ROSARDE Anselme, Wilfrid

Par André Balent

Né le 23 mars 1891 à Lyon (Rhône), mort le 25 décembre 1969 à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; cheminot ; syndicaliste, secrétaire de la Fédération communiste des Pyrénées-Orientales (1923-1925) ; militant de la Région parisienne (1925-1940) ; maire adjoint de Cerbère (1944-1947).

Fils d’un serrurier, Anselme Rosarde fut abandonné par sa mère à l’âge de cinq ans. Recueilli par sa grand-mère, lavandière à Annonay (Ardèche), il fut apprenti serrurier puis compagnon et effectua le tour de France. Au début de 1914, il fit son service militaire en Indochine. Pendant la Première Guerre mondiale, il fut blessé et envoyé à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Après sa convalescence, il fut affecté au 24e RIC, en garnison dans cette ville où il se maria. En 1918, après avoir été démobilisé, il travailla comme employé à la Compagnie des chemins de fer du Midi, en gare de Perpignan. La même année, il adhéra au Parti socialiste SFIO. Syndiqué à la CGT, il participa à la grève des cheminots en 1920 à l’issue de laquelle il fut révoqué. Il fut alors employé par la Société hydro-électrique du Roussillon, d’abord à la Centrale thermique du mas Pardal, près de Perpignan, puis, à la fin de l’année 1920, à l’usine hydro-électrique de Vinça (Pyrénées-Orientales). Il siégea alors au bureau de la Jeunesse socialiste de Perpignan qui, peu avant le congrès de Tours, groupait plus de cinquante membres qui votèrent en faveur de la IIIe Internationale.

Au moment du congrès de Tours, Anselme Rosarde avait déjà quitté Perpignan et s’était installé à Vinça. D’après le témoignage écrit qu’il rédigea avant sa mort, il constitua avec quelques militants une section du Parti communiste qui, dès 1921 « devenait une des plus grosses sections du département ». Cette section dont il exagéra sans doute l’importance, fut gonflée par un apport d’ouvriers carriers de l’entreprise Puig de Rodès, commune voisine de Vinça. Au cours d’une conférence fédérale du Parti communiste, en présence de Jean Garchery*, Anselme Rosarde fut élu secrétaire de la Fédération des Pyrénées-Orientales du PC. Dans son Historique du Parti communiste, Anselme Rosarde affirme qu’il succéda à Lucien Thomas* qui avait démissionné de ce poste pour raisons de santé en février ou mars 1922. En fait, trois autres secrétaires fédéraux, François Sisqué*, Pierre Rous* et Francis Bergau* se succédèrent jusqu’en juillet 1923, date à laquelle eut lieu en définitive, la réunion de la conférence fédérale à Vinça.

Anselme Rosarde resta secrétaire de la Fédération communiste des Pyrénées-Orientales jusqu’au 23 mai 1925. Secrétaire fédéral bénévole, aidé de Joseph Cassuly, il conserva un premier temps son emploi à l’usine hydro-électrique que la SHER exploitait à Vinça et put se consacrer en priorité à l’organisation de la fédération.

Anselme Rosarde se présenta aux élections législatives du 14 mai 1924 dans les Pyrénées-Orientales. Il se vit attribuer pour la campagne un vaste secteur géographique. Il visita les centres miniers et industriels du Conflent et du Vallespir, le Fenouillèdes, une partie de la Cerdagne et les localités maritimes de la Côte vermeille. Il obtint 2 926 voix sur 61 099 inscrits.

Après les élections législatives, Anselme Rosarde fut licencié par la SHER. Il quitta Vinça pour Perpignan. Il trouva du travail chez un foudrier, Py. Mais quelques semaines après, il fut à nouveau licencié. La Fédération du parti ne pouvant l’appointer, Rosarde, père de deux jeunes enfants, connut de graves difficultés matérielles. Quelque temps après avoir pu se faire embaucher comme voyageur-représentant-placier pour une entreprise en matériel électrique, il fut à nouveau licencié, la maison ayant fait faillite. Figuères, un marchand de graines, membre du parti, le prit alors à son service mais il ne put conserver cet emploi, étant donné la situation précaire du commerce de Figuères. Ce fut un autre militant communiste, Justin Patrouix*, fabricant de limonade, qui consentit alors à l’embaucher. Anselme Rosarde travailla dans son entreprise jusqu’au jour où il quitta Perpignan. Le 27 septembre 1924, il rendit compte à la section communiste de Perpignan du congrès tenu à Paris auquel il avait assisté en tant que délégué des Pyrénées-Orientales. Il expliqua que le parti avait décidé de « réaliser le front unique par tous les moyens » et de créer une caisse du Secours rouge international. Il indiqua également que la suppression de l’Humanité du Midi avait été envisagée, étant donné un déficit trop élevé qui se chiffrait à 35 000 F.

