Par Jean-Pierre Besse, Annie Pennetier
Né le 29 avril 1857 à Vierzon (Cher) ; ouvrier métallurgiste ; syndicaliste CGT ; socialiste blanquiste.
Fils de Jacques Majot, maçon, 33 ans et de Justine Dubois, sans profession, 25 ans, ses parents l’avaient prénommé Marie-Joseph Dieudonné. Son frère puiné était prénommé Marie-Isräel, ce qui semble indiquer une fidélité à la tradition chrétienne ; les deux frères ne gardèrent que leur deuxième prénom et même que l’initial J. Joseph Majot se maria le 28 mai 1881 à Vierzon-Village avec Marie Ernestine Colas et reconnu ce jour-là ses deux enfants Hélène Colas, née le 28 juillet 1879 et Jean Dieudonné Colas né en 1876. Les deux frères travaillèrent comme pointier, une tréfilerie et une fabrique de pointes étaient installées dans les anciennes forges de Vierzon-Village. Son premier engagement semble avoir été politique, après avoir soutenu les républicains en 1877, il se sépara des gambettistes pour rejoindre les socialistes, influencé par Édouard Vaillant lui aussi de Vierzon, dans le Conseil révolutionnaire central, CRC, créé en 1881.
En 1886, il quitta brutalement Vierzon, à la suite des persécutions patronales motivées par ses activités politiques et sa participation à la grève de son usine, celle de la Société française de matériel agricole dura neuf mois du 5 août 1886 au 20 avril 1887. Il se "réfugia" à Creil où il habita Cité n°3 et où il poursuivit son activité militante dans les rangs de l’Union des Ouvriers métallurgistes de l’Oise dont il devint secrétaire-adjoint le 21 juillet 1889, le secrétaire était Louis-Charles Bénatre. Il fut mis à l’index par les patrons de l’Oise et partit à Paris où il s’installa en 1890 au 114, boulevard de Ménilmontant dans le XXe arrondissement. Il milita aussitôt dans l’Union des Mécaniciens de la Seine qui, en 1892, le délégua au Comité général de la Bourse du Travail de Paris qui l’élut à la Commission exécutive chargé de l’administration de la Bourse. Tout en militant à Paris, il continua à être très souvent le délégué des métallurgistes de l’Oise comme ceux de Vierzon dans les Congrès fédéraux et corporatifs.
Il participa à de nombreux congrès :
21-29 juin 1891, Paris Xe, premier congrès du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire.
21-22 septembre 1895, délégué au VIIe congrès national corporatif constitutif de la CGT tenu à Limoges, en septembre 1895. Il y représentait l’Union des mécaniciens de la Seine. Il présenta un amendement antiguesdiste qui fut adopté (124 voix sur 150 organisations mandatées) et qui spécifiait : « Les éléments constituant la Confédération générale du Travail devront se tenir en dehors de toutes les écoles politiques ».
20-25 septembre 1897, à Toulouse, IXe Congrès national corporatif. Troisième de la CGT où il représentait le syndicat des mécaniciens de France, Paris et l’Union métallurgique de l’Oise, Montataire.
En 1898, son fils Jean Majot le remplaça aux congrès tenus à Rennes, de la CGT et de la Fédération nationale des ouvriers métallurgistes.
_Il représenta le syndicat des métallurgistes réunis de Vierzon (Cher), affilié au PSR, au congrès de Paris, salle Japy (1899). Il y portait aussi le mandat du syndicat des ouvriers métallurgistes de Montataire (Oise) et il était le délégué de cette dernière organisation au congrès de la salle Wagram (1900).
Il fut délégué au XIIe congrès national corporatif, Ve de la CGT, à Lyon, les 23-27 septembre 1901.
Majot fit partie du comité de la grève générale nommé par le XIe congrès national corporatif tenu à Paris en septembre 1900. Il est noté comme « blanquiste » (cf. Arch. Nat. F7/13 933).
Au XIVe congrès, Bourges, septembre 1904, Majot déclara : « La Confédération n’a pas à s’occuper de mutualisme [...] mais simplement à être un organisme de combat pour soutenir la révolte des travailleurs de toutes catégories en lutte quotidienne et de les préparer à généraliser leurs actions » (c. rendu, p. 211). Il semble que ce soit le dernier congrès auquel il a participé.
Le 27 avril 1902, la Fédération socialiste du Cher l’aavit présentée aux élections législatives dans la 2e circonscription de Bourges. Joseph Majot recueillit 794 voix tandis que le député sortant candidat républicain socialiste obtint 9617 voix. Il ne voyait dans l’action politique qu’un auxiliaire de l’action économique ou syndicale.
Par Jean-Pierre Besse, Annie Pennetier
SOURCES : Arch. Nat. F7/12 491, rapport du 2 octobre 1895 et Arch. Nat. F7/13 933. — Arch. mun. de Creil, déclaration de l’Union des Ouvriers métallurgistes de l’Oise. — Comptes rendus des congrès.— Le Tocsin populaire du Berry, 12 mars 1902 et 19 avril 1902.— Notes Jean-Luc Pinol.