LEFEVRE André, Joseph

Par Justinien Raymond

Né à Paris le 17 juin 1869 ; mort le 5 novembre 1929 ; ingénieur des Mines et chimiste ; conseiller municipal socialiste de Paris ; député des Bouches-du-Rhône ; ministre.

André Lefèvre appartint à la Confédération des socialistes indépendants et au Parti socialiste français avant l’unité de 1905 à laquelle il n’adhéra pas. En 1895, lors d’une élection partielle, il fut élu conseiller municipal de Paris dans le Ve arr. (quartier de la Sorbonne). Au renouvellement de 1896, il fut réélu au second tour par 2 211 voix sur 5 713 inscrits. En 1900, il en obtint 1 825 et fut battu par le candidat nationaliste. Il fut réélu en 1904 par 2 220 voix sur 7 037 inscrits. Rapporteur général du budget de la ville de Paris en 1905-1906 et 1907-1908 A. Lefèvre fut vice-président du conseil municipal en 1906-1907 et président en 1908.
Il n’était plus, momentanément, conseiller municipal de Paris quand il se présenta aux élections législatives de la 1re circonscription d’Aix (Bouches-du-Rhône) en 1902, contre le député sortant modéré Perreau. Il était aussi en compétition avec G. Baron, ancien député socialiste. Ce dernier avait l’appui de la fédération socialiste alors autonome des Bouches-du-Rhône, tandis que Lefèvre était soutenu par les socialistes parisiens, Jaurès, Briand, Rouanet, Fournière, Viviani, Gérault-Richard et l’équipe de La Petite République. Les élus radicaux Leydet et Pelletan le soutinrent également. Le préfet voyait en lui un socialiste de très grande valeur, tandis que le journal socialiste marseillais, La Journée (25 mai 1902), le dénonçait comme un néo-socialiste douteux, ex-secrétaire de Naquet, boulangiste de 1889 à 1895, nationaliste et clérical devenu antimilitariste en 1898 et socialiste en 1902. Il l’accusait en outre d’être le candidat de la préfecture. Après avoir violemment combattu Lefèvre, Baron l’amena à accepter un désistement réciproque dont il fut le bénéficiaire : Lefèvre se retira, permettant à Baron de battre Perreau. Mais, en 1910, André Lefèvre, malgré la présence d’un socialiste SFIO, enleva à Baron son siège au 1er tour par 7 225 voix contre 4 519 sur 16 200 inscrits. Conseiller municipal de la Sorbonne en 1895-1900 puis 1904-1910 sous l’étiquette socialiste indépendant, il fut député des Bouches-du-Rhône de 1910 à 1924.
Lefèvre était alors un républicain-socialiste beaucoup plus proche du radicalisme que du socialisme, et son évolution n’était pas terminée. De novembre 1910 à février 1911, il fut sous-secrétaire d’État aux Finances dans le cabinet Briand, au lendemain de la grève des cheminots. Il démissionna quelques jours avant ses collègues en février 1911 pour revenir siéger sur les bancs de la gauche. Mais, peu après, lors de la seconde crise marocaine, il adopta une attitude nationaliste, préconisant dans Le Petit Provençal la fermeté à l’égard de l’Allemagne et combattant la politique de Jaurès qui l’avait soutenu en 1902. En 1914, Lefèvre fut réélu au 1er tour à Aix avec 6 811 voix contre 4 351 au socialiste SFIO sur 15 622 inscrits. Au scrutin de 1919, portant l’étiquette de socialiste indépendant, il fut élu sur la liste de concentration républicaine avec les radicaux Gérard et Victor Jean : il obtint 18 458 voix sur 62 964 inscrits et 36 624 votants. En janvier 1920, il accepta le portefeuille de la Guerre dans le cabinet Millerand. En 1924, il fut candidat sur la liste du Bloc national et défendit sa position dans Le Petit Marseillais contre Le Petit Provençal dont il avait été longtemps le collaborateur et qui alors le combattait. Sur 61 179 électeurs inscrits, il ne recueillit que 15 521 voix et fut battu. La liste du Cartel des gauches enleva tous les sièges : ses deux colistiers radicaux de 1919 y figuraient aux côtés du socialiste F. Gouin.
La carrière politique de Lefèvre était terminée. Sa participation au mouvement socialiste, dans la mesure où elle a été sincère, n’aura duré que quelques années.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article82371, notice LEFEVRE André, Joseph par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 26 octobre 2022.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : A. Lefèvre collabora au Journal, à La Petite République, à La Lanterne, au Petit Provençal et au Petit Marseillais.

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch, Dép. Bouches-du-Rhône, M 2/ III, 53 B, 56 A. — Encyclopédie des Bouches-du-Rhône, I. XI, p. 296. — Les Dictionnaires départementaux, Bouches-du-Rhône, édition de 1911, pp. 442-443. — Notes biographiques..., op. cit., Bibl. Nat., 4° Ln 25/ 667 (1.2). — Michel Offerlé, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979.

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