LECLÈRE Adhémar [LECLÈRE Henri, Adhémar, Albert, Alfred]

Par Marie-Louise Goergen

Né le 12 mai 1853 à Alençon (Orne), mort dans la même ville le 16 mars 1917 ; fils d’un tailleur d’habits, typographe ; militant du Parti Ouvrier.

Élevé dans la tradition républicaine du père, Adhémar Leclère s’opposa très tôt à la religion et à l’Église catholique, influentes dans la famille maternelle. Dans son journal, il se présentait comme un enfant orgueilleux, sûr de lui-même et de ses convictions laïques. Disposant d’une bibliothèque familiale qui comprenait plus de 2 000 ouvrages, il s’adonna à la lecture d’ouvrages concernant la littérature, la religion, l’anthropologie, l’histoire...
Est-ce pour des raisons familiales ou attiré par les événements autour de la Commune qu’il monta à Paris où il apprit le métier de typographe ?
Cofondateur du Parti ouvrier en 1878, il se prononça toujours pour la voie réformiste, contre les révolutionnaires. Militant aux côtés de Paul Brousse, il proposa en 1882, au congrès de Saint-Étienne, de supprimer le mot révolutionnaire du titre du parti socialiste. En 1878, il fut cofondateur du journal Le Prolétaire où il était rédacteur puis secrétaire de rédaction.
À la fin des années 1870 et aux débuts des 1880, il joua un rôle d’intermédiaire entre les socialistes allemands émigrés à Paris à la suite de la loi contre les socialistes proclamée en 1878 et les socialistes français, présidant, de 1883 à 1885, le Cercle international d’études sociales. Il hébergea le social-démocrate allemand Georg Von Vollmar. Adhémar Leclère et sa femme, Henriette, nouèrent avec lui une amitié profonde dont les traces se trouvent dans la correspondance qu’ils ont entretenus pendant plusieurs années après le départ de Von Vollmar. En 1902 encore, celui-ci reçut le faire-part de mariage de la fille d’Adhémar Leclère.
En 1883, il fonda le journal Le Typographe et obtint de la chambre syndicale des typographes la création de l’organe La Typographie française qui devint le journal officiel de toutes les chambres syndicales françaises du livre.
Il collabora à plusieurs journaux de province dont La Revanche et entra à La Justice de Clemenceau où il rédigeait de nombreux articles sur la politique étrangère et les questions économiques.
En 1885, il créa La Justice du Var à Draguignan. Il collabora à la Revue scientifique, à la Deutsche Revue de Hambourg et à d’autres revues étrangères. Prote à la Justice, Adhémar Leclère fut nommé, en mai 1886, résident de France 3e classe au Cambodge, puis élevé à la 2e classe en 1889 et enfin à la 1er classe en 1891. Administrateur de populations réfractaires à la présence française, il préféra le dialogue et la négociation à la répression, voyant d’un regard critique l’œuvre « civilisatrice » qui allait de pair, d’après lui, avec la destruction d’une culture locale immensément riche. Il montrait un intérêt exceptionnel pour la vie et les coutumes des populations khmères, dont il apprit la langue et auxquelles il consacra un grand nombre d’ouvrages et d’articles concernant la religion, la langue, les mœurs, les lois, la science, la musique, le théâtre, etc. Fondateur des provinces de Campôt et de Kratis, il termina sa carrière comme résident-maire de Phnom-Penh (à partir de 1908) et prit sa retraite après vingt-cinq années de service.
Il retourna alors dans sa ville natale, en 1912, où il se mit à étudier l’histoire locale et publia plusieurs ouvrages sur le sujet. Il y mourut le 16 mars 1917 et reçut des obsèques purement civiles. Auparavant, il avait légué à la ville sa collection cambodgienne qui est aujourd’hui installée au musée des Beaux-Arts et de la dentelle d’Alençon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article82314, notice LECLÈRE Adhémar [LECLÈRE Henri, Adhémar, Albert, Alfred] par Marie-Louise Goergen, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 3 septembre 2016.

Par Marie-Louise Goergen

ŒUVRES : Pour ce qui est des publications sur le Cambodge et sur Alençon, voir à la Bibliothèque nationale et à la Bibliothèque municipale de la ville d’Alençon, qui dispose d’un certain nombre de manuscrits inédits. — Études sociales. Les cancers, la femme déchue, l’exploiteur, l’homme déchu, Paris, Godet jeune, 1876, 35 p. — Le messager de la paix, Paris, 1878. — La Femme au dix-neuvième siècle, Paris, impr. de Claverie, 1879, 32 p. — Le Prêtre célibataire et criminel. La sœur Thérésia, Bruxelles, L. Bertrand, 1880, 61 p. ; 2eéd., Paris, chez Chommoru, 1882, 38 p. — La Quintessance du collectivisme (La propriété), Paris, A. Carbillet, 1881, 16 p. — Insomnies : poésies, Alençon, Vve. A. Laverdure, 1913, 137 p.

SOURCES : I.I.S.G. Nachlass Vollmar. — Avenir de l’Orne, 22 mars 1917. — Journal d’Alençon, 28 mars 1917. — A. Brebion, Dictionnaire de bio-bibliographie générale, ancienne et moderne de l’Indochine française, Paris, Société d’éditions géographiques, maritimes et coloniales, 1935, 446 p. — Michel Tranet, « Adhémar Leclère : sa vie, ses travaux », Seksa Khmer, 7, 1984, pp. 3-33 (icon. : photo du buste). — Notes biographiques de Claude Lioult, dans le catalogue de l’exposition « Le Cambodge à Alençon. Présentation des collections d’Adhémar Leclère », Alençon, juillet-août 1976. — Renseignements conseil général de l’Orne. — Renseignements Mairie d’Alençon.

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