LETTRAZ

Lettraz fut, dans les années de l’immédiat avant-guerre, l’artisan du réveil de la vieille « Union des ouvriers en peignes et similaires » d’Oyonnax (Ain), née dès 1889, mais tombée en léthargie dans les années 1895-1900. Comme secrétaire général, il fut à l’origine d’un puissant mouvement revendicatif pour l’augmentation des salaires, au printemps et dans l’été 1913. Des grèves partielles en avril et en mai, juin et juillet furent marquées par de violents incidents ; pendant celle de l’« Oyonaxienne », une fabrique d’articles de celluloïd, Lettraz, qui avait présidé les différents comités de grève, conduisit, le 29 juillet, un cortège de 2 000 personnes aux côtés de René Nicod. Des heurts avec la police entraînèrent l’arrestation des deux hommes, et leur inculpation pour « outrages à gendarmes ». Le prolétariat d’Oyonnax répliqua par une grève générale de 36 heures, les 30 et 31 juillet. Le tribunal de Nantua condamna Lettraz à six jours de prison avec sursis, Nicod à deux jours. L’agitation en fut relancée, les effectifs doublèrent dans un syndicat qui, avec 700 membres au début de 1914, était de loin le plus puissant du département, et l’un des plus actifs.