Par Justinien Raymond, Julien Chuzeville
Né le 12 mai 1851 à Saint-Affrique (Aveyron), mort le 2 juin 1889 à Paris XVIIIe ; publiciste ; adhérent de l’AIT ? ; militant socialiste de Paris ; guesdiste puis possibiliste.
Le père de Victor Marouck avait été un opposant au coup d’État du 2 décembre 1851, et fut déporté.
Victor Marouck (son nom fut parfois écrit par erreur Marouk) participa à la lutte démocratique contre l’Empire. Il aurait été de la Garde nationale pendant la Commune de 1871.
Étudiant en médecine, il fut un des premiers militants du socialisme renaissant après la répression de la Commune. En février 1876, dans le VIe arr. de Paris, contre le colonel Denfert-Rochereau, il soutint la candidature d’Émile Accolas, professeur de droit, et contribua à infléchir son programme dans un sens social plus hardi que ne l’était sans doute la pensée d’Accolas.
Peu après sa parution, le 18 novembre 1877, V. Marouck collabora à l’Égalité de Jules Guesde. Il y mena une étude sur « les Journées de juin 1848 », qui constituera ensuite la matière d’un ouvrage sous le titre Juin 1848. V. Marouck signa en 1878 le document lancé par J. Guesde de sa prison de Sainte-Pélagie, sous le titre Programme et adresse des socialistes révolutionnaires français.
En 1880, il participa à La Revue socialiste, puis au quotidien L’Émancipation, « Organe du Parti ouvrier », dirigé par Malon, tout en poursuivant sa collaboration à L’Égalité. Il habitait alors au 14 rue Berthollet (Ve arr.).
Son nom continue d’apparaître dans les annales du socialisme organisé après le congrès de Marseille (1879). Il appartint un temps au courant possibiliste dans la FTSF et fut délégué à son congrès de Paris (1883) comme représentant du cercle « Travail et Progrès » de Roanne (Loire). En février 1884, il était secrétaire général du Comité national de la FTSF ; en mars 1885, il en était « secrétaire à l’extérieur ».
En 1885, il fut chargé de réunir les témoignages biographiques d’un certain nombre de militants socialistes proches de Paul Brousse. Ce dossier a été conservé au Musée d’histoire vivante de Montreuil-sous-Bois.
Marouck fut journaliste pour la presse socialiste, notamment La Bataille, dont il démissionna en 1882, puis Le Prolétariat et Le Cri du Peuple. En 1883, il participa à l’hebdomadaire La Semaine socialiste, aux côtés notamment de Jean Allemane. En juillet 1885, il écrivit dans Le Prolétariat un éditorial contre la peine de mort, « survivance des mœurs et des usages d’un âge de barbarie ». En novembre 1887, un article critiquant Henri Rochefort entraîna un duel à l’épée entre ce dernier et Victor Marouck, le 17 novembre ; Marouck fut blessé à la cuisse. Il quitta Le Cri du Peuple au début d’avril 1888.
Il fut à la fin de sa vie le secrétaire de rédaction du journal Le Parti ouvrier, dès sa création en avril 1888. Il participait activement à l’opposition au boulangisme.
Il mourut d’un cancer du foie le 2 juin 1889 à son domicile, 96 boulevard Rochechouart (XVIIIe arr.). Lors du discours qu’il prononça à son enterrement, Jean Allemane déclara : « Il fut de l’Internationale, c’est un des nôtres. [...] Je ne veux pas quitter notre ami sans saluer cette jeunesse des écoles dont il fut, et qui poursuit aujourd’hui énergiquement, côte à côte avec nous, la lutte contre le boulangisme ! »
Par Justinien Raymond, Julien Chuzeville
ŒUVRE : Juin 1848, Paris, Librairie du Progrès, 1880. ; réédition Paris, éditions Spartacus, 1998 ; nouvelle édition 2019. — En collaboration avec John Labusquière : Le Forçat Trinquet, Paris, 1880, 15 p. — En temps de crise, 1885 (brochure non-retrouvée).
SOURCES : A. Zévaès, Le Socialisme en France depuis 1871, Paris, 1908, p. 16, 24, 30, 31. — Musée d’histoire vivante de Montreuil-sous-Bois, notes de Véronique Fau. — État civil de l’Aveyron et de Paris. — La Justice, 19 août 1882. — Le Prolétaire, 9 février 1884. — Le Prolétariat, 7 mars et 4 juillet 1885. — La Petite République, 19 novembre 1887, 8 avril 1888, 4 juin 1889 et 6 juin 1889. — Le Radical, 4 juin 1889. — Le Parti ouvrier, 6 juin 1889.