MYRENS Pierre, Louis (Syrmen, dit)

Par Justinien Raymond

Né le 4 février 1861 à Montauban (Tarn-et-Garonne), mort le 12 juillet 1940 ; professeur ; militant socialiste de la Dordogne, de la Marne, de la Somme et du Pas-de-Calais ; député.

En 1914

Son vrai nom était Syrmen. Enfant du peuple, Pierre Myrens quitta l’école primaire à l’âge de treize ans pour gagner sa vie comme petit clerc expéditionnaire chez Me Jancholle, notaire à Montauban. Esprit curieux, doué d’une grande volonté, il continua à s’instruire et, à seize ans, obtint une bourse d’externat pour le lycée Ingres de Montauban. Deux ans plus tard, il était bachelier ès sciences. Alors, comme répétiteur, il alla de lycée en lycée, à Agen, à Albi, à Toulouse, tout en préparant la licence ès sciences physiques qui lui permit d’être nommé professeur de physique et de chimie dans divers collèges des académies de Toulouse, Montpellier, Bordeaux, Poitiers et Lille.

L’ardeur qu’il apportait à s’instruire, à se faire une situation, il la mit aussi à combattre pour le socialisme. Il était professeur au collège La Boétie de Sarlat (Dordogne) quand, en 1900, il adhéra au groupe socialiste de Montignac. Avec ce groupe, il adhéra au POF après la constitution de la fédération de la Dordogne au congrès de Périgueux (5 mai 1901). Il y prit une place de premier plan. Dès 1901 et les premiers mois de 1902, il accomplit une tournée de propagande dans le département en compagnie de Raymond Lavigne. Il représenta sa fédération aux congrès du POF à Roubaix (15-18 septembre 1901), à Issoudun (21-23 septembre 1902), à ceux du Parti socialiste de France à Commentry (26-28 septembre 1902), à Reims (27-29 septembre 1903), à Lille (9-11 août 1904). Il figura dans la délégation du Parti socialiste de France au congrès international d’Amsterdam (août 1904) ainsi qu’au congrès de la salle du Globe à Paris d’où sortit l’unité par la constitution du Parti socialiste SFIO. On le retrouve comme délégué de la Somme au congrès national de Nancy (août 1907), et comme élu du Pas-de-Calais à celui de Saint-Quentin (avril 1911). À ce dernier congrès, il fut vivement pris à partie pour avoir voté un amendement au budget maintenant à son niveau antérieur les crédits d’aumônerie dans les prisons que l’on proposait de diminuer pour des raisons d’économies. Il se défendit avec vivacité sur le fait que pour le Parti socialiste la religion était une affaire privée. Au congrès de Lyon (février 1912), son attitude équivoque sur la question de la religion et de la laïcité fut à nouveau l’objet de vives critiques à propos des rapports entre le Parti socialiste et la franc-maçonnerie. Jules Uhry l’accusa de n’avoir « quitté définitivement la Maçonnerie qu’il avait servie pendant si longtemps qu’au moment où, peut-être, par ce lâchage, par cet abandon, il pouvait courir la chance d’être élu député » (Compte rendu, p. 453). Myrens avait été, en effet, initié à la loge « La Propagation de la vraie Lumière » dans la région de Tarbes ; Il fonda à Sarlat la loge « Vers la Justice » ; arrivé dans la Somme, il s’affilia à la loge « Les Amis de la Picardie » ; il quitta la Maçonnerie en décembre 1909. En outre, J. Uhry l’accusa formellement d’antisémitisme. Myrens se défendit en attaquant la politique de la F... M.... Il siégea encore aux congrès de Brest (mars 1913) et d’Amiens (janvier 1914).

À la rentrée scolaire de 1905, Myrens était allé enseigner au collège d’Épernay (Marne). La fédération socialiste à laquelle il adhéra dès son arrivée posa sa candidature aux élections législatives de 1906 dans l’arr. d’Épernay où il obtint 1972 voix. Quelques mois plus tard, il fut nommé au collège d’Abbeville. Dès la fin de l’année et au début de 1907, il fit une série de conférences de propagande dans la Somme en compagnie d’Ernest Poisson. Il soutint plusieurs débats contradictoires avec les orateurs du Sillon. Dans la Somme également, sa combativité, son talent oratoire le firent désigner pour les luttes électorales. Candidat au conseil général, il obtint 616 voix dans le canton d’Abbeville-Sud en juillet 1907. Le 22 mars 1908, à Amiens, il présida le 13e congrès fédéral de la Somme. En 1909, il fut candidat à une élection législative partielle dans l’arr. de Doullens (Somme). Il obtint 3 222 voix contre 4 239 au candidat radical Dusevel et 3 039 au républicain modéré Sydenham. Le 21 mars, au scrutin de ballottage, il s’éleva à 4 581 suffrages, Dusevel étant élu par 6 476.

Tout en restant professeur à Abbeville, Myrens alla habiter Boulogne-sur-Mer et y porta son action militante. La fédération socialiste du Pas-de-Calais posa en 1910 sa candidature dans la 1re circonscription de Boulogne. Il recueillit 3 794 voix au premier tour de scrutin, et, au second, fut élu député par 7 022 suffrages, battant son adversaire modéré de plus de 2 000 voix. Aux approches des élections législatives de 1914, la fédération du Pas-de-Calais, par 66 mandats contre 45, refusa de ratifier la candidature de Myrens posée par l’unanimité des sections de la 1re circonscription de Boulogne-sur-Mer. Ces dernières firent appel au congrès d’Amiens (janvier 1914) qui en débattit longuement. On lui reprochait en substance, sous prétexte de ne pas distinguer entre les deux bourgeoisies, cléricale ou laïque, de pencher pour la plus réactionnaire. Mais sur la promesse formelle de Myrens de s’en remettre à la discipline du parti, le congrès demanda à la fédération du Pas-de-Calais une nouvelle délibération inspirée des indications du congrès. La candidature de Myrens fut maintenue. Plus heureux au premier tour en 1914 qu’en 1910, avec 5 611 voix, il fut néanmoins battu au scrutin de ballottage.

Après la scission survenue au congrès de Tours (décembre 1920) Pierre Myrens suivit la majorité au Parti communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article83799, notice MYRENS Pierre, Louis (Syrmen, dit) par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 18 avril 2021.

Par Justinien Raymond

Pierre Myrens
Pierre Myrens
Militant socialiste au début du XXe
En 1914

ŒUVRE : Pierre Myrens a collaboré aux organes de ses fédérations successives : Le Socialiste de la Haute-Vienne qu’avait adopté la Dordogne ; La Lumière, dans la Marne (1906) ; Le Cri du Peuple, dans la Somme et Le Réveil de Boulogne, son journal dans le Pas-de-Calais.

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Comptes rendus des congrès socialistes. — Hubert-Rouger, La France socialiste, op. cit., pp. 373-374) et Les Fédérations socialistes I, op. cit., pp. 231-233 ; II, op. cit., pp. 383 ; 453 ; 633-635. — L’Humanité, 18 juillet 1910.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, Les Fédérations..., op. cit., p. 232. — La France socialiste, op. cit., p. 374.

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