LAFOND Antoine

Fils de tout petits cultivateurs, Antoine Lafond fut d’abord domestique de ferme, puis, à l’âge de dix-neuf ans, il entra comme ouvrier au Creusot. Chassé par les Schneider après les grèves de 1900, il devint agent d’assurances. Militant actif de la fédération autonome de Saône-et-Loire dès sa fondation en 1900, il adhéra à la SFIO, fut délégué au congrès de Châlon-sur-Saône, octobre 1905, et représenta au comité fédéral, à partir de 1907, le groupe de Mesvres, puis, à partir de 1913, celui du Creusot. Il présida souvent les comités fédéraux.
Il avait obtenu 219 voix lors des élections au conseil général d’août 1907 dans le canton de Mesvres. En 1910, candidat aux élections législatives dans la 2e circonscription d’Autun, le fief des Schneider, il en rassembla 2 200, nettement moins que Gadand en 1902 et 1906. Très antiguesdiste, ses opinions n’étaient pas particulièrement révolutionnaires, et, à la veille de la guerre, il se rapprochait de plus en plus des radicaux. En 1912, avant les élections municipales, il mena campagne pour que socialistes et radicaux constituent dès le premier tour des listes communes dans les villages. En août 1913, il fut, sans toutefois que son nom y parût publiquement, un des animateurs d’un journal « socialiste », mais non contrôlé par la fédération, La Dépêche du Creusot. Avait-il espéré, comme d’aucuns l’insinuèrent, y trouver un soutien si le groupe du Creusot l’imposait comme candidat aux élections d’avril 1914 ? Nous n’en avons pas de preuves : La Dépêche et le groupe firent campagne pour un négociant « blocard » aisé, secrétaire de la Ligue des droits de l’Homme et socialiste de fraîche date, L. Dionnet (qui démissionna d’ailleurs pendant la campagne) contre Bras ; au congrès de circonscription qui s’était tenu le 25 décembre, Lafond s’était, pour son compte, opposé en vain à Dionnet : c’est finalement Bras qui fut désigné et élu.