ROUTHIER Félix, Justin

Par Claude Pennetier et Nathalie Viet-Depaule

Né le 12 juillet 1883 à Etray (Doubs), mort le 7 octobre 1956 à La Guerche-sur-L’Aubois (Cher) ; employé au service central de la Compagnie des chemins de fer de l’Est ; syndicaliste, membre du Comité central des Comités syndicalistes révolutionnaires ; militant communiste ; maire et conseiller général de Noisy-le-Sec (Seine, Seine-Saint-Denis).

Félix Routhier
Félix Routhier
Cliché fourni par sa famille

Issu d’une famille de petits cultivateurs franc-comtois, Félix Routhier se destinait à l’enseignement mais dut interrompre ses études pour remplacer son père, malade. Il entra le 22 octobre 1906 à la Compagnie des chemins de fer de l’Est puis, mobilisé, fut affecté en juin 1914 au service de l’exploitation, à Noisy-le-Sec.

Ses fonctions syndicales furent multiples. Secrétaire en 1918 du syndicat des cheminots de Noisy-le-Sec, il devint en mars 1920 secrétaire adjoint de l’Union des syndicats du Réseau-Est. À l’issue du congrès du 26 avril 1920 qui vit la victoire des minoritaires, il fut désigné comme archiviste de la Fédération nationale des cheminots.

Pendant les grèves de 1920, Félix Routhier se heurta très souvent aux syndicalistes majoritaires. Poursuivi pour provocation de militaires à la désobéissance, il fut arrêté le 19 mai pour complot contre la sûreté intérieure de l’État. Il fut mis en liberté provisoire le 24 mai. Il faisait déjà partie des cheminots révoqués. Le 9 août suivant, il fut délégué de l’Union des syndicats du Réseau-Est auprès de la fédération et le 9 septembre entra à sa commission exécutive. Membre du Comité central des Comités syndicalistes révolutionnaires, il continua à combattre le programme des majoritaires de la fédération. En avril 1921, il représenta le syndicat de Noisy-le-Sec au congrès de l’Union du Réseau-Est à Nohan (Ardennes) où il critiqua vivement le rapport moral et le rapport de Jean Rauch, délégué à la propagande : « Il est creux, vide et ne ressemble à rien. » Le rapport moral fut voté par 41 voix contre 8.

Félix Routhier travailla dans une fabrique de produits chimiques puis comme chef expéditionnaire dans une compagnie de transports avant d’être réintégré en mars 1934 à la Compagnie de l’Est aux services centraux. Militant socialiste de Noisy-le-Sec, il s’était présenté sans succès aux élections municipales du 30 novembre 1919 mais avait obtenu le plus grand nombre de voix de la liste socialiste.

Militant actif de la section de Bobigny de la Région Paris-est du PC, tête des listes du Bloc ouvrier et paysan à Noisy-le-Sec les 3 mai 1925 et 5 mai 1929, Félix Routhier conquit la municipalité en mai 1935. Sa liste ayant devancé la SFIO au 1er tour, il forma une liste de Front populaire composée de dix-huit communistes, six socialistes SFIO, deux Jeune République et un radical (Pelletan). Quelques jours plus tard, il fut élu dans la 1re circonscription de Noisy-le-Sec au conseil général de la Seine dont il avait déjà brigué un siège en 1929.

Déchu en février 1940 de ses fonctions de maire, il fut interné administrativement le 8 octobre 1940 au camp d’Aincourt (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) où il apparut comme un « désorganisateur de la résistance », selon les Listes noires, au profit du POPF. Rayé des listes d’otages le 15 mars 1942, Félix Routhier fut libéré le 9 juin 1942 ayant déclaré : « Dès septembre 1939, j’ai rompu toutes relations avec l’ex-PC dont je condamne la reconstitution clandestine et l’activité illégale. Respectueux des lois de mon pays, j’estime que le devoir de tous ceux qui ont appartenu à ce parti est de rentrer dans la communauté nationale pour œuvrer à l’union de tous les Français, condition indispensable au salut et au relèvement de la France, lesquels lui permettront de reprendre dignement la place qui lui revient dans l’Europe pacifiée et reconstituée. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article8358, notice ROUTHIER Félix, Justin par Claude Pennetier et Nathalie Viet-Depaule, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 10 août 2011.

Par Claude Pennetier et Nathalie Viet-Depaule

Félix Routhier
Félix Routhier
Cliché fourni par sa famille

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3 ; vers. 10451/76/1 et 10441/64/2. — Arch. PPo. 101. — A. Kriegel, Aux Origines du communisme français, 1914-1920, 2 tomes, Paris, Mouton, 1964, p. 445. — Notes de Jean-Luc Pinol. — Listes noires du PCF.

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