LAURENT (citoyenne)

Elle assista comme déléguée à la 2e session du congrès ouvrier de France qui se tint à Lyon du 28 janvier au 8 février 1878. Elle appartenait à la chambre syndicale des Dames réunies de Lyon. Elle habitait alors rue Dunoir. En 1882, déléguée de Lyon au congrès ouvrier et socialiste de Saint-Étienne, elle se rangea dans la minorité révolutionnaire qui alla siéger à Roanne et fonda le Parti ouvrier (guesdiste).
La « citoyenne » Laurent fut également déléguée au congrès constitutif de la Fédération nationale des syndicats qui se tint à Lyon en octobre 1886. Sa participation aux débats fut importante.
Elle fut élue assesseur pour les séances publiques des 12 et 16 octobre et fit partie de deux commissions de rédaction chargées d’élaborer les résolutions sur la mise en place de la Fédération des syndicats et sur les rapports capital-travail ; le 15 octobre enfin elle présenta un rapport très documenté sur les salaires et la condition des femmes dans l’industrie. Elle commença ainsi : « Dans certaines classes de la société, on dit : l’homme doit être au travail, la femme à l’intérieur ; nous, femmes prolétaires, nous disons la femme est au travail et à l’intérieur ». « La femme doit travailler, dit-elle, même sans nécessité absolue, elle doit travailler pour être indépendante, pour être libre et être l’égale de l’homme. Il faut élever son salaire. Si l’on veut élever le niveau moral de la femme, il doit être égal à celui de l’homme ». Elle marqua aussi sa défiance à l’égard des grèves qui affaiblissent le moral et épuisent les ressources des syndicats dont l’argent pourrait être utilisé pour former des sociétés coopératives qui permettraient de poursuivre « l’œuvre de transformation sociale dont le but est l’abolition du salariat ». La « citoyenne » Laurent apporta régulièrement sa voix pour soutenir, lors des votes, les thèses de la majorité révolutionnaire du congrès.