GUILLAUME James [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Marianne Enckell

Né le 16 février 1844 à Londres (Grande-Bretagne), mort le 20 novembre 1916 ; un des fondateurs de la Fédération jurassienne de l’AIT, puis partisan du syndicalisme révolutionnaire.

James Guillaume
James Guillaume
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Son père, républicain et libre penseur, dirigeait à Londres la succursale d’une petite fabrique d’horlogerie de Fleurier (Neuchâtel). La crise des années 1848 l’obligea à retourner en Suisse avec sa famille et James Guillaume fit ses études à Neuchâtel, puis à Zurich. Il devint en 1864 professeur de français et d’histoire à l’École industrielle du Locle.

Il fonda en 1866, avec Constant Meuron, la section locale de l’Internationale dont il devient l’un des principaux dirigeants dans le Jura. Il se détacha bien vite du parti radical et trouva, avec l’arrivée de Bakounine dans la région, les bases théoriques qui lui faisaient défaut. En raison de ses activités politiques, il fut renvoyé de son poste au début d’août 1869. Il reprit alors l’imprimerie paternelle à Neuchâtel (1869-1872).

En avril 1870, il devint rédacteur de La Solidarité, organe suisse romand de l’AIT ; en novembre de l’année suivante, il contribua grandement à la création de la Fédération jurassienne à Sonvilier, ce qui entraîna son exclusion de l’Internationale au congrès de La Haye (1872), en compagnie de Bakounine. Avec ses amis jurassiens, il organisa alors en septembre 1872 à Saint-Imier la réunion de toutes les sections et fédérations opposées au Conseil général, qui constituèrent l’Internationale fédéraliste (anti-autoritaire).

Il fut rédacteur du Bulletin de la Fédération jurassienne de février 1872 à mars 1878. Au congrès « anti-autoritaire » de Genève, en septembre 1873, il proposa comme moyen d’action la grève générale, « la seule grève réellement efficace pour réaliser l’émancipation complète du travail ». L’année suivante, il composa sous le pseudonyme de Jacques Glady (nom de sa mère) la musique de La Jurassienne, dont les paroles ("Ouvrier, prends la machine, prends la terre, paysan") sont de l’alsacien Charles Keller. En 1876 il publia les Idées sur l’organisation sociale.

Sa participation à la manifestation commémorative de la Commune à Berne, le 18 mars 1877, lui valut d’être poursuivi et condamné à 40 jours de prison. Il mena durant quelques années une vie militante et difficile, puis partit pour Paris en mai 1878.

Durant plus de vingt ans, il abandonna alors toute activité politique, se consacrant, aux côtés de Ferdinand Buisson, qu’il avait connu à Neuchâtel, aux questions pédagogiques et au développement de l’école laïque. James Guillaume fut "la cheville ouvrière" des Dictionnaires de pédagogie (1876 et 1911). Il fut naturalisé français en 1889.

La mort de sa fille en 1897 puis de sa femme en 1901 l’atteignirent dans sa santé psychique, et il dut faire des séjours en clinique. Mais c’est à cette époque aussi qu’il fit la connaissance de Max Nettlau, auquel il fournit des informations pour la biographie de Bakounine. Il publia avec Nettlau les Œuvres de Bakounine en six volumes (Paris, Stock) puis se consacra à la rédaction de L’Internationale, documents et souvenirs, 1864-1878 (Paris, 1905-1910), qui constitue aujourd’hui encore une source indispensable et inégalée d’informations sur cette période. Il sympathisait activement avec le mouvement syndicaliste révolutionnaire de la CGT, dans lequel il voyait l’héritier de la Première Internationale.

Collaborateur actif de la Vie ouvrière de P. Monatte, il renoua avec d’anciens compagnons de l’Internationale et recommença à s’intéresser au mouvement ouvrier de son pays, où, chaque année, il revenait passer les vacances ; il écrivit aussi dans la Voix du Peuple (Pully et Genève) syndicaliste révolutionnaire.

En 1914, comme beaucoup de syndicalistes, de socialistes et d’anarchistes, il se prononça en faveur de « l’Union sacrée ».

Atteint d’une maladie nerveuse, Guillaume se retira en Suisse. Il mourut le 20 novembre 1916 et fut inhumé à Paris au cimetière Montparnasse.
Il était le frère du communard George Guillaume.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article81290, notice GUILLAUME James [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Marianne Enckell, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 18 octobre 2022.

Par Jean Maitron, notice complétée par Marianne Enckell

James Guillaume
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SOURCES : Revue neuchâteloise, n° 55/56, été-automne 1971. Étude de M. Vuilleumier. — Sur J. Guillaume, on pourra également consulter : Jean Maitron, Histoire du Mouvement anarchiste... op. cit., et M. Vuilleumier, « Notes sur James Guillaume, historien de la Première Internationale, et ses rapports avec Max Nettlau et Jean Jaurès », in Cahiers Vilfredo Pareto, Genève, 7-8, 1965. — Marc Vuilleumier, Note biographique pour la réédition de L’Internationale (1980) — Dictionnaire historique de la Suisse — Depuis 2016, un précieux carnet de recherches est en ligne : http://jguillaume.hypotheses.org/

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