ROQUES Henri, Marie

Par Jacques Girault

Né le 10 juin 1899 à Coursan (Aude), mort le 24 avril 1989 à Marseille ( Bouches-du-Rhône) ; cheminot puis cultivateur ; syndicaliste CGTU ; résistant ; militant communiste ; maire de Salernes (Var), conseiller général.

Petit-fils d’un cheminot, conseiller municipal socialiste de Narbonne, fils d’un employé à la Compagnie des chemins de fer du Midi, socialiste, franc-maçon, qui avait quatre enfants, Henri Roques ne reçut aucun sacrement religieux. Il obtint le Certificat d’études supérieures et prépara les Arts et Métiers. Il s’engagea en 1917 dans l’aviation à Dijon et fut affecté successivement à Juvisy, à Voves, à Châteauroux puis à Bordeaux. Lors d’un mouvement en faveur des mutins de la mer Noire, il fut envoyé en section disciplinaire à la forteresse de Bayonne. Il termina son engagement dans un régiment du train des équipages à Montauban. À la fin de 1920, il entra à la Compagnie des chemins de fer du Midi et travailla tour à tour à Castres, à Casteljaloux et à Marmande. Il prit part à la campagne électorale de Renaud Jean en décembre 1920 et adhéra à la CGTU dès sa formation. En 1923, envoyé à Palau-del-Vidre (Pyrénées-Orientales), il fut réformé avec pension.
Henri Roques, franc-maçon, devint alors cultivateur (primeurs), puis se rendit en Espagne où il milita dans les milieux anarchistes de Barcelone et de Valence. Il revint en France en 1938 et s’installa à Salernes à la tête d’une exploitation avicole.
_Mobilisé en 1939 dans le train des équipages à Marseille, démobilisé, il regagna Salernes dans l’été 1940. Contacté par le percepteur Jacques Dary, il intégra les Mouvements unis de la Résistance et devint responsable du groupe local de l’Armée Secrète (pseudonyme « Loire ») en contact avec les responsables de l’arrondissement de Draguignan, Julien Cazelles et Jean Garrus, et avec Louis Matteucci, installé dans le village voisin de Villecroze. Probablement par lui, il entra au réseau de renseignement Azur-F2 à partir de juin 1943. Démissionnaire de la franc-maçonnerie, il adhéra au Parti communiste clandestin en novembre 1943. Il fut signalé comme l’un des chefs responsables de la Résistance à Salernes par l’agent de la Sipo-SD (Gestapo) de Draguignan Gaby Thibaud dans son rapport du 9 mars 1944. Il fut arrêté par cette police allemande le 30 mars. Relâché après quinze jours de détention, recherché à nouveau, il passa dans la clandestinité au début juin et se cacha avec d’autres résistants, en particulier les gendarmes de la bourgade, à la ferme La Mude tenue par les frères Sappa qui étaient, eux, les responsables locaux des Francs-Tireurs et partisans. Il participa à la protection de l’émetteur du réseau F2 installé à Villecroze et à la libération de la commune, le 15 août 1944.
Deux jours plus tard, Henri Roques, présenté par le Comité départemental de Libération comme "républicain de gauche", fut désigné à la tête de la délégation municipale. Le CDL le proposa aussi comme conseiller général pour remplacer le conseiller sortant collaborateur. Finalement, on lui préféra le maire radical-socialiste de Villecroze pour représenter le canton.
Membre du conseil administration de l’hebdomadaire Résistance en octobre 1944 et, quelques mois après, du comité départemental du MURF, Henri Roques fut élu conseiller municipal, puis maire de Salernes, le 29 avril 1945. Candidat communiste pour le conseil général, il fut élu le 29 septembre 1945. Un mois plus tard, lors de la réunion inaugurale de l’assemblée départementale, il fut désigné pour siéger dans la commission départementale, dans la deuxième commission (travaux publics), dans les commissions des affaires économiques, du ravitaillement, de l’hydraulique et des incendies. Il représentait en outre le Conseil aux Conseils départementaux de l’hygiène et des sports et loisirs. Il présenta, le 26 novembre 1945, le rapport sur la reconstruction. Auteur de différents vœux (créer les conditions pour que l’activité touristique puisse reprendre, entretien des chemins vicinaux etc), il intervint notamment lors de la discussion du budget supplémentaire, le 3 mai 1946, pour obtenir des crédits en faveur de l’Institut de plein air de Salernes.
Henri Roques, réélu en octobre 1947, à la tête de la municipalité, s’opposa aux orientations qu’il jugeait « sectaires » du Parti communiste français. Cette opposition fut un des aspects de la vie du PCF dans le Var à la fin des années quarante. Aussi ne fut-il pas candidat au renouvellement du conseil général et du conseil municipal en 1953. Depuis cette date, il n’appartint plus au PCF. Il résumait ainsi la situation dans son témoignage : la section de Salernes « ayant jugé que j’étais un bourgeois, pas dans la ligne, ne m’a plus remis ma carte après que j’eus quitté mes fonctions de maire ». En 1952, il présidait la coopérative d’achats en commun et d’approvisionnement de Salernes.
_La même année, Henri Roques quitta Salernes et créa à Fox-Amphoux (Var) un élevage avicole. Il se maria en août 1954 dans cette commune avec une militante communiste sans profession. Dans son témoignage, il résumait ainsi sa vie : « J’ai toute ma vie eu une tendance anarcho-syndicaliste qui m’a souvent mis en bagarre avec le Parti. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article8264, notice ROQUES Henri, Marie par Jacques Girault, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 14 septembre 2022.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 5 292, 7 35 4, 1 W 98, 1 W 51. — Arch. Jean Charlot (Centre d’histoire sociale du XXeme siècle. Université de Paris I) — Archives Fédération PCF du Var. — Renseignements fournis par l’intéressé. — Notes de Jean-Marie Guillon.— Sources orales.

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