Grèce nous a laissé de plus beau... »
Ses poésies imprégnées de son idéal, chantant la liberté et la solidarité humaine, étaient pour Charles Gros un moyen de propagande et d’instruction populaires. À la distribution des prix du lycée de Chaumont en 1904, il lança dans cet esprit quelques strophes qui firent sensation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article81180, notice GROS Charles, Auguste par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 9 novembre 2022.

Par Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Dép. Haute-Marne, 234 T 3 et 235 T 5. — État civil de la mairie de Chaumont. — Archives du lycée de Chaumont. — Le Petit Haut-Marnais, 16, 18, 24 janvier, 13 février 1906. — Le Petit Champenois, 18 janvier 1906. — Le Réveil des Travailleurs, 18 janvier 1906.

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