NAVARRE Auguste, Louis

Par Justinien Raymond, Gilles Candar

Né le 27 avril 1853 à Condé-sur-Escaut (Nord), mort à Paris le 23 novembre 1921 ; docteur en médecine ; conseiller municipal de Paris et député de la Seine.

Auguste, Louis Navarre, issu d’une famille républicaine, exerça d’abord sa profession comme médecin-major à Maubeuge. En 1877, il quitta l’armée après avoir participé avec les républicains aux luttes du « 16 mai » et vint s’installer à Paris, dans le quartier de la Salpêtrière et, le 29 mars 1885, il fut élu conseiller municipal du quartier de la Gare, sous l’étiquette de "radical-socialiste". Il avait déjà été candidat « autonomiste » (autonomisme municipal) en 1884 dans le quartier de Maison-Blanche, toujours donc dans le 13e arrondissement. Il joua un grand rôle dans la politique de la santé publique à Paris et dans le département de la Seine comme président de la commission d’Assistance publique et d’Hygiène du conseil municipal, comme membre du conseil de surveillance de l’Assistance publique, comme vice-président du conseil d’Hygiène et de Salubrité du département de la Seine.
Navarre siégea à l’Hôtel de Ville jusqu’en 1919. Il siégea toujours à gauche, dans le groupe des droits de Paris, issu de l’autonomisme municipal, à gauche du radicalisme qui fusionna à l’issue du renouvellement de 1896 avec le groupe socialiste délesté de ses éléments tentés par le nationalisme. C’est à ce titre qu’il fut élu président du conseil municipal le 4 mars 1898 avant de céder la place le 1er mars 1899 à son camarade Louis Lucipia. En décembre 1899, au congrès socialiste de la salle Japy à Paris, il représenta la 2e circonscription du XIIIe arr., sous l’égide de la fédération des socialistes indépendants. Au nom du groupe socialiste du conseil municipal de Paris qui comptait déjà des élus de toutes tendances, il donna son adhésion à l’unité. La fédération de la Seine posa sa candidature aux élections législatives de 1902 dans la 1re circonscription du XIIIe arr. de Paris où il obtint 1 620 voix ; un autre socialiste, Alexandre Cardet, en eut 1882 et fut élu au second tour. Il ne participa pas d’emblée à l’unité, mais anima dans son quartier un comité républicain socialiste avec lequel il se rallia au parti socialiste au début de 1909 : Albert Thomas s’en réjouit dans un article « Une bonne nouvelle » publié par l’Humanité du 23 février 1909. En 1910, dans la 2e circonscription du XIIIe arr. de Paris, Navarre recueillit 3 821 voix sur 16 622 votants, sa candidature étant retirée au second tour au profit de Ferdinand Buisson qui fut élu. En 1914, il s’éleva à 6 980 suffrages sur 18 193 votants et fut élu au scrutin de ballottage par 9 997 sur 16 344. Il bénéficia cette fois du désistement de Ferdinand Buisson qui avait obtenu 5 424 voix. Battu de 8 voix aux municipales en 1912, il avait repris son siège en avril 1913 après invalidation de son adversaire modéré, ce qui explique peut-être que contrairement à l’usage il garda ce mandat en même temps que le législatif.
Pendant la Première guerre mondiale, il se situa à l’extrême droite du groupe parlementaire et, avec trente-neuf collègues, signa une protestation contre l’adhésion donnée à l’idée d’une conférence socialiste internationale à Stockholm, par le Conseil national du Parti socialiste le 27 mai 1917. Il soutint ses collègues Arthur Rozier, Adrien Veber et Compère-Morel dans le lancement de La France libre en juillet 1918. Il quitta en 1919 la SFIO et participa au lancement du Parti Socialiste Français avec de nombreux autres cadres parisiens. Il ne se représenta pas aux élections législatives et fut nettement battu aux élections municipales par le candidat socialiste Jean Colly. Il ne survécut pas longtemps à la fin de sa vie politique et parlementaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article83820, notice NAVARRE Auguste, Louis par Justinien Raymond, Gilles Candar, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 16 avril 2019.

Par Justinien Raymond, Gilles Candar

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Bibl. Nat. : 4° Ln 25/667. Notes biographiques sur les conseillers municipaux de Paris (p. 80). — Hubert-Rouger, La France socialiste, op. cit. pp. 156 et 157 et Les Fédérations socialistes, III, op. cit., pp. 145, 150 et 157. — Compère-Morel, Grand Dictionnaire socialiste, op. cit., p. 565. — Compte rendu du congrès de la salle Japy, Paris (1899), pp. 406, 462. — L’Humanité, 11 et 16 mai 1914. — Michel Offerlé, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979.

ICONOGRAPHIE : La France socialiste, op. cit., p. 157.

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