Par Didier Bigorgne
Né le 17 novembre 1848 à Bosséval (Ardennes), mort le 16 avril 1906 à Vrigne-aux-Bois (Ardennes) ; ouvrier métallurgiste, puis gérant d’une coopérative ; syndicaliste, coopérateur et militant socialiste (FTSF, POSR, puis SFIO) ; maire de Vrigne-aux-Bois (1892-1906), conseiller d’arrondissement (1893-1895).
Fils d’un maçon et d’une mère au foyer, Alfred Maily exerçait le métier de mouleur à Vrigne-aux-Bois quand il épousa Eugénie Dorothée Camion, sans profession.
En 1887, Alfred Maily-Camion était secrétaire de la chambre syndicale des ouvriers métallurgistes de Vrigne-aux-Bois qui s’affilia à la Fédération des Travailleurs socialistes des Ardennes. Il la représenta au congrès national de la FTSF qui se tint du 2 au 8 octobre 1887 à Charleville. Du 26 novembre 1889 au 26 janvier 1890, il participa à la grève générale des quatre cents mouleurs de Vrigne-aux-Bois. Il fit partie de la délégation ouvrière qui rencontra le sous-préfet de Sedan le samedi 25 janvier à la mairie de Vrigne-aux-Bois pour trouver une solution au conflit qui se prolongeait dans les fonderies Apparuit, Mouton et Willaime.
Alfred Maily-Camion mena une activité politique importante. Il milita au cercle d’études sociales L’Avant-Garde qui le présenta à l’élection municipale complémentaire du 7 avril 1889 à Vrigne-aux-Bois : il échoua en recueillant 212 voix contre 294 à son adversaire. Aux élections municipales de mai 1892, il conduisit la liste POSR au succès et devint maire de Vrigne-aux-Bois. Sa première initiative fut d’accorder la gratuité des fournitures scolaires aux écoliers de la commune. Le 15 mai 1895, il fut condamné à un mois de prison et vingt cinq francs d’amende par le tribunal correctionnel de Sedan pour « entraves à la liberté du travail le jour du 1er mai et outrages à un commandant et des agents de la force politique ». La cour d’appel de Nancy confirma le jugement et révoqua Maily-Camion de sa fonction de maire.
Entre temps, Alfred Maily-Camion fut élu conseiller d’arrondissement dans le canton de Sedan-Nord : il l’emporta au premier tour de l’élection partielle du 11 juin 1893 en obtenant 1676 voix sur 4523 inscrits et 2015 votants. Par contre, il échoua, dans le même canton, aux élections pour le Conseil général, le 28 juillet 1895 : il recueillit 1122 voix sur 4278 inscrits et 3093 votants.
Aux élections municipales de mai 1896, Alfred Maily-Camion conduisit de nouveau la liste POSR à la victoire. Il fut réélu maire de Vrigne-aux-Bois et le demeura jusqu’au 16 avril 1906. A ce titre, il participa à plusieurs congrès socialistes. Le 7 février 1897 à Mohon, il assista au premier congrès des conseillers municipaux socialistes des Ardennes. Le 13 juin suivant, au 2ème congrès départemental qui se tint à Nouzon, il devint membre du secrétariat, pour l’arrondissement de Sedan, de la Fédération des conseillers municipaux socialistes des Ardennes. Enfin, il fut délégué au 6ème congrès national des conseillers municipaux socialistes de France et des colonies qui se déroula du 30 octobre au 1er novembre 1898 à Fumay.
Alfred Maily-Camion s’investit dans le mouvement coopératif. Il participa à la fondation de la société coopérative de consommation La Maison du Peuple de Vrigne-aux-Bois, dont il devint le gérant. Il milita aussi pour l’édification et la défense de la Verrerie ouvrière d’Albi. Le 20 novembre 1898, il était à Nouzon au côté d’autres maires socialistes des Ardennes, Grisard* de Nouzon, Mélin* de Braux et Moreau*de Château-Regnault, pour accueillir Jaurès, Clément et Hamelin venus inaugurer un dépôt de bouteilles de la Verrerie ouvrière d’Albi.
En 1905, Alfred Maily-Camion vit se réaliser l’unité socialiste. Il adhéra au Parti socialiste SFIO.
Par Didier Bigorgne
Sources : Arch. Nat. F7/13599.— Arch. Fédération des Travailleurs socialistes des Ardennes (médiathèque de Charleville-Mézières).— L’Emancipation, 1889 à 1890.— L’Emancipateur, 8 au 15 mai 1892.— Le Socialiste Ardennais, 1895 à 1906.— Presse locale.— Etat civil de Bosseval et de Vrigne-aux-Bois.