Le 15 novembre 1924, au cours d’une réunion publique et contradictoire organisée par le Parti communiste à Rivesaltes et devant un auditoire de 900 personnes environ, Anselme Rosarde attaqua la politique du Cartel des gauches, parla du chèque de François Cabanes* et flétrit la candidature de trois socialistes SFIO aux élections municipales complémentaires de Rivesaltes. Il assura de nombreuses réunions publiques dans le quartier populaire de Saint-Jacques, à Perpignan. Il participa à des manifestations qui furent organisées à Perpignan, après qu’un ouvrier coiffeur anarchiste espagnol eût été arrêté et remis entre les mains de la police de son pays, alors gouverné par le général Primo de Rivera. Les nombreux émigrés, politiques pour la plupart, regroupés dans le « Centro español » de Perpignan, créé au début des années vingt par des anarchistes, ne prenaient aucune part à la vie politique locale. Des convergences n’apparaissaient avec les militants français que lorsqu’un militant espagnol était victime de tracasseries policières. Les anarchistes espagnols, nombreux dans le mouvement ouvrier perpignanais se gardaient bien de faire du prosélytisme parmi leurs camarades d’origine française. À Perpignan, le mouvement anarchiste « autochtone » resta toujours très faible.

Anselme Rosarde rencontrait des difficultés pour organiser sa vie quotidienne à Perpignan, des membres du comité fédéral lui auraient suggéré de quitter Perpignan. Il semble que ce départ ait eu un lien avec la « bolchevisation ». Rosarde opta pour la capitale. Le 25 mai 1925, il abandonna son poste de secrétaire fédéral du Parti communiste, muni d’un billet de chemin de fer et de trois cents francs correspondant à deux semaines de salaire que lui avaient versés ses camarades perpignanais.

À Paris, Anselme Rosarde trouva rapidement de l’embauche comme ouvrier ajusteur aux usines Citroën, quai de Javel. Il adhéra au syndicat unitaire de la Serrurerie et charpentes en fer. Plus tard, sa femme et ses enfants vinrent le rejoindre. La famille vécut dans le XVIIIe arr. où Rosarde retrouva plusieurs militants originaires des Pyrénées-Orientales : Lamotte de Maury*, Sivieude d’Espira* de l’Agly, Raynaud Andrillo* puis à Neuilly-sur-Seine.

En 1928, Anselme Rosarde devint secrétaire de la MOE de la XXe Union régionale et gérant de plusieurs journaux édités en langue étrangère : Rovnost (L’Égalité), en tchèque, interdit le 28 juin 1930 ; Uj Arcos (Le Nouveau guerrier), en hongrois, interdit le 12 mars 1930 ; Munkas Szembe (Revue ouvrière hongroise) interdite le 19 décembre 1934 ; Uj Igazsag (La Nouvelle vérité), en hongrois, interdit le 14 juin 1935.

Domicilié depuis 1930 à Montmagny (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), 7 rue de la mairie, dont il fut conseiller municipal de 1932 à 1935, Anselme Rosarde avait été candidat en 1932 du Bloc ouvrier et paysan aux élections législatives dans la circonscription de Provins (Seine-et-Marne) et avait recueilli 1 470 voix sur 13 472 inscrits au 1er et unique tour de scrutin. Permanent de la Fédération unitaire de la Chimie, il était gérant de La Voix des industries chimiques, organe de la fédération dont il était l’un des secrétaires.

En janvier 1940, il fut soupçonné d’avoir participé à l’impression de tracts. Selon la police il n’avait pas désavoué le Pacte germano-soviétique. La police parisienne le recherchait activement mais, replié à Cerbère, il fut réintégré comme cheminot. En 1944, il présida le comité local de Libération puis fut, jusqu’en 1947, second maire adjoint de Cerbère.
Lorsqu’il prit sa retraite en 1945, à Rivesaltes, il fut élu secrétaire local de l’ARAC, poste qu’il conserva pendant de nombreuses années. Il siégea également au comité fédéral de l’ARAC des Pyrénées-Orientales.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article8268, notice ROSARDE Anselme, Wilfrid par André Balent, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 23 janvier 2019.

Par André Balent

SOURCES : Arch. Nat. F7/13681. — Arch. PPo. B/A 1720. — Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, cabinet du préfet, liasse 111. — Arch. Dép. Seine-et-Oise, 2 M 30/36, 30/32. — H. Chauvet, La politique roussillonnaise (1970 à nos jours), Perpignan, 1934. — Témoignage d’Émile Dardenne. — A. Rosarde, Historique du Parti communiste, 1920 à mars 1925 (dans les Pyrénées-Orientales), manuscrit conservé par Étienne Frénay*.

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