MARTIN Louis, Marius

L. Martin était, en 1876, un des principaux dirigeants de la chambre syndicale des ouvriers gantiers de l’Isère, l’une des deux organisations professionnelles de Grenoble. Il prit l’initiative d’une délégation ouvrière à l’exposition de Philadelphie (États-Unis), dont la préparation fut l’occasion d’une vive effervescence chez les gantiers ; lui-même fut choisi pour s’y rendre, avec un autre camarade, mais la médiocrité des ressources financières l’obligea à partir seul, en juin. En marge de l’exposition, il participa à diverses réunions avec des délégués de travailleurs étrangers, ce qui attira l’attention de la police et le fit soupçonner de contacts avec l’Internationale. À son retour, en août, il prit la parole à plusieurs réunions de compte rendu et resta en correspondance avec divers militants établis à New-York. Le commissaire central le présentait alors comme un « petit voyou radical, [sachant] électriser par des phrases ronflantes les frères et amis que l’on compte en grand nombre dans la corporation des ouvriers gantiers... » (commissaire central au préfet de l’Isère, 22 janvier 1877, Arch. Dép. Isère, 52 M 56). Le prestige de L. Martin était en effet considérable ; en mars 1878, il était secrétaire de sa chambre syndicale qui aurait été une organisation politique camouflée, plus qu’un groupe corporatif, et semble avoir exercé une certaine influence dans celle des charpentiers ; on le disait en correspondance avec Rochefort, mais il n’est plus fait mention de lui par la suite.