MOLLE Jean, Joseph, L’Heureux

Par Justinien Raymond, Jean Sagnes

Né à Cette [Sète] (Hérault) le 24 avril 1876 ; mort le 27 septembre 1918 à Paris (XVIIIe arr.) ; avocat ; socialiste ; député.

Jean Molle était fils d’un voyageur de commerce. C’est au cours de ses études à l’École de Droit de Montpellier que la fréquentation d’ardents camarades russes avait fait de lui un socialiste. Il était avocat lorsqu’en 1902 eurent lieu, à Cette, des élections municipales partielles à la suite d’une crise au sein de la municipalité Euzet élue depuis 1895 sous le sigle POF. Euzet ayant rompu avec le POF en 1900, cinq conseillers municipaux fidèles au POF, dont Pierre Vallat, démissionnèrent, provoquant de nouvelles élections. Ces militants du POF firent alors appel à Molle pour diriger une liste socialiste (POF). Celui-ci introduisit dans cette liste des éléments comme l’usinier Massonnaud malgré les réticences de militants comme Vallat. La liste Molle fut élue. Molle, une fois maire, rompit avec le POF et se porta candidat aux élections législatives de 1902 avec l’étiquette « socialiste » dans la 3e circonscription de Montpellier (Cette-Frontignan-Mèze). Il obtint 3 648 voix sur 12 691 suffrages exprimés et se retira au second tour devant le candidat-radical-socialiste Salis, député sortant, qui fut réélu.
J. Molle était alors l’animateur d’un des groupes socialistes de Cette, « L’Agglomération socialiste », qui adhéra un temps à la fédération socialiste autonome de l’Hérault. Mais, en avril 1905, à la veille de l’unité socialiste, ce groupe avait quitté cette fédération. Cependant, le 7 juillet, à la suite d’un arbitrage fédéral, le groupe cettois de Molle se fondit avec les autres organisations socialistes de Cette en une section socialiste SFIO.
En 1904, J. Molle avait été réélu maire. Le 6 mars 1905, à l’occasion d’une élection partielle, il devint conseiller général de Cette, mais les élections municipales de 1908 virent la victoire d’Euzet.
Sous son influence et celle de son administration municipale se développèrent les syndicats des ouvriers du port et de la ville. Molle était l’avocat de la Bourse du Travail. Très proche des syndicalistes révolutionnaires de la ville, il jouissait d’une très grande popularité parmi les ouvriers de la ville. Molle avait aussi des préoccupations artistiques et littéraires, ce qui étendait sa popularité à d’autres milieux.
En 1906, membre du Parti socialiste SFIO, Molle était désigné comme candidat aux élections législatives d’avril-mai dans la 3e circonscription de Montpellier. Mais, le 8 avril 1906, le congrès fédéral extraordinaire de Montpellier lui retirait l’investiture du Parti socialiste SFIO, Molle s’étant engagé à se désister pour le candidat radical, si celui-ci le devançait au 1er tour, alors que la fédération socialiste avait réservé sa position pour le second tour. J. Molle se présenta alors avec l’étiquette « socialiste révolutionnaire » et obtint 3 612 voix sur 12 430 suffrages exprimés. Il se désista au second tour pour le radical Salis qui fut à nouveau élu. Blâmé pour son attitude au congrès fédéral extraordinaire de Vias le 29 juillet 1906, il ne fut cependant pas exclu du parti.
En 1910, alors qu’il exerçait la profession de directeur d’une agence de manutentions maritimes, l’Agence Rubando et Cie, il fut candidat socialiste SFIO aux législatives d’avril-mai. Il arriva largement en tête au premier tour avec 5 563 voix sur 11 683 suffrages exprimés et fut élu au second tour par 6 669 voix contre 5 596 au candidat de droite. Mais, dès 1912, il démissionnait du Parti socialiste SFIO ce dont prit acte le congrès fédéral de Balaruc-les-Bains du 24 décembre 1912.
La scission en novembre 1913 du Parti républicain socialiste qu’il avait rejoint, le rangea derrière Aristide Briand, d’où sa participation le 26 décembre à la préparation de la Fédération des gauches.
Aux élections de 1914, il fut réélu au scrutin de ballottage sous l’étiquette « socialiste indépendant » par 6 276 voix sur 16 484 inscrits.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article83536, notice MOLLE Jean, Joseph, L'Heureux par Justinien Raymond, Jean Sagnes, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 7 octobre 2022.

Par Justinien Raymond, Jean Sagnes

ŒUVRE : J. Molle collabora au Prolétaire de Cette qui était l’organe de son groupe « L’Agglomération cettoise ».

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. Dép. Hérault, 15 M 58 et 15 M 64. — Arch. Mun. Cette. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., pp. 175 à 198, passim. — Le Combat social, 1905-1906. — Cl. Willard, Les Guesdistes, op. cit. — Yves Billard, Le Parti républicain-socialiste de 1911 à 1934, thèse, histoire, Paris 4, 1993. — Arch. Paris, état civil du 18e arrondissement.

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